Re: [FRnOG] Re: [TECH] Modèle économique des interconnexions en datacenter
2 idées à ajouter dans ta réflexion: - Le câblage électrique est fourni directement avec la baie et tu peux demander en option du 12V. Pourquoi ne pas faire pareil avec le câblage "data" et sa maintenance? Par exemple fournir systématiquement un tiroir optique de 6 paires monomode qui vont jusqu'à la MMR. Si tu en veux plus, du multimode, du cuivre ou du coax, tu paies en plus. Ça rendrait les choses plus simples et justifierait un tarif de location de la baie plus élevé. - La conso d'électricité est généralement incluse, mais on ne consomme jamais 100% de la puissance fournie. Pour être plus proche des coûts, une facturation à la consommation réelle me semble être un modèle plus juste et vertueux (green). Fred Le 18/05/2015 01:18, Jérôme Nicolle a écrit : Bonsoir à tous, J'ai profité du week-end pour compiler les retours. Deux éléments clefs en ressortent : - Justesse des tarifs - Maintenance des liens Je vais tenter d'être synthétique sur les deux, mais c'est un peu complexe. * Justesse des tarifs On a un problème de péréquation à deux niveaux non connexes. Au premier niveau il y a le problème de rentabilité du datacenter qui surfacture les liens bien au delà de ce qu'ils coûtent à produire. C'est causé par la compétition qui a amené les tarifs de baie autour de 500€/mois la 2-3kVA DF dans les extrêmes, 700-800 en prix moyen unitaire. Les tarifs des baies étant proche du coût de production, tendance moins de 5% de marge, il faut bien se rattraper quelque part pour ne pas plomber les investisseurs. Donc les récurrents sur les liens sont naturellement démesurément élevés parce que les tarifs des baies comportent des marges démesurément faibles. Cette structure de prix est insincère et bancale, de fait trop peu lisible, pour être admissible. Seulement c'est ainsi que les appels d'offres se remportent. * Maintenance des liens En théorie, un câble en place ne bougera pas de si tôt, et le fait de devoir provisionner des frais de maintenance dessus est assez incongru. En pratique (très synthétique), c'est là où les récurrents sont les plus élevés qu'il y a le plus de problèmes opérationnels (liens rompus, bagot, performances optiques déplorables)… Et là ou les liens sont en CAPEX pur qu'on a le meilleur service. Cependant, en terme contractuel, un récurrent faible adossé à une garantie de remise en état sous astreinte est fondée. C'est toujours ça de moins à traiter en tant que client du datacenter, pourvu que la communication relative aux incidents sur câbles et délais de réparation soit irréprochable. Le fond du problème de péréquation est là : la répercussion des coûts, délais et incidents sur la production de services aux "clients du client". Et donc le fait que le client du datacenter se trouve souvent entre le marteau et l'enclume. Donc après le "Merci Captain Obvious", concrètement, ça donne quoi ? Un datacenter qui met 6 mois et moult tracasseries administratives à me livrer un crossco est un site à fuir. Un datacenter qui me facture un récurrent élevé sur un service facturé normalement moins cher limite mon potentiel de développement commercial sur des services de secours, low-cost, alternatifs… Bref, tout ce qu'on fait entre gens du réseau. Et par élevé j'entends plus de 200€/an/paire -> référence au tarif de la paire (cuivre) ou du lien (mono-fibre) en dégroupage. Un datacenter qui facture 5 fois le même câble à l'occasion de la mise en service de chaque paire est un escroc, à moins que la baie ne soit vraiment pas chère tendance gratuite. A contrario, le juste tarif du câble, avec un lien posé en moins de 48h, peu d'interruptions (genre 20-50 ans de MTBF unitaire), de bonnes perfs optiques, d'autres services associés, ça peut justifier un tarif de baie un peu plus élevé que la moyenne. Certainement pas du double, mais il y a un équilibre à trouver. Sur le volet des "process", on manque d'un moyen d'identifier rapidement les liens hors-baie, lister les liens existants ou