Coordination Communiste
(pour la reconstruction d’un Parti communiste révolutionnaire)
La folie bovine, quelques réflexions à propos de
L’arrière plan d’un cas de meurtres en série
La concurrence jusqu’à la mort – la nôtre
En Angleterre au temps de Thatcher - mais pas seulement - a été mise en
pratique l’idée géniale, au sens capitaliste du terme, de nourrir des bovins de
farine provenant de déchets d’abattoir ou de bêtes mortes d’autres causes. La
protéine de bêtes - saines ou pas – de la chair, des viscères, des os, de la
peau ... devenait farine carnée pour animaux. Avoir fait des ruminants, des
charognards et des cannibales, avoir nourri de pourriture les vaches qui
allaient servir à notre alimentation, n’a pas soulevé d’objection morale
suffisamment forte pour résister aux implacables principes économiques
capitalistes de la recherche du profit maximum, par la concurrence et le marché
libre. 
Cela signifie que pendant des années au Royaume Uni – et en Europe –, ni les
vétérinaires, ni les fonctionnaires de la santé,… n’avaient rassemblé
suffisamment de volonté pour s’opposer aux impératifs capitalistes et empêcher
ces empoisonnements de masse, aux conséquences futures incalculables. 
Ce n’est qu’après que l’opinion publique ait été alarmée par ce que cette
nouvelle maladie pourrait faire, que le gouvernement britannique a fini par
interdire l’utilisation des farines carnées pour les bovins destinés à ses
citoyens. C’était, en quelque sorte, une concession locale, une retraite
tactique. Ce n’est pas pour autant que le gouvernement de sa Majesté
interdisait ni la fabrication de farine carnée, ni sa vente à l’étranger, comme
par exemple vers l’Irlande et chemin faisant vers la France – ils n’allaient
tout de même pas jeter leurs stocks! 
C’etait pareil en France pour le sang non-chauffé après le scandale du début
des années 80, qui des mois sinon des années plus tard était encore exporté,
entre autres, vers la Tunisie. 
Nous étions alors dans une situation où la viande britannique était interdite à
l’importation, alors que la farine carnée britannique ne l’était pas. Cette
dernière, transformée - par le biais de bovins français - en nourriture
humaine, trouvait pleinement sa place sur nos tables, nos cantines et nos
menus. 
Puis dans un élan de précaution – pour rassurer la populace - la farine carnée
a été interdite. Cependant, la farine alimentaire ordinaire pour les bovins
avait droit à une «tolérance d’erreur» de 3%, une
«tolérance» de farine carnée bien entendu, ce qui permettait tout
de même d’écouler les stocks. 
La cause restant entière la maladie évidemment se répandait. 
La profitabilité pour une entreprise capitaliste est une condition de survie,
alors que la moralité, ne l’est pas! Entre le capitaliste à la recherche de son
profit et le consommateur à la recherche de bien-être, il y a conflit, il y
antagonisme et qui peut être mortel pour ce dernier.
Une folle politique de précaution
Alors que les scientifiques ne sont pas en mesure de détecter le prion à
faibles concentrations, combien était-il curieux d’entendre, à la télévision,
le ministre de l’Agriculture, Glavany, essayer de nous rassurer en affirmant
que la maladie n’était pas transmissible par la consommation du muscle d’un
animal malade. 
On se pose alors la question: «Comment, la maladie contractée par la
consommation de farine animale - donc passant par l’estomac - atteindrait-elle
le cerveau et la moelle épinière, si ce n’est par le sang? Et les muscles sont
pleins de sang!» 
Aussi parmi les possibles vecteurs de contamination, le plus dangereux peut-
être, pourrait se trouver le lait et ses dérivés. Nous savons, que parmi les
bovins ce sont les vaches laitières les plus touchées par l’ESB. Alors qu’un
bifteck ne provient que d’un seul animal, le lait et les dérivés de lait sont
des mélanges provenant de plusieurs vaches, donc autant plus de possibilités de
contamination. 
Et nous ne parlerons pas des liquides usés rejetés par les centres
d’équarrissage dans les rivières et les nappes phréatiques.
La production nationale
Il est clair que d’un côté la perte de troupeaux entiers, les bêtes nourries à
perte, et de l’autre côté la désaffection des consommateurs, ont placé les
éleveurs, et d’autres professions du secteur alimentaire, dans une situation
dramatique. Les mesures dérisoires d’aide 1,4 milliards de francs* font que
beaucoup d’éleveurs se trouveront dans les prochaines années obligés d’arrêter
l’élevage. L’arrivée de la fièvre aphteuse – qui aurait pu être évitée aussi -
aggrave encore une situation critique pour la rendre catastrophique. 
