28 septembre 2006 : De la destruction tribale

Dans cette phase transitoire, le tribalisme prend de l’ampleur. On évoque des rumeurs selon lesquelles le président a du intervenir pour contrecarrer l’influence de certains partis comme le PRDR et le RFD : le chef de l’Etat n’y a-t-il pas précisé « que nous sortons d’une période qui a obligé la classe politique à s’organiser en deux pôles, majorité et opposition. Nous savons où cela nous a menés. Le jeu politique tel qu’il se développe actuellement nous mène nécessairement au même cas de figure. Ce qu’il faut éviter en proposant une troisième voie à travers les candidatures indépendante (NDRL) ». Cela renforce-t-il le clanisme ?

Les combinaisons tribales deviennent une réalité, les partis politiques adoptent une tactique claire : les représentant devront être choisie en fonction de leurs appartenances claniques. Ce qui semble exclure la référence à la compétence. « Ou allons nous ? » s’interroge un connaisseur de la particularité mauritanienne. Disons à titre de réflexion ou sommes nous ? Et comment peut-on résoudre l’incertitude de la complexité mauritanienne ?

Pour mieux briller, les mauritaniens devront se comparer avec les grandes nations. Ce qui sous-entend une approche psychosociale reposant sur trois points :



Acte numéro un : « ce que nous pensons de nous »
Acte numéro deux : « ce que les autres pensent de nous »
Acte numéro trois : « ce que nous pensons de ce que les autres pensent de nous »

Le premier acte implique une autocritique basée sur la sincérité de l’action politique. Pour le reste prenons comme illustration l’intervention de Haycale sur la pertinence de la transition mauritanienne. Il a répondu que la Mauritanie n’a aucune importance géographique ni historique et que son modèle n’est qu’une utopie. Certes sa réaction était frappante et loin de toute objectivité voire subjectivité scientifique, mais elle suscite un débat houleux sur la pérennité de notre mode de vie.

Remontons la montre et stipulons l’explication de l’ancien président Senghor, lorsque on lui avait posé une semblable question qui tournait autour de son opinion sur la Guinée, le Mali et la Mauritanie. Sa réponse était moins choquante, La Guinée : un pays instable, le Mali : agité et la Mauritanie : incertaine.

Bien que notre monde soit caractérisé par l’instabilité dans toutes ses formes, l’incertitude demeure essentielle pour résoudre les difficultés de la complexité du comportement humain. Mais, il semble que les acteurs politiques de la Mauritanie ne tiennent pas compte de cette incertitude. Le discours reflète un vide social miné par un conflit entre les générations. Cela s’interprète par la domination de la paternité qui sous un aspect historique renforce la soumission ethnico- tribale. Cette soumission se manifeste tantôt par la position de la famille tantôt par la chance bureaucratique qui a permis à certains d’occuper des fonctions confortables dans une époque où les diplômes ne sont ni nombreux ni académique. Mais ils représentent une qualité entravée par la régression de l’apprentissage.

Parallèlement, les civils ont perdu la face : avec la domination des militaires, la soumission a pris une allure formelle guidée par les intérêts ethnico- tribale. L’esprit dominant devient ce qui est bon pour mon appartenance et bon pour moi. Ce qui a débouché sur une contradiction entre ce qui est et le principe de la compétence souhaitée. Cela a bloqué le progrès, car la performance réfute les intérêts des groupes dominants. Soit parce qu’ils ne veulent pas que les autres occupent leurs places, soit par ce que les autres sont victimes du système.

Ould Breideleile confirme en ce sens que « la masse silencieuse, ou parlante, de cadres peut-elle se découvrir un rôle positif. Certains sont dignes d'estime pour leur compétence et leur passé honorable. Ils sont avec nous sur la même barque qui prend eau. Que leur demande leur pays en ce moment, quel devoir ont-ils dans les circonstances actuelles ? Personne ne peut répondre à leur place (…) Il y a 900 ans, les Almoravides ont quitté ces lieux dans des circonstances obscures, torturés ou poussés par une puissance invisible pressante, laissant derrière eux le fond que nous avons entre les mains, une poussière de tribus, hostiles les unes aux autres, se livrant inlassablement au jeu des razzias et des vendettas. Les plus forts se sont maintenus, le doigt sur la gâchette, les autres ont été écrasés

Rien de surprenant dans cette confirmation, le dessein politique s’impose : tout le monde compose avec les tribus. Invisiblement ou visiblement la force du passé nous hâte. Pourtant, la question « où nous étions ? » surgisse sans pour autant produire la sincérité souhaitée. Nous sommes réalistes disent certains hommes politiques, nous ne pouvons jamais supprimer le tribalisme par une baguette magique. Que faire donc se plier a la fausse solution tribale ? Ou Restructuré celle-ci ?

Le modèle tribal d’aujourd’hui porte lui-même les germes de sa destruction, mais personne ne peut parier sur sa fin ! Est-il avec une transparence politique à laquelle la population peut choisir elle-même ses représentants ?

Il est clair que le tribalisme est antidémocrate, car les chefs sont chefs par le sang et si ils choisissent les incompétents la conséquence s’affirmera par une destruction à long terme, profitable pour eux, mais nuisible pour les autres. A qui incombe la faute ?

Mohamed Fouad Barrada
Chercheur doctorant à l’EDG
Université Mohamed V (FSJES)
[EMAIL PROTECTED]




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Note: Info source : La Tribune (Mauritanie)


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