Chères et chers collègues,

la revue Dix-Huitième Siècle consacrera le Dossier de son numéro 54 (2022), à « 
Climat et environnement », sous la direction de Laurent Brassart, Laurent 
Châtel, Emilie-Anne Pepy et Anouchka Vasak.
Nous appelons et espérons vos contributions,
avec nos très cordiales salutations,

Sophie Audidière
pour la revue Dix-Huitième Siècle



Revue Dix-huitième siècle 
Dossier thématique 54 (2022) : « Climat et environnement »
APPEL à CONTRIBUTIONS

A l’heure où les questions du changement climatique et de l’empreinte carbone 
sont au premier plan de l’actualité, un volume sur les perceptions et 
interactions environnementales au XVIIIe siècle paraît bienvenu. Pour 
accueillir toutes les acceptions d’environnement, un dossier 
pluridisciplinaire, et si possible transdisciplinaire, est de mise afin de 
croiser les perspectives des historiens (historiens des sciences, du climat, de 
l’environnement, et de l’art), des philosophes, et des littéraires. 
Nous invitons à une enquête, dans l’Encyclopédie, les encyclopédies et 
dictionnaires des Lumières, sur le sens et usages des mots « climat », « milieu 
», « éléments », « catastrophe », etc.  Ainsi, pour « climat », le sens du mot 
lui-même s’infléchit au cours du siècle. De « zone parallèle à l’Equateur », il 
prend sous l’influence des études médicales (Boerhaave, Arbuthnot…) celui de « 
température habituelle de l’air ». C’est à partir de ce premier sens que s’est 
élaborée ce qu’on a appelé la « théorie des climats ». Que nous apprend sur 
notre rapport au climat, la « fatale inclinaison » - l’inclinaison étant le 
sens premier du mot klima -, et la fin du « printemps perpétuel » où Rousseau 
voit l’origine des langues ? Ce volume sera l’occasion de faire le point sur 
ces anciennes conceptions du changement climatique, éclairées par le contexte 
actuel : celle du refroidissement de la Terre (Buffon, Théorie de l
 a Terre) comme celle du réchauffement dû à la combustion du feu central 
(Théodore Augustin Mann). Un savoir nouveau sur le climat, notamment grâce aux 
descriptions des voyageurs, et une science nouvelle, la météorologie, se font 
jour. Le perfectionnement des instruments de mesure (thermomètre, baromètre…) 
et la constitution des premiers réseaux météorologiques permettent une approche 
scientifique du climat.  Emmanuel Le Roy Ladurie (Histoire du climat depuis 
l’an mil, Histoire humaine et comparée du climat) nous enseignent que le XVIIIe 
siècle, bien que faisant partie du Petit Age glaciaire (début XIVe-1860 
environ) et en dépit de la variabilité naturelle, présente une météorologie 
plus favorable que le siècle précédent. Si le siècle des Lumières est marqué 
par de grands hivers (1709, 1740, 1788-1789) et si la période froide appelée « 
Minimum de Maunder »  contemporaine du règne du Roi-Soleil se prolonge jusqu’en 
1715, la Régence et le r
 ègne de Louis XV sont marqués par un « dégel ». Les conditions météorologiques 
sont globalement favorables à l’expansion économique, mais des aléas 
climatiques rappelleront souvent violemment la fragilité de l’agriculture et 
des subsistances face aux éléments naturels. Agronomes (Duhamel du Monceau, 
Tessier, Rozier…), naturalistes (Ingenhousz, Andriani, Senebier…) et 
vétérinaires (Chabert, Bourgelat…) s’attacheront à perfectionner méthodes de 
culture, végétaux et cheptel. Mais libérer l’agriculture de sa dépendance au 
climat n’est pas si facile. Turgot en fera les frais de façon retentissante. La 
« météo » a-t-elle joué un rôle dans le déclenchement de la Révolution 
française ? Cette question largement débattue trouve aujourd’hui un nouvel 
éclairage à travers l’histoire environnementale qui, refusant le déterminisme 
climatique, s’intéresse aux interactions entre les sociétés et leur milieu. De 
nombreux travaux inscr
 its dans ce champ, institutionnalisé en France depuis une vingtaine d’années, 
ont récemment contribué à renouveler l’étude des rapports au climat des 
sociétés anciennes (E. Garnier, F. Locher, O. Jandot…). Face aux risques 
d’origine climatique, relevant de transformations lentes ou d’événements 
soudains, se posent les questions de l’acceptation, de l’adaptation et de la 
résilience. L’impact des activités humaines sur l’équilibre d’écosystèmes 
