OSM s'est beaucoup fait connaitre à l'occasion de la catastrophe du tremblement de terre en Haïti. C'était en 2010. Déjà 10 ans. Un anniversaire un peu passé à la trappe avec le COVID-19, et non pas à célébrer mais à considérer :
OSM a-t-il fait de réels progrès ou permis de réelles avancées ailleurs dans le monde pour suivre les catastrophes ? La cartographie des pays les moins avancés s'est-elle suffisamment améliorée pour répondre correctement aux besoins d'aujourd'hui, à la demande sociale, réduire les écarts de développement ? Quels ont été les freins ayant empêché un tel développement ? Et suite aux efforts participatifs, les cartes créées dans l'urgence ont-elles été maintenues par une plus grande coopération par les agences nationales officielles (développement de l'Open Data, libéralisation de l'activité de cartographie) et une implication volontaire même de la part de grandes sociétés commerciales où l'outil cartographique est perçu non plus comme un bien privé mais comme une base servant à développer de nouvelles applications ? L'effort participatif est-il maintenant destiné à être repartagé librement et non restreint par des licences qui s'approprient ces efforts (comme le font encore Google et dans de nombreux pays les agences cartographiques nationales, au contraire de Facebook et même Microsoft Bing qui ont pris le pari d'ouvrir leurs données afin de partager les coûts par la participation du plus grand nombre)? Les grands décideurs publics et privés ont-ils compris que la cartographie libre sert aussi à permettre à de nouvelles opportunités de s'inventer et s'adapter aux besoins (locaux ou globaux, permanents ou temporaires en situation de crise), anticiper les crises (voire en estimer la probabilité), planifier les efforts, réduire les délais de mise en oeuvre des politiques, constater les défauts de couverture et les résoudre efficacement en mettre des moyens là où cela rendra le plus grand service tout en maintenant un équilibre territorial en terme d'offres et de disponibilité/d'accessibilité des services essentiels à la population ? Bref cette cartographie libre a-t-elle permis de commencer à effacer les "hot-spots" de développement et les fractures autant territoriales que sociales, avec une trop grande concentration et une trop grande dépendance vis-à-vis de quelques trop gros acteurs ultra concentrés ou centralisés dans des zones ultra favorisées, mais des acteurs devenus incontournables, "too big to fail", et aidés inefficacement à la première crise avec forces milliards dépensés sans que cela améliore la situation globale et la diversité locale, et pourtant devenus totalement incapables par leur trop grande normalisation de prendre en compte la diversité des situations de crise et leur réelle complexité, alors que les efforts locaux coûtent peu, évitent des gaspillages à cause de principes généraux trop stricts appliqués à la lettre ? Le monde ne peut-il pas avoir une plus grande diversité et localisation fine des offres au lieu de continuer sur la voie d'une "mondialisation" poussée, dont on voit bien qu'elle conduit à empirer gravement les catastrophes, et qu'elle complique ou retarde énormément les solutions pour les réparer, avec des coûts cachés qu'on avait largement sous-estimés, voire méprisé comme la prévention passée à la trappe car "inutile" aux besoin à très court terme? "Gouverner c'est prévoir" dit une célèbre maxime. Et pour prévoir, quoi de mieux que de bien connaitre le terrain ? Vive la cartographie libre ouverte à toutes les initiatives locales (même à titre expérimental et temporaire, car on n'apprend réellement bien que de l'expérience de ses erreurs, quand leurs conséquences ont un impact limité, et quand on peut ensuite mesurer les efforts produits et les résultats positifs ou négatifs, si on veut ensuite étendre les solutions ailleurs. Et pourtant on voir toujours partout d'appliquer, souvent par la contrainte, une seule et même "norme", en oubliant à chaque fois toutes les minorités qui se développent partout dans des tas de domaines différents : on est tous devenus membres d'au moins une minorité qui se sent exclue, la "démocratie" de la majorité est celle d'une majorité théorique, de plus en plus restreinte (un peu comme le modèle du "consommateur type" pour les publicistes). Même une logique économique se satisferait d'une déconcentration et de plus de concurrence entre les solutions et de beaucoup plus d'expérimentations locales, pour peu qu'on leur laisse un espace de développement possible et qu'on ne leur impose pas les mêmes contraintes qu'aux grands acteurs promoteurs de leurs propres normes (ainsi que leurs abus quand ils passent en situation de monopole de fait ou oligopole concerté). Et pour ça, le cadre légal et réglementaire doit mieux protéger les petits acteurs, à commencer par le monde associatif ou coopératif mais aussi en déconcentrant les pouvoirs publics et donnant plus de droits aux décideurs publics locaux (leur action doit cependant être ouverte à l'inspection communautaire au sens large: on doit tous avoir un droit de regard sur ce que fait un décideur local voisin, donc savoir ce qu'il fait, et l'aider à prendre les bonnes décisions adaptées à son terrain, en lui montrant d'autres situations comparables mais plus éloignées que ses voisins immédiats; là encore une cartographie globale peut aider à trouver ces situations comparables et comparer les effets des politiques suivies).
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