http://www.cyberpresse.ca/article/20071215/CPACTUALITES/71215115/6488/CPACTUALITES La route, un terrain toujours mortel Le samedi 15 décembre 2007 Mathieu Perreault La Presse La vitesse, l’alcool et les jeunes expliquent l’essentiel de la différence entre le Québec et l’Ontario. Au Québec, il y a 80 % plus de condamnations pour alcool au volant, et les collisions mortelles sont presque deux fois plus souvent causées par la vitesse qu’en Ontario. Les jeunes de 16 à 24 ans sont responsables de près de la moitié de l’excédent de morts sur les routes par rapport à l’Ontario. Par contre, les autoroutes causent le même taux de mortalité. Donc, les efforts doivent être faits ailleurs. Ce sont là les conclusions les plus frappantes de l’analyse de La Presse. Elles ne mettent pas seulement en cause la tolérance des Québécois pour la vitesse au volant. Une différence importante entre le Québec et l’Ontario, voire avec le reste de l’Amérique du Nord, pourrait être en cause : les Québécois sont beaucoup plus tolérants que les Ontariens quant à l’âge auquel les jeunes peuvent consommer de l’alcool – en pratique, les Québécois commencent à boire deux ou trois ans avant les autres jeunes. De nombreuses études ont montré que l’âge légal d’accès à l’alcool a un impact important sur le bilan routier des jeunes automobilistes. « La question n’est pas totalement réglée, parce que les études sont contradictoires », explique Bruce Simmons-Morton, psychologue à l’Institut national de santé de l’enfant, à Washington, qui se spécialise dans l’étude des jeunes automobilistes. « Mais il semble bien que l’âge auquel on autorise les jeunes à fréquenter les bars et à acheter de l’alcool a un impact sur leur risque d’avoir un accident de la route. » Au Québec, les conducteurs de 16 à 19 ans risquent quatre fois plus de mourir dans un accident de la route qu’en Ontario. Si on prend seulement les accidents liés à l’alcool, les conducteurs adolescents risquent trois fois plus de mourir qu’en Ontario. Comme il n’y a pas tant d’automobilistes dans ce groupe d’âge, l’impact total semble restreint. Mais si on inclut les 20-24 ans et les passagers de 16 à 24 ans qui meurent sur la route, on peut expliquer 45 % de l’écart entre les bilans routiers québécois et ontarien. Comme on l’a souvent entendu ces dernières semaines, si les routes de la Belle Province étaient aussi sûres que celles de sa voisine de l’ouest, il y aurait 200 morts de moins par année : 500 plutôt que 700. Irresponsables, les jeunes ? À l’Université Laval, le mathématicien Jean-Marie de Koninck, fondateur de Nez rouge et président de la Table de concertation sur la sécurité routière, estime qu’il faut mettre l’accent sur l’alcool. « L’alcool explique 32 % des accidents au Québec, et 23 % en Ontario, indique-t-il. Il y a ici une tolérance envers l’alcool qui est renforcée par le fait que la limite administrative de 0,05 n’existe pas. Et personnellement, je ne crois pas que les jeunes sont les plus irresponsables. Ils sont souvent plus ouverts à l’idée du conducteur désigné que les plus vieux. » Une analyse des condamnations appuie la thèse de M. de Koninck. Entre 2002 et 2004, il y a eu plus de condamnations criminelles liées à l’alcool au Québec qu’en Ontario (14 367 comparativement à 12 101). Comme il y a moins de conducteurs au Québec, le taux par tranche de 1000 conducteurs était plus de deux fois plus élevé : 3,1 contre 1,4. Et ce, même si le nombre de contraventions liées au Code de la route était seulement d’un tiers plus élevé au Québec (0,13 contre 0,17 par conducteur). « Je ne pense pas que ça veuille dire que les policiers québécois sont plus sévères que ceux de l’Ontario, dit M. de Koninck. Il y a tout simplement plus de conduite en état d’ébriété au Québec. » Cela dit, la vitesse cause plus des deux tiers des accidents mortels au Québec (37 %), alors qu’elle en cause de 13 % à 19 % en Ontario. Et comme il y a légèrement moins d’accidents mortels sur les autoroutes interurbaines (vitesse limite 100 km/h) au Québec (8,6 %) qu’en Ontario (10,4 %), les excès de vitesse sont surtout commis sur des routes rurales, sur des autoroutes et des boulevards urbains (comme Ville-Marie, Décarie ou Taschereau) ou en ville. Le bilan routier québécois est moins bon que celui de l’Ontario, mais il est presque identique à la moyenne canadienne, notamment parce que l’Alberta et la Colombie-Britannique font bien pire. Faut-il nécessairement se flageller en se comparant avec l’Ontario ? « Il faut se souvenir que le Québec a déjà eu le meilleur bilan routier, dit M. De Koninck. On a déjà été le leader nord-américain pour le taux de port de la ceinture de sécurité, en 1999, avec 95 %. En 2003, on était encore premier au Canada avec 93 %. Maintenant, on a glissé au sixième rang canadien avec 91 %. Il faut se comparer aux meilleurs. »
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