Faire société sans dieu ni maître

Une humanité sans religion est-elle possible ?

 

Colloque organisé par
la société P.-J. Proudhon, la Maison Auguste Comte

et le Césor (Centre
d’études en sciences sociales du religieux -EHESS )

 

Paris, vendredi 13 et
samedi 14 novembre 2020

 

Chapelle de
L’Humanité, 5, rue Payenne, 75003

 




Comité scientifique
et d’organisation :

 

Christos Andrianopoulos (EHESS)

Edward Castleton (Université de Besançon)

Olivier Chaïbi (INSPE-UPEC)

Alexis Dabin (Université libre de Bruxelles)

Laurent Gardin (Université Polytechnique Hauts-de-France)

Dominique Iogna-Prat (Césor)

David Labreure (Maison Auguste Comte)

Armelle Le Bras-Chopard (Université de Versailles
Saint-Quentin en Yvelines)

Thierry Menuelle (Société Proudhon)

Diane Morgan (Université de Leeds)

Georges Navet (Paris 8)

Annie Petit (Maison Auguste Comte/ Université de
Montpellier)

 


Appel à
communication :

 

Du culte de l’Être Suprême sous la Révolution
française à la religion positiviste d’Auguste Comte, en passant par les
saint-simoniens ou les nombreux rituels spirituels de sociétés secrètes
révolutionnaires, les exemples de création d’une nouvelle religion pour
l’Humanité sont nombreux aux XVIIIe et XIXe siècles.

Des penseurs tels que Saint-Simon ou
Auguste Comte ont voulu créer une nouvelle religion et les questions
religieuses occupent une place importante dans l’oeuvre de nombreux théoriciens
comme Louis Blanc, Philippe Buchez, Pierre Leroux, Edgar Quinet, Ernest Renan
et même Proudhon. Cette forte présence du religieux chez des penseurs qui
veulent révolutionner ou transformer la société continue à interroger notre
regard contemporain et laïc. Une conception évolutionniste de la société 
permettrait
de considérer ces pensées comme une étape vers la réalisation d’une société
sécularisée et qui définit bien la place respective du religieux et du
politique.

Mais ces sphères sont-elles et
peuvent-elles être bien distinctes ?

En préambule de la Constitution de la Ve
République est fait référence à la Déclaration des Droits de l’Homme et du
Citoyen de 1789, rédigée « sous les auspices de l’Être suprême », et
qui considère ces droits comme « sacrés » et
« naturels »...  un préambule
surprenant pour une République laïque.

Il a longtemps semblé évident pour la
plupart des intellectuelles ou intellectuels du XXe siècle que l’on puisse
distinguer sciences et religion, savoir et croyance. Mais les épistémologues de
la plupart des sciences ne peuvent pas toujours distinguer ce qui relève de
l’intuition, voire de la révélation, de ce qui relève d’un empirisme rationnel
ou d’une conviction en un présupposé théorique dans la constitution des
sciences.

Le risque est évidemment grand de
relativisme, et cette notion est d’ailleurs peu présente dans les théories
sociales qui émergent aux XIXe et XXe siècles.

La dimension religieuse des pensées et
théories à l’origine à la fois des socialismes et des sciences sociales est
souvent évincée de l’étude de ces disciplines. Elle a de fait permis de les
écarter, notamment à travers la qualification d’utopistes pour opposer le
« socialisme scientifique » des marxistes aux « socialistes
utopistes » d’avant 1848. Pourtant, les philosophies de l’Histoire ont
beaucoup interrogé le religieux, notamment dans le sillage hégélien, posant la
question du sacré et de la religion dans la société.

Il aura fallu attendre des remises en
question du marxisme, notamment après 1968, pour voir réinterroger le
« Temps des Prophètes » ou encore voir des religieux s’intéresser aux
socialismes pour montrer l’importance de leur culture religieuse, comme
Haubtmann l’a fait d’une certaine manière pour Proudhon.