passés (pour rechercher les oublis), lister les prospects intra-DC pour l'établissement de nouveaux PNI sur un modèle de câblage en direct… Là c'est un SI à peu près homogène entre les différents opérateurs de datacenter qu'il faudrait imaginer, au moins sur le plan des API. Je pense avoir le plus gros d'une spec utilisable, mais il reste à la confronter avec qui veut aller de l'avant sur le sujet. Voilà pour la synthèse. Je suis toujours preneur de commentaires, avis et suggestions pour développer le sujet ou corriger certains points. A bientôt, --- Liste de diffusion du FRnOG http://www.frnog.org/
[FRnOG] Re: [TECH] Modèle économique des interconnexions en datacenter
Bonsoir à tous, J'ai profité du week-end pour compiler les retours. Deux éléments clefs en ressortent : - Justesse des tarifs - Maintenance des liens Je vais tenter d'être synthétique sur les deux, mais c'est un peu complexe. * Justesse des tarifs On a un problème de péréquation à deux niveaux non connexes. Au premier niveau il y a le problème de rentabilité du datacenter qui surfacture les liens bien au delà de ce qu'ils coûtent à produire. C'est causé par la compétition qui a amené les tarifs de baie autour de 500€/mois la 2-3kVA DF dans les extrêmes, 700-800 en prix moyen unitaire. Les tarifs des baies étant proche du coût de production, tendance moins de 5% de marge, il faut bien se rattraper quelque part pour ne pas plomber les investisseurs. Donc les récurrents sur les liens sont naturellement démesurément élevés parce que les tarifs des baies comportent des marges démesurément faibles. Cette structure de prix est insincère et bancale, de fait trop peu lisible, pour être admissible. Seulement c'est ainsi que les appels d'offres se remportent. * Maintenance des liens En théorie, un câble en place ne bougera pas de si tôt, et le fait de devoir provisionner des frais de maintenance dessus est assez incongru. En pratique (très synthétique), c'est là où les récurrents sont les plus élevés qu'il y a le plus de problèmes opérationnels (liens rompus, bagot, performances optiques déplorables)… Et là ou les liens sont en CAPEX pur qu'on a le meilleur service. Cependant, en terme contractuel, un récurrent faible adossé à une garantie de remise en état sous astreinte est fondée. C'est toujours ça de moins à traiter en tant que client du datacenter, pourvu que la communication relative aux incidents sur câbles et délais de réparation soit irréprochable. Le fond du problème de péréquation est là : la répercussion des coûts, délais et incidents sur la production de services aux "clients du client". Et donc le fait que le client du datacenter se trouve souvent entre le marteau et l'enclume. Donc après le "Merci Captain Obvious", concrètement, ça donne quoi ? Un datacenter qui met 6 mois et moult tracasseries administratives à me livrer un crossco est un site à fuir. Un datacenter qui me facture un récurrent élevé sur un service facturé normalement moins cher limite mon potentiel de développement commercial sur des services de secours, low-cost, alternatifs… Bref, tout ce qu'on fait entre gens du réseau. Et par élevé j'entends plus de 200€/an/paire -> référence au tarif de la paire (cuivre) ou du lien (mono-fibre) en dégroupage. Un datacenter qui facture 5 fois le même câble à l'occasion de la mise en service de chaque paire est un escroc, à moins que la baie ne soit vraiment pas chère tendance gratuite. A contrario, le juste tarif du câble, avec un lien posé en moins de 48h, peu d'interruptions (genre 20-50 ans de MTBF unitaire), de bonnes perfs optiques, d'autres services associés, ça peut justifier un tarif de baie un peu plus élevé que la moyenne. Certainement pas du double, mais il y a un équilibre à trouver. Sur le volet des "process", on manque d'un moyen d'identifier rapidement les liens hors-baie, lister les liens existants ou passés (pour rechercher les oublis), lister les prospects intra-DC pour l'établissement de nouveaux PNI sur un modèle de câblage en direct… Là c'est un SI à peu près homogène entre les différents opérateurs de datacenter qu'il faudrait imaginer, au moins sur le plan des API. Je pense avoir le plus gros d'une spec utilisable, mais il reste à la confronter avec qui veut aller de l'avant sur le sujet. Voilà pour la synthèse. Je suis toujours preneur de commentaires, avis et suggestions pour développer le sujet ou corriger certains points. A bientôt, -- Jérôme Nicolle 06 19 31 27 14 --- Liste de diffusion du FRnOG http://www.frnog.org/
