http://www.bortzmeyer.org/6890.html

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Auteur(s) du RFC: M. Cotton (ICANN), L. Vegoda (ICANN), R. Bonica (Juniper), B. 
Haberman (Johns Hopkins University Applied Physics Lab)


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Un certain nombre de préfixes d'adresses IP sont spéciaux, réservés à 
des tâches comme les exemples dans la documentation, ou bien prévus 
pour des protocoles particuliers. Ces préfixes n'étaient pas documentés 
à un endroit unique, ils étaient dans certains RFC, avec parfois des 
registres IANA. Ce RFC restructure le système, désormais la seule 
source faisant autorité est le registre IANA (un pour IPv4 
<http://www.iana.org/assignments/iana-ipv4-special-registry/iana-ipv4-sp
ecial-registry.xml> et un pour IPv6 
<http://www.iana.org/assignments/iana-ipv6-special-registry/iana-ipv6-sp
ecial-registry.xml>). En outre, ces deux registres ont désormais une 
structure bien définie, notamment pour indiquer les propriétés d'un 
préfixe spécial.

Parmi les nombreux préfixes spéciaux, on peut citer le 0.0.0.0/8 du RFC 
1122, qui sert à désigner le réseau local, ou le fe80::/10 que le RFC 
4291 dédie aux adresses locales au lien. De temps en temps, un RFC 
rassemble tous ces préfixes en un seul document et c'est ainsi que le 
RFC 5735 cataloguait tous les préfixes spéciaux IPv4 alors que le RFC 
5156 faisait la même chose pour IPv6. Certains préfixes sont affectés à 
l'IANA pour une allocation ultérieure (comme le 192.0.0.0/24 du RFC 
5736). Ces prefixes-là ont un registre à l'IANA, pour enregistrer ces 
allocations mais il n'existait pas de registre général de toutes les 
adresses IPv4 spéciales. Même chose en IPv6 : le RFC 2928 et le RFC 
4773 affectaient 2001:0000::/23 à l'IANA et créeaient un registre pour 
les adresses de ce préfixe mais sans prévoir de registre pour tous les 
préfixes spéciaux. Résultat, lorsqu'un nouveau préfixe était déclaré, 
il n'y avait plus de source à jour, avant qu'on publie un nouvel RFC de 
synthèse. Notre RFC 6890 change ce système et crée ce registre unique 
de la totalité des préfixes spéciaux, pour IPv4 
<http://www.iana.org/assignments/iana-ipv4-special-registry/iana-ipv4-sp
ecial-registry.xml> et pour IPv6 
<http://www.iana.org/assignments/iana-ipv6-special-registry/iana-ipv6-sp
ecial-registry.xml>. Notre RFC annule donc les RFC 5735 et RFC 5156.

La section 2 du RFC liste les décisions prises et que l'IANA devra 
appliquer (suivant les sections 4.1 et 4.3 du RFC 2680 qui décrit les 
tâches de l'IANA). Le registre doit conserver, pour chaque préfixe IP, 
un certain nombre d'informations parmi lesquelles :
* Le RFC où ce préfixe a été décrit,
* Un booléen disant si les adresses IP dans ce préfixe peuvent 
apparaître en adresse source d'un datagramme IP,
* Un booléen disant si les adresses IP dans ce préfixe peuvent 
apparaître en adresse destination d'un datagramme IP,
* Un booléen indiquant si les routeurs peuvent faire suivre les paquets 
ayant une telle adresse comme destination,
* Un booléen indiquant si les adresses de ce préfixe sont uniques 
mondialement ou pas.
Évidemment, si les adresses IP d'un préfixe n'ont pas le droit d'être 
présentes en destination, les deux booléens suivants (transmissible par 
un routeur, et unicité mondiale) n'ont pas de sens.

Voici quelques exemples de ces préfixes spéciaux (en mélangeant IPv4 et 
IPv6 qui, en pratique, sont dans deux registres) :
* 0.0.0.0/8 : désigne ce réseau local. Décrit dans la section 3.2.1.3 
du RFC 1122. Peut apparaître en source, pas en destination.
* 10.0.0.0/8 : adressage privé. Décrit dans le RFC 1918. Peut 
apparaitre en source et en destination, transmissible par les routeurs, 
pas d'unicité mondiale.
* 2001:10::/28 : préfixe dit « ORCHID » ("Overlay Routable 
Cryptographic Hash Identifiers"), utilisé pour des adressages sécurisés 
avec adresse dépendant d'une clé cryptographique. Décrit sans le RFC 
4843. Ne peut apparaitre ni en source, ni en destination (il n'est pas 
prévu de les mettre directement dans les champs Source et Destination 
des paquets IPv6). Non transmissible par les routeurs, pas d'unicité 
mondiale (mais une quasi-unicité due à leur choix imprévisible dans un 
espace très large).
* 100.64.0.0/10  : partage d'adresses en CGN. Décrit dans le RFC 6598. 
Peut apparaitre en source et en destination, transmissible par les 
routeurs, pas d'unicité mondiale.
* 169.254.0.0/16 : adresses locales au lien, typiquement 
auto-attribuées. Décrit dans le RFC 3927. Peut apparaitre en source et 
en destination, non transmissible par les routeurs (locales au 
lien...), pas d'unicité mondiale.
* fc0::/7 : ULA. Décrit dans le RFC 4193. Peut apparaitre en source et 
en destination, transmissible par les routeurs, pas d'unicité mondiale 
(il avait été prévu un registre mondial pour une partie de l'espace des 
ULA mais cela ne s'était jamais concrétisé).
* 2001:0002::/48 ou 198.18.0.0/15 : adresses réservées pour les mesures 
en laboratoire. Décrit dans le RFC 2544 ou le RFC 5180. Peut apparaitre 
en source et en destination, transmissible par les routeurs, pas 
d'unicité mondiale.
* 198.51.100.0/24 (et deux autres en IPv4) ou 2001:db8::/32 : adresses 
réservées à la documentation. Décrit dans le RFC 5737 ou le RFC 3849. 
Ne peut apparaitre ni en source, ni en destination. Non transmissible 
par les routeurs, pas d'unicité mondiale. Notez que, en IPv6, ces 
adresses pourraient être quasi-uniques si elles étaient choisies au 
hasard dans l'espace immense du 2001:db8::/32. Mais, en pratique, tout 
le monde prend la première, 2001:db8::1.



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