On Fri, 4 Jan 2002, Pierre TESTORI wrote:

> Quelle image l'Association souhaite-t-elle véhiculer auprès du Grand Public ?

Est-ce important ?

Je dirais que le nom de l'association doit représenter le but de celle-ci,
but qui devrait également être similaire aux buts de ses membres, en
premier lieu.

En deuxième lieu, le sigle et le nom devraient être compréhensibles par
nos interlocuteurs. 

Jusqu'à maintenant nos interlocuteurs ont été, par exemple: l'Etat de
Genève (Chancellerie) et des articles plus ou moins grand public dans
l'Hebdo.

A-t-on les ressources de faire de la promotion grand public Linux ?
Est-ce finalement nécessaire ?  N'est-ce pas le travail des entreprises
qui gagnent leur vie avec Linux, en particulier les distributions (pour le
grand public) ?  Comme j'essaierai de développer plus bas, le rôle du GULL
à mon avis est plutôt de la promotion des logiciels libres et de l'échange
de compétences GNU/Linux.

Il faut rester réaliste: Linux ne sera pas adopté demain par le grand
public si toutes les administrations, entreprises et filières de formation
l'ignorent. Une double approche `techniciens' (par le bas) et `décideurs'
(par le haut) est nécessaire pour l'adoption de Linux, avec des arguments
forts différents, et qui ne sont en aucun cas des arguments `grand
public'. 

Personnellement, je trouve que le sigle GULL est bien trouvé. Il n'est pas
évident au premier abord, mais après tout le monde des logiciels libres et
de GNU/Linux n'est pas un monde évident au premier abord non plus, alors
pourquoi tricher ?  Il n'y a aucune raison pour que l'emballage soit plus
joli que le cadeau. 

J'aimerais bien cependant que la dimension `logiciels libres' soit plus
présente, sans forcément gommer `Linux', mais en y ajoutant un préfixe
`GNU/'.

Pourquoi ? A long terme j'ai l'impression que l'on ne retiendra de Linux
(sens pour le grand public)  que l'histoire des `start-down' et promesses
non tenues des éditeurs de logiciels propriétaires. L'euphorie de
1998-2000 est bien finie [1]. Il est probable que de nombreux `phares'
commerciaux de Linux disparaîtront ou changeront d'orientation pour une
approche encore moins `open' en 2002. Je pense par exemple à:  SourceForge
et VA/Linux, Red Hat et SuSE. 

Sauf brevets ou vraie `propriétarisation' de toute l'informatique, les
logiciels libres, eux, seront toujours là. Nous devons lutter pour ce
libre choix, pour cette liberté. [2]

Pourquoi, finalement, faire de la promotion de Linux si le bénéfice en
revient ensuite à SuSE ou Red Hat, en particulier si ceux-ci rendent
l'utilisateur final captif par des outils et logiciels supplémentaires
semi- ou totalement propriétaires ? 

La promotion de GNU/Linux, elle, est intéressante: mais seulement dans la
mesure que l'on distingue très clairement ce qui est libre (sens FSF, je
précise) de ce qui ne l'est pas. Par contre, de la critique saine de Linux
ainsi que de l'échange de compétences et l'amélioration de la formation
dans le domaine devraient être des buts du GULL.

Enfin, je fais partie de ceux qui pensent que finalement, utiliser du
logiciel propriétaire sous Linux, ce n'est pas s'attaquer à la racine du
problème: il faut constater qu'en général, le logiciel propriétaire tourne
mieux sous environnements propriétaires [3]. La réponse est donc de
déployer du logiciel libre, plutôt que de déployer du Linux. Donc déployer
des logiciels libres, par exemple sous GNU/Linux. 

(je ne pense pas que déployer du logiciel libre sous environnements
propriétaires soit une bonne solution à long terme, cependant, mais cela 
est mon intime conviction que je ne défendrai pas ici).



[1] Il faut bien manger: et de grandes structures lourdes et
    complexes, alliées à un management usuel, ne fonctionnent pas
    génialement dans le monde du libre. En particulier quand la plupart
    des utilisateurs confondent `libre' et `gratuit'.

[2] http://petition.eurolinux.org/

[3] Une des raisons est que Linux est l'OS le plus incompatible avec
    lui-même, en particulier si l'on ne dispose pas des sources -- ni des
    compétences pour les compiler. Un constructeur qui veut écrire un
    pilote pour son matériel est presque forcé de le sortir en GPL, afin
    qu'il soit intégré au kernel et maintenu par d'autres lors de
    changements importants. C'est un avantage!  Mais seulement si l'on
    n'utilise pas de logiciels livrés sans source et que l'on a les
    compétences requises.

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