J’utilise ceux d’Amazon. 

La problématique de la perte de ce qu’on croit posséder n’est pas forcément 
nouvelle: elle se repropose sous une nouvelle forme. Notez qu'ici je ne donne 
pas de jugement de valeur, mais uniquement comment les principes "mécaniques".

Voici deux exemples: J’espère que chacun réalise que « son » argent qui est 
déposé sur un compte en banque n’est pas, légalement « son argent ». Cet argent 
est légalement devenu la propriété de la banque et il est comptabilisé dans le 
bilan de la banque.  Si la banque fait faillite cet argent part dans la masse 
en faillite et vous ne le retrouverez pas (sauf garanties des dépôts, en Suisse 
jusqu’à 100’000 francs).  Il y a aussi des pays où on ne peut pas acheter un 
terrain, mais uniquement un droit de superficie pendant 99 ans (on peut être 
propriétaire de la maison, mais pas du terrain; et donc après 99 ans, pouf on 
doit laisser la maison derrière)

La question, du point de vue juridique est de savoir dans chacun de ces cas:

si vous avez mis votre avoir dans un pot commun (vous avez mis de l’argent pour 
« investir » dans une banque, ou vous avez acheté un service en ligne).
ou si vous êtes devenus propriétaires d’un objet, auquel cas vous le déposez à 
titre fudiciaire (=> vous en restez propriétaires, tant qu’il existe).


Le problème du livre papier (jusqu’à l’invention des supports électroniques) 
est que sa nature était DUALE. Un livre à la fois un objet (imprimé sur du 
papier, avec une couverture, etc.) et le support pour une propriété 
intellectuelle. L’acheteur d’un livre papier pouvait se considérer comme 
propriétaire du support mais non du contenu. Mais comme le support était 
indissociable du contenu, on avait parfois tendance à l’oublier. Mais c’était 
clair au moment de la vente de l’objet: on vend un exemplaire d'un livre (qui a 
une valeur marchande), mais non les droits intellectuels qui vont avec. Avec la 
dématérialisation des livres, il est juridiquement impossible qu’un fichier 
soit « à vous », à moins que l’auteur le mette dans le domaine public, en fasse 
un copyleft, etc. La clé USB, ou le disque dur sont à vous, mais pas le 
fichier, qui est le produit d’une licence. C’est ainsi, dans la continuité de 
la loi sur le copyright des siècles précédents. De façon semblable, si vous 
achetez une clé USB avec des oeuvres littéraires dessus, la clé est peut-être à 
vous, mais pas les oeuvres.

Maintenant, la question que pose Microsoft avec les ebooks (ou que pourraient 
poser Amazon Kindle) est la durée de "l’usufruit" du livre (usufruit => droit 
de disposer de quelque chose qui n’est pas à vous). Lorsque vous achetiez un 
livre papier, il était inévitable que le propriétaire de l’exemplaire du livre 
avait l’usufruit du contenu, tant que l’exemplaire existait (autrement dit, 
l’usufruit s’éteint automatiquement au moment où le support papier disparaît). 
Avec un service commercial dans le cloud, l’usufruit s’arrête forcément à un 
autre moment: au moment où le fournisseur disparaît ou cesse ses services. 
Notez que ce fournisseur vous fournit un service d’assurance: si vous cassez 
votre tablette (support physique), vous allez pouvoir récupérer tous vos livres 
— c’est un avantage qu’aucun éditeur de livres papier ne donnera jamais. On 
pourrait dire qu'en échange de cette assurance, vous renoncez à la perpétuité 
du service.

Enfin est-ce qu’il existe des alternatives au service commercial d’ebooks? Bien 
sûr! En premier lieu des bibliothèques d’oeuvres librement téléchargeables 
(sans DRM etc.). On pourrait aussi imaginer qu’un fournisseur comme Amazon vous 
garantisse (volontairement ou parce qu’il y est forcé par le législateur) un 
droit de 99 ans, par exemple. Mais dans l’état des choses, il est douteux 
qu’ils mettent en ligne des oeuvres d’auteurs sans un mécanisme de rémunération.

La question est simple: si on veut des nouveaux livres sur le marché (fiction, 
etc.), il faut payer le temps que les gens passent à écrire le livre. Sinon on 
n’aura plus d’écrivains professionnels. Le meilleur moyen qui a été trouvé 
actuellement est le service « à la Amazon Kindle », avec ses avantages 
(garantie de l’usufruit du livre même en cas de destruction de tous les 
supports matériels), et ses inconvénients (pas de garantie de perpétuité). Il 
permet notamment à des jeunes auteurs de fiction de gagner un peu d’argent et 
de se faire un nom, sans se faire escroquer par les éditeurs de livre papier 
(qui paient rarement un seul centime aux auteurs, sauf à une très petite 
minorité de privilégiés qui vendent des centaines de milliers de copies).

Si on veut une alternative au système d'Amazon, il faudra répondre à cette 
question clé: comment payer le travail de jeunes auteurs de fiction ou 
non-fiction, pourqu’ils puissent se faire une place dans un monde où les places 
sont trustées par une minorité de privilégiés?

Bonne journée,
Laurent




> Le 25 oct. 2019 à 09:31, felix <fe...@f-hauri.ch> a écrit :
> 
> Salut la liste,
> 
> Est-ce que quelqu'un parmi vous connait quelqu'un qui utilise les ebook?
> 
>  https://duckduckgo.com/?q=microsoft+ebook+drm&t=h_&ia=web
> 
> Je n'avais pas vu passer ça!
> 
> -- 
> Félix Hauri  -  <fe...@f-hauri.ch>  -  http://www.f-hauri.ch
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