http://www.bortzmeyer.org/7855.html

----------------------------

Auteur(s) du RFC: S. Previdi, C. Filsfils (Cisco
  Systems), B. Decraene, S. Litkowski
  (Orange), M. Horneffer (Deutsche
  Telekom), R. Shakir (Jive
  Communications)

----------------------------


    Traditionnellement, la transmission d'un paquet IP au routeur suivant 
était faite uniquement sur la base de l'adresse de *destination*, sans 
tenir compte du reste du paquet. Et la décision est prise par chaque 
routeur, sur le trajet, en complète indépendance. Or, l'émetteur d'un 
paquet voudrait souvent décider de la route suivie ou, au minimum, 
l'influencer. C'est pour cela qu'il existe des mécanismes de *routage 
par la source* ("source routing"). Leurs défauts et leurs limites ont 
mené à la recherche d'une meilleure solution, dite SPRING ("Source 
Packet Routing In NetworkinG"). Ce RFC est la description du problème.

    Notez que le terme « source » a, pour SPRING, un sens plus large que 
lorsqu'on parle habituellement de "source routing". Dans ce dernier 
cas, la source était uniquement l'émetteur original. Pour SPRING, la 
source est l'endroit où on définit la politique de routage ultérieur, 
elle peut se situer au milieu du trajet.

    Avant SPRING, il y avait plusieurs solutions permettant à la source de 
décider du routage mais aucune n'a été largement déployée (à part 
MPLS). C'est dû en partie à leur manque de souplesse, en partie à des 
problèmes de sécurité.

    La future solution SPRING doit être un meilleur système (section 1 du 
RFC), et déployable de manière incréméntale (il ne serait évidemment 
pas réaliste de devoir changer tout l'Internet). En outre, l'état doit 
être maintenu dans le paquet lui-même, pas dans les routeurs 
intermédiaires. L'expérience de l'Internet a en effet largement montré 
que pour faire marcher un grand réseau complexe, il ne faut pas 
maintenir d'état dans les nœuds intermédiaires.

    SPRING devra être assez général marcher avec plusieurs mécanismes de 
transmission des paquets ("dataplanes", cf. section 2). Les principaux 
visés sont MPLS et IPv6 avec un nouvel en-tête de routage (cf. RFC 
2460, section 4.4).

    La section 3 présente plusieurs scénarios d'usage, pour montrer 
pourquoi un système tel que SPRING est utile. Il y a par exemple la 
création de tunnels pour faire des VPN (RFC 4364).

    Il y a aussi le reroutage rapide de paquets (FRR, "Fast ReRoute"), et 
bien sûr l'ingéniérie de trafic. Pour ce dernier scénario, notre RFC 
demande que la future solution SPRING permette des options strictes (le 
paquet suit exactement le chemin spécifié) ou laxistes (le paquet suit 
à peu près le chemin spécifié), puisse fonctionner en centralisé (SDN) 
ou en décentralisé, etc.

    Une des raisons du peu de déploiement des solutions de routage par la 
source est évidemment la sécurité (section 4 du RFC). SPRING met le 
chemin désiré dans le paquet (pour éviter de garder un état dans le 
réseau). Or, si on suit aveuglément les desiderata de chaque paquet, on 
ouvre la voie à des tas d'attaques. Par exemple, un paquet spécifie un 
détour considérable par un autre pays, et cela occupe pour rien les 
liaisons internationales. Un paquet spécifie un trajet qui boucle et 
les routeurs qui lui obéiraient feraient une attaque par déni de 
service contre eux-mêmes.

    Le RFC impose donc que SPRING fournisse un mécanisme de « domaines de 
confiance » avec des frontières bien claires. Si un paquet vient d'un 
domaine de confiance, on lui obéit. S'il vient de n'importe où sur 
l'Internet, on ignore ses demandes (ou bien on vire ces options de 
routage par la source lorsque le paquet change de domaine).

    La réalisation concrète de SPRING sur un système de transmission donné 
(comme MPLS ou IPv6) doit également documenter les risques spécifiques 
à ce "dataplane". Par exemple, MPLS est en général utilisé uniquement à 
l'intérieur d'un domaine contrôlé et connu (le réseau d'un opérateur) 
alors qu'IPv6 est de bout en bout donc pose davantage de risques (mais 
il dispose de possibilités supplémentaires, comme la signature 
cryptographique des en-têtes).

    Il faut maintenant attendre les RFC décrivant les solutions, ils sont 
en cours de développement dans le groupe SPRING 
<https://tools.ietf.org/wg/spring/>.

  


---------------------------
Liste de diffusion du FRnOG
http://www.frnog.org/

Répondre à