Jean Charest se promènera maintenant en avion de location.
L'avion-hôpital du Québec est en effet arrivé au bout de sa vie
utile de 30 000 heures, et le gouvernement du Québec a trouvé cette
solution de dernière minute pour se dépanner.
Tout le matériel médical sera réinstallé dans le deuxième
Challenger de la flotte du gouvernement.
L'avion est identique, sauf pour une chose : contrairement à
l'ancien, celui qu'utilisaient Jean Charest et d'autres ministres n'est
pas muni d'un «gravel kit» qui permet aux avions réactés de protéger
leur carlingue contre la propulsion du sable et du gravier au décollage
et à l'atterrissage.
Le nouvel avion-hôpital ne pourra donc plus se rendre à
Kuujjuarapik et Puvirnituq, sur le bord des baies de James et d'Hudson.
Le seul aéroport asphalté du Nord est celui de Kuujjuaq, aux abords de
la baie d'Ungava.
Tous les malades de la côte ouest nécessitant une évacuation
d'urgence en Challenger devront donc être transportés à l'est vers
Kuujjuaq, puis vers Québec ou Montréal.
Annoncé il y a un an
Comment le gouvernement peut-il être pris au dépourvu alors que la
fin de la vie de son seul avion-hôpital est prévue depuis longtemps ?
Pas plus tard que le 24 janvier 2008, le ministre de la Santé de
l'époque, Philippe Couillard, annonçait en grande pompe que le
gouvernement du Québec allait octroyer 40 millions de dollars pour
l'achat de deux avions neufs pour remplacer le vieux Challenger 601 qui
a permis, avait-il dit, de sauver «des centaines, voire des milliers de
vies».
«Depuis 1981, disait-il, les évacuations aéromédicales du Québec
ont desservi plus de 30 000 patients. De plus, nous remarquons une
forte progression de leur utilisation alors que cette dernière croît de
10 % annuellement.»
Aussi bon service ?
En entrevue, hier, le directeur général de Service aérien du
gouvernement, Lucien Tremblay, a nié que le gouvernement improvisait
dans ce dossier.
«On a travaillé à élaborer un devis technique qui est pratiquement
terminé, a-t-il dit. Les appels d'offres seront lancés au début de
l'été.»
Selon lui, le service d'évacuation en régions éloignées «va être
aussi bon», même si le Challenger ne volera plus à destination de la
côte ouest du Québec.
C'était ce deuxième Challenger qui assurait le service lorsque
l'avion-hôpital était brisé ou en maintenance, comme lorsque l'avion a
atterri sur le nez, à l'aéroport Jean-Lesage, en mars 2008. Maintenant,
ce sera un Dash-8 de Bombardier, un avion beaucoup moins rapide que le
Challenger.