Dans l’avenir, avec la diminution des éleveurs et la diminution de la capacité
de production, la France sera obligée d’importer des carcasses de l’étranger
qu’adviendra-t-il des contrôles sanitaires? C’est à dire nous mangerons de la
viandé provenant de «l’étranger» de bêtes nourries aux farines
carnées aussi «saines» que celles de Thatcher. 
Il est force de constater aussi que la politique de l’UE** vise «à
freiner la production bovine» et le scénario catastrophe évoqué plus haut
va dans le même sens, celui de réduire (abattre) la production bovine.
Le rôle de l’État
Le ministre de l’Agriculture, qui s’efforçait, à chaque fois que des questions
lui étaient posées au parlement, de rassurer les consommateurs aurait mieux
fait avec le ministre de la Santé de s’assurer que des mesures nécessaires
soient rapidement prises. Il a fallu, et c’était un comble, que ce soit la
droite, Chirac, qui relaye l’angoisse du public en demandant l’arrêt immédiat
de l’utilisation de la farine carnée, sinon l’écoulement des montagnes de
stocks de farine aurait continué, et tant pis pour le principe de précaution. 
Ce qui est mis en cause au-delà de la farine carnée, dans l’affaire dite de la
vache folle, est la compétence et la volonté de l’État capitaliste. Peut-il,
veut-il, accomplir ses fonctions de précaution, de prévention, de garantie, de
contrôle, de référence. Les autres affaires: de la fièvre aphteuse, du sang et
des organes contaminés, de l’amiante…… confortent la thèse de la défaillance de
l’État et à cause de cela des personnes meurent et d’autres mouront encore et
en nombre inconnu. 
Au-delà d’un certain point, ce qui avait été empoisonnement par négligence
devient empoisonnement en toute connaissance de cause. Il faut en tirer les
conséquences par rapport à l’État, ses institutions, ses responsables et
également au plan international, vis à vis des pays fabricants ou exportateurs
de la farine animale responsable de la propagation de l’ESB en France, et du
désastre que cela représente.
Ce qu’il faudrait faire
La première priorité est de s’assurer de l’hygiène de notre alimentation. La
seconde est de préserver la production nationale et s’assurer que l’élevage se
fasse dans des meilleures conditions aussi bien pour les éleveurs que pour les
consommateurs. La troisième est d’établir quels sont les coupables dans cette
affaire et prendre des mesures sérieuses et exemplaires pour garantir que cela
ne se reproduise pas. 
Faute de quoi, au-delà des capitalistes, rapaces et capables de tout, nous ne
croirons même plus ni les vétérinaires, ni les fonctionnaires de la santé, … 
Il se peut même que de plus en plus de personnes parmi nous commencent à se
dire que les responsables sont l’économie de marché, la concurrence et le
capitalisme et de se demander si peut-être il n’y aurait pas un autre système
plus équitable, plus prévoyant, plus fraternel, plus naturel, plus sain que
nous pourrions adopter pour nous et nos enfants. 
Il n’est plus temps de nous laisser «rassurer». 
Il est temps de nous mettre en colère!
Alexandre MOUMBARIS
Notes
* L’équivalent journalier de ce que paye l’État en intérêts pour les sommes
qu’il aurait pu emprunter à la Banque de France gratuitement
** AGRA FIL – Le quotidien agro-économique par fax 
Mardi 30 janvier 2001 
ESB: UE va prendre des mesures de gestion 
draconiennes 
Constatant les proportions alarmantes de la crise de l’ESB, tant sur le plan
économique et budgétaire, les ministres de l’Agriculture de l’UE ont confié
cette nuit à Bruxelles à la Commission européenne le soin de présenter lors de
leur prochaine session, le 19 février, une série de propositions pour freiner
la production de viande bovine. Les dispositions envisagées sont notamment la
limitation de l’intervention, l’extension du régime d’achat destruction (qui,
pour l’heure, est surtout appliqué en France et en Irlande)? la prime à la
destruction des veaux (sur fonds nationaux), la prime à la commercialisation
précoce des veaux, le remplacement des plafonds nationaux de primes spéciales
pour les bovins par des quotas individuels, la suspension temporaire des droits
aux primes à la vache allaitante et la réduction de l’actuel seuil de densité
de 2 UGB par hectare pour l’octroi des aides. Sur le plan financier, le coût de
la crise est évalué maintenant pour l’UE à quelque 3 milliards d’euros sur
l’année 2000. Les Quinze pourraient prendre des crédits sur d’autres secteurs
agricoles, mais, a reconnu Jean Glavany, c’est une solution politiquement
difficile. Enfin, les ministres ont convenu que la Commission présenterait lors
du prochain Comité vétérinaire permanent des propositions pour renforcer la
lutte sanitaire contre l’ESB. Ils ont admis en particulier que «la
colonne vertébrale devrait être enlevée de la viande», avec d’éventuelles
dérogations pour les états membres où l’incidence de la maladie est faible. 


Néstor Miguel Gorojovsky
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