On 16/12/2015 23:35, andre lasfargues wrote:
Bonjour à toutes et à tous,
Je réponds juste au premier message en en ayant lu un bon fil et si je
défends le logiciel libre tous les jours, je pense aussi que je ne
signerais pas cette pétition.
J'ai bien lu l'accord en lien sur le site de l'april et je ne trouve
rien de bien choquant qu'un projet de partenariat soit signé avec Microsoft.
Pour moi l'éducation nationale n'a aucunement la mission de choisir
entre Logiciel Libre et Microsoft mais bien au contraire d'éduquer à la
pratique des logiciels existants
Bien sur la non-protection de la vie privée et l'enfermement dans des
pratiques numériques sont des ecceuils possibles mais surement pas
seuleument avec les technologies Microsoft.
Je préfèrerais que les acteurs de l'éducation restent ouvert à tous les
logiciels en les enseignants et j'aimerais que l'April m'explique
comment dans l'éducation on pourrait être digne en évitant les
technologies d'un éditeur de logiciel aussi incontournable que
Microsoft.
Bonsoir,
Je suis un des VP de l'April et plus particulèrement chargé des
questions d'éducation.
D'abord, j'apprécie beaucoup que tu "oses" avoir une position dissonante
en l'exprimant sur cette liste. Tu aurais pu dire que vi est vraiment
mauvais mais non. Cela prouve que le climat ici est tout à fait serein
et positif (normal nous sommes entre libristes :-)).
Vu l'heure, je vais essayer d'être clair et bref même si j'ai un doute
sur ces points...
L'idée de base, à mon avis, est que le libre n'est pas un simple choix
technique où l'on compare tel ou tel outil logiciel. C'est avant tout un
choix de société. C'est un mouvement social qui va au delà des clivages
dits "politiques". En fait, le libre, est clairement "politique" au sens
étymologique/noble du terme.
Pour moi les technologies Microsoft n'existent pas. Non pas parce que je
ne m'en sers pas mais parce que cela n'a pas de sens. Les logiciels de
cet éditeur sont développés dans des langages que l'on trouve aussi dans
des projets libres avec des méthodes analogues (forge, méthodes agiles,
développement par les tests, etc...). Par contre, l'écosystème Microsoft
lui existe. C'est davantage un blob (cf film série B des années 80)
qu'un écosystème d'ailleurs...
Cet accord dans lequel Microsoft se propose d'investir 13Md€ (=pas grand
chose) revient à lui donner les clés de l'école dite numérique : ils
vont mettre à disposition leur cloud, Office 365, former 2500 chefs
d'établissements (c'est énorme) à ce qu'ils appellent leurs
technologies, proposer 1000 journées de formations pour les enseignants...
C'est un véritable traité d'occupation.
Où est le problème ?
-> D'avord le problème des formats de fichiers et de l'intéropérabilité
qui pour moi est crucial. Le format OpenXML (que l'on ne trouve même pas
dans les fichiers DOCX) n'est pas ouvert. Ce "traité" en induisant du
DOCX dans l'école numérique va à l'encontre des tendances de fond pour
favoriser l'intéropérabilité (voir future RGI, certains documents
européens) qui est un pré-requis fondamental pour ce qui est de l'égal
accès des citoyens aux ressources produites par des agents de l'État.
Microsoft peut tout à fait implémenter le format ODF dans sa suite
bureautique. Facile, la norme ODF est plus courte et simple que les
spécifications d'OpenXML le mal-nommé. S'il ne le fait pas, c'est juste
car son modèle économique est basé, en partie, sur l'enfermement des
utilisateurs dans son écosystème privateur.
-> Le signal envoyé aux entreprises, le plus souvent françaises, qui
vivent du logiciel libre est catastrophique. Déjà que le secteur est
relativement vérouillé, cet accord est un véritable "circulez, il n'y a
rien à voir".
