Bonsoir tout le monde.

Ce qui arrive est un symptôme d'une crise annoncée depuis bien longtemps.

Les paramédics ont porté le système à bout de bras, envers et contre tous (et 
surtout contre le ministère de la santé...) depuis plusieurs années, et 
maintenant on commence à manquer d'énergie.

Nous avons plus d'actes à poser, plus de paperasse à remplir (à quand un 
formulaire unifié, pour que je n'aie à écrire le nom du patient qu'une seule 
fois au lieu de 2, 3 ou même 4 fois????).  C'est certain que les délais se sont 
allongés avec les années, sans compter le fait que le patient ne peut pas 
toujours être immédiatement pris en charge par le CH receveur.

Et les fameux 7/14, mesure temporaire depuis 1988..... Je crois qu'il serait 
temps qu'un avocat commence à penser à un recours collectif contre le MSSS pour 
"mise en danger de la population".  Je ne sais pas si ça tiendrait devant une 
cour de justice, mais on peut toujours rêver...

Tommy, tu disais: "J'ai bien hâte de voir les explications que l'agence va 
donner pour « justifier » ce délai..".  L'agence va trouver une façon de s'en 
sortir en mettant la faute sur l'entreprise ambulancière ou sur les paramédics 
qui n'ont pas été assez rapides pour se libérer.  Peut-être aussi sur le CCS, 
qui n'a pas pensé à déployer la flotte de façon dynamique.  Mais je serais 
extrêmement surpris d'entendre quelqu'un de l'agence dire que c'est de leur 
faute, parce qu'ils n'ont pas autorisé suffisament d'ambulances pour couvrir 
efficacement le territoire, ou encore parce qu'ils ont voulu économiser en 
gardant le 7/14 au lieu de mettre des quarts à l'heure.  Peut-être même qu'un 
gestionnaire pourrait faire une conférence de presse pour expliquer pourquoi il 
a préféré couper dans le budget du préhospitalier pour justifier son bonus de 
fin d'année, plutôt que de dépenser adéquatement les $$$.  Tant qu'à délirer, 
pourquoi le ministre de la santé ne prendrait-il pas le blâme pour ne pas avoir 
eu la présence d'esprit de constater que le système est désuet et que des 
modèles fonctionnant bien existent pas trop loin du Québec...

Non, comme on dit en latin "Shit goes down the hill", et qui est en bas de la 
côte: nous et les répartiteurs, ceux qui sont directement imputables de la 
qualité de leur travail.  Pas les gestionnaires qui, lorsqu'ils font des 
gaffes, peuvent toujours mettre la faute sur quelqu'un d'autre....

Stéphan, tu disais: " ça commence à faire légion, les situations 
"exceptionnelles" de temps de réponses élevés?"  Justement, elle est là la 
beauté du système.  On ferme les yeux, on laisse couler, et on finit par se 
dire que les délais augmentés sont maintenant normaux, et qu'il va falloir 
changer les règlements.  Au lieu de demander une arrivée en-dedans de 4 
minutes, on va tolérer, puis règlementer, une arrivée en-dedans de 6 minutes... 
C'est le bon vieux principe du nivellement par le bas, ou le principe 
d'attrition: On s'habitue à fonctionner avec moins de ressources....  Et pour 
justifier les délais, on n'aura qu'à dire que "de toutes façons, pour les 
arrêts cardiaques, le délai ne change pas grand chose au taux de survie..." ou 
quelque chose dans le genre.  Et tant pis pour les patients vivants qui eux 
pourraient en bénéficier.  

À Ottawa, ils doivent embaucher 60 paramédics de plus (temps plein permanent), 
ce qui représente donc 30 équipes de plus, réparties sur 4 rotations, mettons 
donc 8 équipes de plus par quart de travail, pour arrondir.  Et tout ça parce 
que dernièrement les temps-réponses moyens sont une minute plus long que la 
règlementation ministérielle ne le permet.  Çe me semble une approche 
pro-active valable, elle sera donc automatiquement rejetée par le ministère de 
la santé du Québec.  Pourquoi ils essaieraient quelque chose qui va bien 
ailleurs, sans refaire au préalable des études qui existent déjà??  

C'est effectivement le système qui est malade. Mais la maladie n'est pas dans 
les bases du système (les paramédics qui veulent que la profession avance), 
mais plutôt dans la tête qui dirige le tout.  Ils préfèrent encore se demander 
comment nous appeler sans que ça leur coûte plus cher et refaire des études 
alors qu'il y en a d'excellentes ailleurs, alors les vraies priorités sont loin 
loin loin....

Ouaip, pas à dire, une montée de lait de temps en temps, ça défoule....  

C'est mon opinion, et tout le monde a droit à mon opinion.  

Paramédicalement vôtre... 

Sébastien Gagnon, AEMCA

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