Mr. Sharangabo,
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J. Ssenyange
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Subject: [Ugnet] RDC: VERS UNE IRAKISATION DU CONGO?(L'OBSAC)
Date: Thu, 2 Nov 2006 09:52:28 -0500 (EST)
Volume 9, octobre 2006
RDC
Vers une irakisation du Congo?
27 octobre 2006
Depuis la conclusion du premier tour des élections, sous forme de
bataille rangée entre les hommes de mains des deux principaux candidats qui
doivent maintenant s'affronter politiquement au second tour des
présidentielles et qui ont donné leur parole (par représentants interposés,
hé, hé!) qu'ils ne recourreraient plus à la violence au cours du deuxième
tour, la caractéristique la plus remarquable de ce deuxième tour a
justement été... la violence!
À peine lancé ce deuxième tour est déjà marqué, comme le faisait
remarquer le journal Le Potentiel, par des actes de violence. Ainsi, le 17
octobre, sept personnes ont été blessées à Lodja, dans la province du Kasaï
oriental au centre du pays, lors de combats opposant les partisans des deux
adversaires à la présidence. Le même jour, à Mbandaka, dans la province de
lEquateur, à lOuest du pays, les partisans de Kabila ont battu au moins
cinq femmes lors dune manifestation électorale quand des enfants se sont
mis à railler leur convoi électoral en criant le nom de leur adversaire,
Bemba.La violence électorale a débordé des frontières du Congo et a même
atteint lEurope. A Londres, alors quils entraient dans le parking dun
studio de télévision le Il octobre, le chef de cabinet de Kabila, Leonard
She Okitundu et deux autres personnes ont été attaquées et battues par un
groupe de Congolais. She Okitundu a été totalement dévêtu par ses
assaillants et a dû ensuite être
hospitalisé.(...) Le 18 octobre, le directeur de campagne de Bemba dans
le Katanga, Theodore Ngoy, sest vu empêcher de mener campagne à Lubumbashi
lorsquun groupe de jeunes hommes, menaçants, fidèles à Kabila, ont cerné
son hôtel. (...) Ceci sest produit après une précédente attaque le 12
octobre, dans les bureaux de la station de radio privée appartenant à
Bemba. Des hommes en armes avaient alors détruit lessentiel du matériel de
radiodiffusion. La campagne électorale a également exacerbé les tensions
ethniques dans la province déjà très instable du Nord Kivu, dans lEst du
pays. Le gouverneur de la province, Eugene Serufuli, na pu mener campagne
dans certaines parties du territoire Rutshuru à cause de troupes fidèles à
Laurent Nkunda. Pour sa part Yerodia Ndombase s'est rendu à Goma pour
rééditer son message haineux d'août 1998 contre les Tutsis : « Si vous ne
retournez pas chez vous,» a déclaré Yerodia, « on vous mettra des bâtons
dans le derrière pour sassurer
que vous partiez. » (Le Potentiel). Dernier impair en date d'hier le 26
octobre, la prise en otage de Nzanga Mobutu par des partisans armés du
Chairman Jean-Pierre Bemba. Évidemment, il y a du avoir beaucoup d'autres
incidents qui n'ont pas bénéficié de la même couverture médiatique.
Les récents appels urgents à l'inclusion des perdants dans les
institutions de l'État par des représentants de la communauté
internationale constituent aussi, selon nous, un exemple pathétique de
l'échec du processus de paix engagé en RDC depuis la signature des accords
de Pretoria en 2003. De toute évidence on a pas encore compris la nature
véritable de la dynamique politique qui règne en RDC. Ceci n'est peut-être
que le début, il faut sans doute s'attendre au pire après la proclamation
des résultats du second tour : les troupes de la MONUC et celle de l'EUFOR
en sont bien conscientes à présent; elles, qui il y a quelques mois,
croyaient que tout ça ne serait qu'une simple balade touristique sous les
tropiques. Disons le carrément, ça pourrait sous peu commencer à ressembler
à la decente aux enfers des Américains en Irak et de l'OTAN en Afghanistan.
Tout comme en Irak et en Afghanistan, les puissance occidentales ont
berné leurs opinions publiques en ce qui concerne la réalité du terrain
politique congolais. Dans le cas présent, il s'agit surtout de Paris et
Bruxelles qui, pour des raisons d'intérêts géopolitiques, ont entraîné
leurs alliés dans ce qui ressemble de plus en plus à un authentique
bourbier. Ces deux capitales européennes avait décidé d'entrée de jeu
d'appuyer Joseph Kabila et avait convaincu tout le monde qu'une victoire
électorale au premier tour des présidentielles était dans la poche. On a
donc à la fois ignoré les autres candidats et exclu la principale formation
politique de l'opposition politique. Comme de plus on a fait tout ça avec
suffisance et arrogance, fallait-il s'étonner du mécontentement d'une bonne
partie de la population congolaise qui a bien senti que l'Occident, comme
d'habitude, cherchait à lui imposer sa marionnette. C'est cette attitude
qui a conduit la population à barrer la route
lors du premier tour "au candidat de l'extérieur", que certains de ces
adversaires n'ont d'ailleurs pas manqué de qualifier "d'étranger" (voir à
ce propos un article du journal Le Monde du 27 octobre 2006).
En dépit de l'échec du premier tour, la même communauté internationale a
continué à pousser pour un second tour, sans régler les vrais problèmes
entrourant le processus électoral : exclusion de l'opposition politique,
refus de l'imposition de Kabila par une large part de la population,
l'échec du désarmement des milices armées (congolaises et étrangères) et de
l'intégration des anciens belligérants dans une armée nationale et
républicaine, la plaie toujours ouverte des conflits ethniques dans l'est
du pays, la mauvaise gestion et le pillage de l'appareil d'État et des
ressources naturelles (la saignée de la GECAMINES par le clan de Joseph
Kabila).
Bref, tout ça ne compte pas pour la communauté internationale, tout ce
qui lui importe c'est de mettre Joseph Kabila sur le trône congolais pour
ensuite consolider les circuits économiques d'une mise en coupe sombre des
richesses congolaises; et cette fois-ci pas de manière artisanale, mais
bien avec des moyens industriels. Voilà donc le "processus démocratique"
qui a coûté et qui continu à coûter des milliards pour les contribuables du
monde occidental. De l'Irak à l'Afghanistan, en passant par la RDC c'est la
même rengaine du progrès social et économique par l'imposition du sacrement
des élections; le paradis étant alors censé apparaître par l'imposition du
Saint-Esprit de la démocratie (sic). En d'autres termes, tout ça c'est la
pensée magique au service de la Françafrique et de ses cousins de
Bruxelles.
En attendant de voir ce qui se passera lors du scrutin de dimanche
dimanche le 29 octobre, on peut d'ores et déjà prévoir le début d'un
processus d'irakisation du Congo. En lieu et place du clivage
sunnites/chiites, on a la division entre l'est et l'ouest, à la laquelle il
faut ajouter la poudrière déjà fumante du Kivu, sans oublier les éléments
incontrôlés des FARDC, les milices maï-maï, rwandaises, ougandaises et
burundaises qui vadrouillentsur les grands chemins et en brousse en
détroussant et en violant le petit peuple. Il n'y a pas beaucoup d'éléments
dans tout ça qui militent en faveur d'une paix durable après les élections,
et ce, quelque soit le vainqueur. Wait and see
La rédaction
Sharangabo Rufagari
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