fragiles fait l’objet d’une prise de conscience, relative mais néanmoins 
perceptible dans les efforts de protection des îles tropicales en situation 
coloniale, mis en évidence dans le travail pionnier de R. Grove. La 
déforestation, l’assèchement des zones humides, l’agriculture intensive ne 
sont-elles pas de nature à bouleverser le climat d’une région ? Les pollutions 
générées par les activités préindustrielles ne portent-elles pas atteinte à la 
santé des habitants (Vandermonde,
  Skragge, Fourcroy, Gilbert, Fodéré, Morand…) ? Les topographies médicales qui 
fleurissent dans les dernières décennies de l’Ancien Régime témoignent de cette 
inquiétude. La question des prétendus « brouillards secs » engendrés par 
l’éruption du volcan Laki (1783) relève de l’histoire des pollutions, mais 
aussi des imaginaires liés au climat. La confrontation des corps et des 
sensibilités aux évolutions climatiques se traduit par des stratégies 
d’adaptation stimulant de nouvelles consommations, en particulier dans l’art de 
s’habiller et dans l’art d’habiter (vitrage, techniques de chauffage…). 
Enfin, c’est à la modernité technicienne du XVIIIe siècle, en particulier à 
l’invention du système technique de la première révolution industrielle fondé 
sur la machine à vapeur et le charbon comme combustible énergétique, que des 
historiens du climat imputent le début du réchauffement climatique (C. Bonneuil 
 et J.-B. Fressoz). La seconde moitié du XVIIIe serait donc ce moment charnière 
du grand moment de basculement dans un réchauffement climatique, aux causes 
désormais anthropiques (et souvent désigné de nos jours par le terme 
d’anthropocène).
Climat et environnement sera l’occasion de resituer l’homme dans son milieu au 
temps des Lumières, et d’examiner les modalités de son « acclimatement », sa 
place étant laïcisée mais non dénuée de fantasmes et de superstitions. Les « 
baromètres de l’âme » (Pierre Pachet) inaugurés par Rousseau (« J’appliquerai 
le baromètre à mon âme » - la métaphore deviendra un lieu commun des diaristes) 
révèlent une identité instable : le Sturm und Drang, l’esthétique du sublime, 
les représentations des tempêtes et des passions (littérature, peinture, 
musique) traduisent ce nouveau rapport au monde. En outre, l’attention aux « 
climats » se prête particulièrement aux approches pluridisciplinaires des 
humanités environnementales.  Elle situe et ancre les analyses littéraires, les 
études de cas et les théories philosophiques. Le prisme environnemental permet 
à de nombreux champs d’étude historiques et littéraires de se transformer : 
l’étu
 de des révolutions agricoles et des catastrophes naturelles, la peinture de 
paysage, l’analyse des inscriptions de la nature dans la prose et la poésie, 
ainsi que l’histoire des jardins, profitent toutes des accents portés sur les 
entrelacs entre nature et culture, et sur la question de l’éthique de l’homme 
dans son environnement, qu’il s’agisse de présence discrète ou dominatrice, de 
respect, de tolérance, de care ou de soumission aux éléments. 


Responsables scientifiques du dossier : Laurent Brassart, Laurent Châtel, 
Emilie-Anne Pepy et Anouchka Vasak.

Envoi de propositions : Le volume 54, résolument interdisciplinaire, pourra 
accueillir des contributions sur la littérature, l’histoire, l’histoire de 
l’art, les sciences du climat, de l’environnement et de la nature dans l’Europe 
du long XVIIIe siècle. Les propositions feront l’objet d’une sélection par un 
comité scientifique ; un abstract circonstancié d’environ 700/800 mots avec une 
courte bibliographie est à envoyer avant le 1er novembre 2020 à l’adresse 
suivante : 
climatenvironnementre...@gmail.com <mailto:climatenvironnementre...@gmail.com>

Une fois les propositions acceptées, les articles seront à remettre avant le 30 
avril 2021. Pour plus d’informations sur la Revue voir : 
https://www.sfeds.fr/publications-18eme-siecle/revue-dix-huitième-siècle 
<https://www.sfeds.fr/publications-18eme-siecle/revue-dix-huiti%C3%A8me-si%C3%A8cle>
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https://www.vidal-rosset.net/mailing_list_educasupphilo.html
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        

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