Re: [FRnOG] Re: [TECH] Modèle économique des interconnexions en datacenter
Youssef, Le 07/05/2015 11:48, Youssef Bengelloun-Zahr a écrit : > ==> Il y a des DCs qui offrent à minima 2 MMRs, si ce n'est plus (2 MMRs > par zone ou salle, système de MMRs satellites). En effet, mais avec les mêmes process / intervenants / fournisseurs, donc un problème structurel dans une MMR peut se retrouver dans l'autre. Enfin par structurel j’entends la sauce kebab sur les férules, faute d'hygiène des intervenants, naturellement. > ==> Je pense que le problème de fond reste le fournisseur et sa qualité. > Je serai toi, je m'inquièterai un peu... Certains sites offrent des SLAs > très clairs, mais pas toujours suffisement contraignants financièrement, > pour maintenir le service. Est ce qu'on peut vraiment compter sur ce genre de SLA ? Je n'ai jamais trouvé de DAF ou baveux capables de mettre en rapport les risques et les pénalités de toute façon, donc elles sont forcement déconnectées des réalités. > ==> En P2P, tout est possible. Tant qu'on respecte les best practice > lors du passage par les "parties communes". Tout à fait. Donc avec une offre de MMR attractive et l'offload de tout le spécifique sur une offre P2P, on ne devrait léser personne. @+ -- Jérôme Nicolle 06 19 31 27 14 --- Liste de diffusion du FRnOG http://www.frnog.org/
Re: [FRnOG] Re: [TECH] Modèle économique des interconnexions en datacenter
Salut, * Arbitrage > > Alors, câbles point à point ou MMR ? Je pense qu'on a tous intérêt à ce > que les deux coexistent dans tous les sites. ==> Ménager la chèvre et le choux, cela pourrait constituer une solution. > Ca permet plusieurs choses : > > - Une seule MMR est un SPOF, les câbles P2P permettent de sécuriser un > circuit critique > ==> Il y a des DCs qui offrent à minima 2 MMRs, si ce n'est plus (2 MMRs par zone ou salle, système de MMRs satellites). > - Si la MMR du datacenter est mal tenue, alors les P2P peuvent servir à > en créer une alternative privée > ==> Je pense que le problème de fond reste le fournisseur et sa qualité. Je serai toi, je m'inquièterai un peu... Certains sites offrent des SLAs très clairs, mais pas toujours suffisement contraignants financièrement, pour maintenir le service. > - On peut imposer un type de support en MMR (G.652d quoi) et faire du > spécifique en P2P > ==> En P2P, tout est possible. Tant qu'on respecte les best practice lors du passage par les "parties communes". My 2 cents. -- Youssef BENGELLOUN-ZAHR --- Liste de diffusion du FRnOG http://www.frnog.org/
[FRnOG] Re: [TECH] Modèle économique des interconnexions en datacenter
Bonjour, Merci à tous pour vos premiers retours. A mon tour de prendre le temps de développer un peu. D'ailleurs, c'est aujourd'hui le trolldi de la semaine du coup ? Je vois deux éléments clefs dans le débat : process opérationnel d'une part, et coûts de l'autre. * Process opérationnel et fiabilité Il s'agit essentiellement de la prévisibilité des délais. Peu importe (enfin presque) qu'il faille deux heures, deux jours ou deux semaines pour créer une interco, il faut que les délais soient garantis. Je en parle pas d'une pénalité ridicule et d'un engagement virtuel, mais bien de la garantie que toutes les dispositions soient prises pour que le délai annoncé soit toujours tenu. C'est essentiel dans le service delivery de l'ensemble des clients du datacenter. Si un délai nominal de 2 semaines est correctement tenu, et pour un prix raisonnable, alors on peut même envisager qu'une option "h+2" existe pour les situations de crises, avec un