(petite) Mise au point.
Dans notre précédent numéro, le sémillant Frans Badot
remettait en cause l’intégrité morale et intellectuelle de notre tête de turc
favorite ; Jean Louvet.
Par pure éthique, je ne pense pas que Frans ait eu
raison de prendre la défense de son vieux camarade Manu Bonmarriage, mais mes
conseils pour l’en dissuader sont restés vains.
Soit.
De
tous temps, la satyre a existé et je doute que ceux qui la traquent puissent se prétendre de gauche.
Un
soir de carnaval, voilà la fine équipe du Studio Théâtre qui s’en prend à
votre humble serviteur. J’ai beau arguer que ma participation bénévole à ce
canard se borne, tant bien que mal, à réaliser la mise en page, rien n’y fait.
J’assiste, pétrifié, à un lamentable quiproquo; devant moi une nymphette
piétine un batia imaginaire qu’elle qualifie dans un hurlement hystérique
d ‘ignoble torchon pendant que son compagnon à la mine patibulaire et au
crâne rasé (S’agit-il d’une probable recrue du NSDAP ou finit-il une lourde et
pénible chimiothérapie ?) me vomit un incompréhensible flot d’insultes où
je crois comprendre qu’il vient de prêter serment d’allégeance à son maître
Jean Louvet.
Devant mon inertie (due non pas au yoga que je n’ai
jamais pratiqué mais bien à la vingtaine de mauvaises bières que je viens de
m’enfiler) ils finissent enfin par se lasser m’abandonnant perplexe et couvert
de postillons. Il est bien connu que la violence est le dernier refuge des
imbéciles…
Pourtant, je les connais ces jeunes
théâtreux ; je les ai
côtoyés tout un temps.
Il
ne sont pas bien méchants ; certes, il se prennent un peu trop au
sérieux : tantôt, ils se prennent pour de véritables comédiens, tantôt,
ils sont persuadés de devenir de grands écrivains. Comme celles de leur Maître
leur Œuvres sont néanmoins d’un ennui redoutable même si leurs intentions sont
louables : éveiller une certaine « conscience sociale » chez
leurs semblables.
Ce
que je trouve particulièrement étrange c’est la fidélité aveugle qu’ils vouent
à la personnification de notre
Conscience Wallonne ; je reste intimement convaincu que Jean Louvet
utilise ces gamins et abuse de leur crédulité pour asseoir son
« succès ». En effet, outre les souvenirs amusant qu’il se plaît à
leur conter (l’histoire du pot d’or caché dans la cave de son papa est une de
mes favorites) le Maître pratique sur ses disciples un véritable
conditionnement mental : « régionalisme », « conscience de
classe » et autres fadaises néo-marxistes dont Jean à l’habitude de se
gargariser.
Il
faut le voir, le Maître, le samedi, à la nuit tombante, dans un caboulot
sordide, haranguer ses troupes : celui-ci est encouragé pour son
abnégation, l’autre est réprimandé parce qu’il a osé chuchoter dans les
coulisses lors de la répétition. La récompense des bons élèves : une
St-Feuillien et un cervelas…
Je
m’amuse toujours de ces intellectuels de gôche qui manie le pouvoir à la
manière de ces potentats africains.
Mais assez de médisance, Jean Louvet aurait pu être mon
père, aussi, et je m’en voudrais de lui manquer de respect. Je nie pourtant
toute collusion avec le batia moûrt soû. Aussi je reste persuadé qu’il ne
s’agit pas d’une initiative de la part de ces jeunes janissaires mais bien
d’une manœuvre du maître qui, blessé dans sa superbe manque de
courage.
Nicolas
Badot.