-> C'est un moyen habile de contourner les marchés publics. Là c'est
simplement un partenariat qui n'engage personne si on lit bien entre les
lignes. Par contre, une fois installé, il faudra bien que de l'argent
public (du vrai) aille financer des droits d'utiliser un logiciel ou un
service en ligne. Les utilisateurs le feront car ils seront enfermés
dans l'écosystème privateur en question. Il y a là un distorsion de
concurrence très habile. C'est dans le même esprit que les PPP
(partenariat public privé). L'argent public devrait financer des
ressources "publiques" soit des logiciels libres dans le cas de
l'informatique.
-> sur le plan de la formation, on peut toujours objecter qu'il est
normal que les élèves soient formés sur les logiciels qu'ils utiliseront
plus tard lorsqu'ils créeront du PIB. Déjà personne ne connaît les
logiciels/solutions qui seront utilisées dans 10 ans et ils n'existent
probablement pas encore. Ensuite, cela veut dire que les cours des
personnels de l'EN sont tellement mauvais que les élèves seront
incapables de s'adapter à autre chose plus tard. Dans le cas d'un
traitement de texte, un des objectifs est d'arriver à structurer un
document avec des styles. Ce concept est présent dans tous les logiciels
de traitement de texte. C'est ce concept qu'il faut enseigner mois
l'endroit où il faut cliquer :)
-> Fiscalement, est ce que ces 13Md€ viendront de Microsot Irlande ou
d'ailleurs ? Voir contrat "open bar" entre Microsoft et le ministère de
la défense :
http://www.april.org/le-gouvernement-francais-renouvelle-son-engagement-aupres-de-microsoft
-> Je ne parlerai pas des problèmes liés à la collecte des données
personnelles des élèves.
-> N'oublions les nombreux acteurs de terrain, les enseignants qui
essayent de mettre en oeuvre, dans l'intérêt général, des solutions
libres que ce soit pour faciliter la gestion du réseau des
établissements, dans leur pratique pédagogique, dans les formations...
Le message pour eux est également catastrophique. Ils s'investissent
sans compter ni heures, ni reconnaissance instituionnelle et là
l'instituion répond non pas en les accompagnant mais avec cet accord.
-> Pour finir, un dernier point. Où est la cohérence avec cet accord
après la circualire Ayrault sur le logiciel libre dans les
administrations, le réferentiel général d'intéropérabilité, la
consultation "république numérique" qui a placé le libre dans le top 3
des propositions ?
Donc, non, c'est vrai, on ne signe pas un chèque en blanc. On donne
juste les clés de l'École "numérique" à un société dont le modèle
économique est basé sur la rente (licences privatrices) et l'enfermement
des utilisateurs dans son écosystème propriétaire et fermé.
Continuons à signer et faire signer :
http://www.april.org/microsoft-educ-nat-partenariat-indigne/
Merci, :)
++
Rémi.
Et cela ne veut pas dire que l'on signe un chèque en blanc à
un éditeur ou un autre, c'est juste vivre dans le monde aujourd'hui.
Je veux bien argumenter sur les avantages/inconvénients relatifs aux
technologies Microsoft par rapport aux logiciels libres mais
l'enseignement doit porter sur les deux
Mes deux cents
André
Le 8 décembre 2015 à 06:37, Xavier Gendre <gendre.rei...@gmail.com
<mailto:gendre.rei...@gmail.com>> a écrit :
Bonjour à toutes et à tous,
dans le cadre du plan numérique à l'école, la ministre de l'éducation
nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, Najat
Vallaud-Belkacem, a signé un partenariat avec Microsoft France pour
"renforcer l'accompagnement proposé par Microsoft".
Cette démarche va totalement à l'encontre des orientations données en
2012 pour l'usage des logiciels libres dans l'administration. L'April a
mis une pétition en ligne que vous pouvez aller signer :
http://www.april.org/microsoft-educ-nat-partenariat-indigne/
Librement,
Xavier
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