Le colloque invite à réinterroger les
dimensions religieuses des pensées et théories sociales du XIXe siècle,
notamment à travers les quatre axes thématiques suivant :

-         
Redéfinir
le social et le religieux dans les transformations sociales ; approches
épistémologiques et historiographiques :

Il s’agira de réfléchir aux liens et interactions entre les
questions sociales et religieuses dans les pensées et théories politiques, mais
aussi dans les pratiques sociales qui ont influencé ces pensées et théories.
Les réflexions pourront se centrer sur une oeuvre ou une pensée, mais gagneront
à les introduire dans l’historiographie ou l’épistémologie des études sociales
et religieuses. Des études sur l’histoire ou la sociologie des religions qui
permettent de revisiter les travaux sur ces questions, comme ceux de Lubac,
Haubtmann, Bénichou, Calvez, Michel de Certeau ou tout autre spécialiste de
l’histoire sociale ou de la sociologie du religieux permettraient de renouveler
l’épistémologie de ces questions, mais aussi d’interroger ses méthodes et ses
raisons.

-         
La
religion avec ou contre l’État ? La place des institutions dans les
pensées religieuses de transformations sociales

On pourra interroger la place qu’occupent les institutions
dans ces pensées, notamment à travers les dynamiques liées aux aspirations de
transformations sociales et de révolution politique qui impliquent donc des
changements dans les institutions. Le rôle et les définitions donnés à l’Église
ou à l’État chez ces théoriciens comme l’ecclésiologie développée méritent une
intention particulière. Elle peut être mise en lien également avec des pensées
classées contre-révolutionnaires ou réactionnaires comme celles de Maistre ou
Bonald, qui peuvent néanmoins s’inscrire dans ces problématiques de
redéfinition des institutions et de leurs rôles.

-         
Transformations
sociales et pratiques religieuses, quelles interactions ?

Plusieurs théories sociales ont abouti à la mise en place de
culte comme le saint-simonisme et la Religion de l’Humanité ou à des
expériences communautaires comme le fouriérisme et le cabétisme. Si la mise en
place de ces expériences religieuses a fait l’objet de nombreuses études, il
est encore possible de les interroger en confrontant leurs différents cultes à
ceux institutionnalisés, mais aussi de les mettre en lien avec les pratiques
sociales religieuses de l’époque. On pourra également interroger la
réappropriation par les travailleuses et travailleurs des organisations
religieuses de l’Ancien Régime comme les corporations, confréries,
compagnonnages et  autres structures
d’origines cléricales qui ont pu contribuer à organiser le mouvement ouvrier
comme l’ont montré les historiens Moss ou Sewell.

 

-         
Femmes,
famille, religion et société : entre révolution et réaction

Les théories religieuses issues des révolutions ont donné lieu
à des positions des plus contradictoires sur la famille et surtout la place des
femmes dans la société. Si elles ont pu motiver un premier féminisme moderne
chez d’anciennes saint-simoniennes comme Flora Tristan, Élisa Lemonnier, Jeanne
Deroin, et de nombreuses autres, elles ont dans les faits continué souvent
subordonner la femme à l’homme, et même à théoriser des modèles patriarcaux
autoritaires ou misogynes, notamment chez Proudhon. La place de la famille dans
la société et sa dimension presque sacrée à l’époque mérite d’être interrogées
pour comprendre les liens étroits à l’époque entre religion, société, politique
et famille dans des pensées souvent globales au sein desquels on ne peut
distinguer ces sphères.

Bien sûr, d’autres thématiques en lien avec le sujet du
colloque pourront être interrogées.

Les propositions de contributions sont à
adresser avant le 15 mai 2020 à :

i...@proudhon.net
 ; auguste.comte.pa...@gmail.com

Les propositions comprendront un titre, une
problématique, un argumentaire de 1500 à 2000 signes montrant en quoi la
contribution répond à une ou plusieurs thématiques de l’AAC, ainsi qu’une
courte présentation bio-bliographique mettant en valeur les travaux et
activités en lien.

Les communications prendront la forme d’une
communication orale de 20/30 minutes et donneront lieu à une publication.

Les frais des chercheuses et chercheurs
sans poste seront pris en charge et une aide à l’entreprise de recherches
nouvelles peut être envisagée.



David Labreure
Directeur du musée "La Maison d'Auguste Comte"
10, rue Monsieur-le-Prince
75006 Paris
tel: 01 43 26 08 56
mail: augusteco...@orange.fr

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https://www.vidal-rosset.net/mailing_list_educasupphilo.html
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        

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