surcoût à la clef. C'est par contre inacceptable si l'offre de base ne tient pas ses promesses. En terme de fiabilité, là c'est simple : un x-co ne DOIT PAS pouvoir bouger. Il n'y a aucune excuse valable à la perte de performance optique ou à l'interruption de service d'un circuit passif. Pour cette seule raison, et parce qu'il n'y a pas d'alternative à leurs meet-me-room une fois enlisé sur site, je ne comprends pas que quiconque puisse encore envisager d’acheter quoi que ce soit à Equinix. Leur comportement vis à vis des x-co relève de l'incompétence et de la mauvaise foi. Je trouve irresponsable de leur part de ne pas avoir clairement engagé des démarches visant à régler le problème alors que des signalements d'anomalies de ce type m'arrivent au moins mensuellement. Dur de travailler en confiance avec ces gens là. Hors on ne peut pas faire d'infrastructure critique sans confiance en un fournisseur essentiel. * Coûts J'aime bien les modèles qui reflètent des coûts réels. C'est transparent, sincère, et plus simple. Les deux premiers critères font partie du besoin de confiance entre client et fournisseur sur des éléments critiques. C'est aussi plus simple car dès lors qu'on cherche à faire payer "le prix que le client est prêt à y mettre" et non "le prix que ça coute plus marge décente", c'est du marketing voir de l'arnaque, plus du commerce, et les droïdes pousse-propale se contorsionnent et ridiculisent à justifier un modèle déconnecté des réalités. Ça marche d'ailleurs dans les deux sens : j'étais surpris de ne pas avoir de frais de dossier lorsque je pose un câble à TH2, alors que le customer service doit éditer des plans, étiquettes, et gérer un planning d'intervention de tiers pour qu'on ne se marche pas dessus lors des poses. Du coup, on le paye avec un prix à la baie sensiblement plus élevé qu'ailleurs. Ce n'est pas forcement l'approche la plus pertinente mais elle convient à la plupart de mes clients. Alors dans un modèle basé sur les coûts réels, qu'est ce qui coûte ? Les fournitures sont proportionnelles à la distance et au nombre et type de brins. Lisser les distances simplifie beaucoup les choses, et rend le modèle plus équitable (il n'y a plus de "sweet spot" plus recherchés que d'autres à cause de leur position centrale). Lisser à la capacité a aussi du bon : plus de brins par câble peut conduire à occuper moins de place dans les passages de câbles. Mais ça n'a pas vraiment de sens en dehors d'un raccordement à une meet-me-room ou à des endroits stratégiques comme des IX, MMR privées/alternatives ou fournisseurs de boucle locale, n'est ce pas ? Vient ensuite le coût humain : le temps passé à poser un câble et, dans le cas d'une MMR, à le patcher. C'est du "one shot", point final. Reste la "valeur" du droit d'occupation des "parties communes" d'un datacenter. J'aime bien l'analogie avec une co-propriété vu que tous les cas tordus de ces dernières ont du être explorés depuis le temps. S'il y a un droit d'usage à valoriser, il est au linéaire ou au volume de câble, non ? Il ne peut pas être à la paire. Qu'il soit récurent n'est pas un problème mais il doit être proportionné. Si un m2 de sale vaut 400€/mois hors jus, un câble empilable occupant du coup un vigtième du même mettre carré pourrait valoir 20€/mois. Mais c'est déjà un très gros câble, non ? Même chose si on valorise la place prise en MMR. On peut connectoriser 48 brins par U sans serrer. 96 en LC quad. Mais si on supprime les connecteurs pour splicer à chaque fois, on arrive à près de 200 splices possibles par U. Je parle là de U "demi profondeur", donc 80 dispo par m2. Avec un coût proportionnel à la ressource consommé, pas de souci, la présence en MMR peut être facturée périodiquement. * Arbitrage Alors, câbles point à point ou MMR ? Je pense qu'on a tous intérêt à ce que les deux coexistent dans tous les sites. Ca permet plusieurs choses : - Une seule MMR est un SPOF, les câbles P2P permettent de sécuriser un circuit critique - Si la MMR du datacenter est mal tenue, alors les P