Re-

Je vais essayer (pour une fois) d’ajouter quelque chose de pertinent, avec mes 
vingt ans d’expérience en géomatique.

> Déjà il n'y a pas de Z dans tous les shapefile, mais on est sur trois niveaux 
> de remblais différents, avec des structures béton entre… C'est juste 
> n'importe quoi.

Alors pour répondre à une question plus avant, le « shapefile » est un format 
de fichier qui représente des objets géographiques : points, lignes, polygones 
et maintenant volumes. Contrairement à un fichier de CAO où les formes sont 
représentées « flottantes » (attachées à un repère local), le shapefile fait 
référence à un système de positionnement (lat/long ou projection, type Lambert 
93 en France) qui permet de positionner exactement l’objet sur le globe.

Le « shapefile » a été inventé par l’éditeur leader mondial des SIG, ESRI. 
Format d’abord propriétaire, ESRI a eu l’intelligence (pour une fois) d’en 
publier les spécifications, et il est devenu le de facto standard pour la 
représentation des objets spatiaux, un peu comme le format .DOC l’est pour les 
fichiers textes. Ce n’est pas une norme ISO ou autre. Il est de plus en plus 
concurrencé par des formats ouverts, normés, fondés sur SQLITE/SPATIALITE, 
comme le « Geopackage ». Mais il demeure encore dominant (bien qu’il souffre de 
limitations, par exemple l’impossibilité de représenter des arcs de cercle ou 
des courbes).

À l’origine, les Shapefiles ne contenaient que des coordonnées planes (X/Y ou 
lat/long). On peut maintenant y ajouter des informations d’altitude / 
profondeur (Z), et même d’abscisse linéaire (M), très utile pour les 
gestionnaires de voiries, d’autoroutes ou la SNCF, qui se repèrent 
préférentiellement en PK le long d’une installation, plutôt qu’en coordonnées 
géographiques classiques.

> Et même s'il y avait le Z, qu'il soit normé, il faudrait que tout le monde 
> aie accès à ces plans, en tout cas au moins parmis les acteurs de terrain. Ce 
> n'est clairement pas le cas aujourd'hui : il n'y a pas de SIG local ou global 
> opposable ni pour calculer les redevances ni pour prévenir les dommages.

La France dispose, depuis plusieurs années, et l’entrée en vigueur de la 
directive DT/DICT visant justement à éviter ce genre d’incident (en plus grave 
: rupture de conduite de gaz, électricité…), d’un portail internet baptisé le « 
guichet unique » dans lequel tous les concessionnaires sont censés saisir la 
position de leurs installations à 10 cm près (« classe A »). Le souci, c’est 
que le travail de repérage de ces réseaux enterrés est pharaonique. Pourquoi ? 
Déjà, parce que souvent ils sont dessinés sur des plans papier qui sont plus ou 
moins bien tracés, avec des repères et des indications manuelles qui 
nécessitent un gros travail d’interprétation et de transformation pour pouvoir 
être transcrits en fichier géographique. Deuxièmement, parce que la plupart des 
réseaux ont été tracés sur des plans cadastraux. Or, le cadastre n’est pas un 
document géographique. C’est un document purement fiscal, dont le but est de la 
calculer l’assiette de la taxe foncière. Sa gestion est d’ailleurs assurée non 
par l’IGN, mais par la DGI, la direction générale des impôts. Le résultat, 
c’est que le cadastre est majoritairement faux, géographiquement parlant : 
décalé, imprécis, incomplet (par exemple, il n’y a rien dans le cadastre sur 
l’espace public qui n’a jamais été, en France, cadastré). Alors pourquoi avoir 
choisi le cadastre ? Tout simplement parce que, à l’époque, c’était le seul « 
fond de plan » à grande échelle (détaillé) disponible sur tout le territoire. 
Les défauts du cadastre sont connus depuis fort longtemps, mais ce n’est qu’à 
l’occasion de l’entrée en vigueur de la directive DT/DICT que les acteurs de 
l’information géographique en France ont pris conscience du besoin de remplacer 
celui-ci par une version correcte, disponible également partout : cela 
s’appelle le PCRS. Mais c’est aussi un chantier titanesque, qui nécessite, en 
gros, le survol de toute la France pour réaliser des images aériennes à 5 cm de 
précision (si l’on veut 10 cm de précision au final sur les réseaux, une photo 
aérienne à 20 cm ne sert à rien). Tout cela est en cours, mais, bien 
évidemment, c’est long, surtout que l’État dit : « yaka fokon » mais ne donne 
pas un sou pour cela, donc les collectivités locales ne bougent pas. 

Bien entendu, en plus du PRCS, il faut que tous les concessionnaires, 
gestionnaires, etc. s’assurent également que leurs réseaux sont bien là où ils 
sont dessinés, ce qui ne peut se faire que soit directement à l’occasion de 
travaux nécessitant l’ouverture de tranchées, soit à l’aide de matériel de 
détection de type inductif, qui sont capables de détecter des tubes en métal 
jusqu’à environ 1 m de profondeur (il y a aussi des techniques à ultrasons) – 
mais je ne sais pas si l’instrument donne la profondeur. Du moins sait-on qu’il 
y a quelque chose à cet endroit.

Tout cela pour dire que la connaissance exacte du patrimoine enterré est un 
serpent de mer, et sa représentation géographique précise un cachalot. De toute 
façon, rien n’est attendre avant 2030 au moins, sachant que les communes 
rurales n’ont pas d’obligation de disposer d’un PCRS avant, je crois, 2032. Et 
puis quand tout cela sera fait, il restera à régler le problème des mises à 
jour : qui, quand, comment ?

Vincent



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