Bonjour
Je n'écris pas souvent ici, mais je suis tous les
débats avec grand intérêt.
Je tenais simplement à féliciter tous ceux qui ont
contribué à la création de l'APPQ. J'avais été invité à donner une conférence
sur place, mais, pour des raisons d'horaire, je n'ai pu accepter. J'aurais
pourtant bien aimé assister en direct à cet événement.
Je ne suis pas un des médecins les plus directement
impliqués dans le préhospitalier actuellement, mais ce n'est pas par manque
d'intérêt. J'avoue avoir eu la chance de participer à quelques actions assez
importantes depuis 1991, année du premier programme de MDSA en Montérégie, et
c'est chaque fois avec un grand plaisir. A l'autre bout du calendrier, je
constate que ce qui se passe aujourd'hui à Urgences-Santé et autour est
également excitant. J'ai tendance à penser que l'implication majeure de
collègues comme le Dr Marcel Boucher y est pour quelque chose, et je tiens à
souligner son grand dévouement. Est-ce un hasard si, en 1991, le Dr Boucher
avait déjà lui-même initié le projet MDSA-Montérégie (et avait amené avec
lui quelques "jeunes" comme moi, Colette Lachaine -- aujourd'hui directeur
médical dans les Laurentides, Alphonse Montminy -- coordonnant aujourd'hui le
projet ALS, Pierre Godin et Alain Thibert, notamment) et que André Giroux s'y
trouvait comme directeur? Je ne sais pas, mais il est certain que nous vivons
une époque plutô palpitante.
Ayant eu la chance dernièrement de donner deux
demi-journées de formation à US, dans le cadre du projet ALS, j'y ai rencontré
18 "paramédics" ( ;-)) motivés à bloc, très intéressés, performants, se donnant
à fond à leur apprentissage, en voulant toujours plus. Ceci est de très
bonne augure pour la suite des choses. J'ai d'ailleurs bien hâte de voir
l'évolution de ce projet sur la route.
Certains de ces paramédics (abolisons maintenant
les guillemets) ont noté que les choses avançaient trop lentement, que le nombre
de protocoles était trop restreint, etc. Ils en voulaient plus. Tant mieux, quel
appétit! Mais je me dis plutôt à cet égard qu'il y a des murs à franchir et des
courses de fond à faire, et que les deux approches ne demandent pas les mêmes
techniques. Quand il s'agit de franchir un mur, on fait moins de chemin, mais on
change de territoire, ceui peut être moins spectaculaire mais parfois aussi
improtant.
L'arrivée des MDSA en 1992 pouvait aussi être vue
comme un bien petit pas, alors que le monde reconnaissait partout leur
importance depuis longtemps. Pourtant, c'était une étape aussi capitale que
difficile à réaliser, donc la réussite était alors cruciale. C'était le premier
mur, franchi avec succès. Le Combitube n'était peut-être pas l'outil idéal, en
1993, cependant c'était une autre avancée importante. Certains disaient que le
projet Epipen correspondait à enfoncer une porte ouverte... mais c'était aussi
la première fois qu'un médicament était administré de manière autonome en
préhospitalier par des paramédics (au Québec bien sûr..., du moins dans les
récentes années, bien sûr, bien après une "grande époque" dont je n'ai rien
connu).
Il ne faut pas mésestimer l'importance de ces
étapes. La suite des choses en dépend, même si le temps est long pour certains.
Or, tout semble sur la bonne voie. Les projets actuels foisonnent de promesses,
et de plus, ils se réalisent! Dans ce contexte,
la création de l'APPQ peut être vu comme un autre jalon important, et semble
aussi reposer sur des bases solides. Un tel regroupement ne peut qu'accentuer la
cohérence des événements actuels. Je suis moi-même bien content d'en être membre
honoraire.
J'irai jusqu'à admettre que tout ce qui se passe a
fait quelque peu évoluer la façon dont je vois les questions liées, par exemple,
aux soins "ALS". On pourra se rappeler certains débats intéressants ayant eu
lieu sur cette liste. Bien que je sois encore persuadé de l'importance de bien
évaluer l'impact toute évolution en ce sens, je comprends mieux aujourd'hui que
des aspects moins concrets sont aussi importants que "l'évidence scientifique".
Dans la période que nous traversons, de tels
projets ont en effet un rôle qui dépasse largement le cadre strict de la
science: il s'agit aussi de contribuer à créer une identité forte parmi les
praticiens du préhospitalier, de contribuer à améliorer par rayonnement
l'ensemble des actions, de favoriser une évaluation plus approfondie des
résultats et de créer des liens de plus en plus solides avec les autres
disciplines d'urgence, médecins ou infimières. Tous ces effets ne se mesurent
pas nécessairement aussi facilement qu'un taux de survie brut, mais contribuent
à créer un système cohérent de réponse aux urgences, dont nous sommes encore
bien loin. Si j'ai pu changé quelque peu ma façon de voir ces choses, c'est en
bonne partie grâce aux discussions ayant eu lieu ici, notamment à cause des
fatigants comme Charles Brault et Stéphane Gascon, qui ne lâchent jamais le
morceau, mais aussi tous les autres qui contribuent à ces débats, et évidemment
à celui qui e fut l'instigateur, Frédéric Giroux.
Tout n'est pas facile dans ce qui s'en vient, mais
je suis persuadé que nous vivons actuellement une accélération (certains diront
une rattrapage accéléré...) de l'histoire, que les prochaines années sont là
pour ceux qui veulent avancer.
Les résultats seront à la hauteur de la qualité des
énergies qui seront investies, et je pense que l'APPQ aura un rôle capital dans
cette évolution. Alors encore une fois, chapeau à
tous les organisateurs et bonne chance à tous pour le reste.
Alain Vadeboncoeur MD
Institut de cardiologie de Montréal
& Urgences-Santé
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- S.M.U: résumé APPQ (assez long....) Dominic Chaput
- Alain Vadeboncoeur