Depuis quelques jours, après les appels de Mandrake aux hommes de bonne
volonté, on peut lire de nombreux avis très... raisonnables.
 
Eh bien, figurez-vous que je ne suis abolument pas d'accord avec les
divers commentaires remplis de bon sentiments (et de naîveté?) de ces
derniers temps à propos de l'appel à contribution de Mandrake.

- Mandrake n'est pas tout Cnu/Linux

- Le virage de gestion de Mandrake même s'il est (semble) économiquement
nécessaire pour la société (et encore pourquoi cet appel alors?) n'est
pas pour autant "bon" par essence sous prétexte que les dirigeants se
présentent eux-même comme de bon gestionnaires.

- la Gestion de la société Mandrake c'est le problème de ses dirigeants,
ils sont payés pour.

-J'ai toujours été, je suis, et risque de rester opposé au principe de
"l'abonment à un club d'utilisateurs" qui aurait ainsi des "droits"
contre espèces sonnantes et trébuchantes. Ce principe ou plutôt cette
"déviationnisme internetique" sur lequel Microsoft entre autres s'est
jeté est très certainement une occasion de gagner plus pour une
entreprise mais l'utilisteur final devient totalement dépendant de la
sus-dite entreprise.

Voici un argument qui me semble fondamental (il y en a d'autres) :

        Il y a, me semble-t-il, une confusion grandissante (et soigneusement
entretenue par les tenants d'un libéralisme plus vicieux que sauvage
d'ailleurs) grâce à l'intermédiaire des techniques de communication dans
la notion même de droit du citoyen et celle de droit du consommateur ou
du contractant.
Ceci est d'ailleurs porté en grande partie par les pays de culture
anglo-saxone qui sont leaders dans les nouvelles technologies et dans
l'économie.Ceci rejoint également la différence fondamentale entre la
politique du droit anglo-saxon et la notre (latin) : c'est celui du
droit par opposition au contrat.

        La première (droit du citoyen) s'inscrit directement dans la
constitution : les droits du citoyen et les droits fondamentaux et
universels de l'homme, droits qui sont défendus par nos pays développés.
Ainsi, le non-respect de ceux-ci revêt un caractère fondamental en terme
d'infraction.
Un des meilleurs exemples (ou pour le moins un des plus évidents) sont
les États-Unis où ces infractions constituent une atteinte à la
constitution, texte fondadeur auquel les Américains sont
particulièrement attachés. Ils devient en conséquence dans ce cas et
même dans un pays ultra-libéral (à renouveau Mac Carthyste) difficile et
en tout cas très aléatoire de contourner ces droits sans le soutien du
pouvoir.

        La deuxième (droit contractuel) est particulièrement réductrice.
Il s'agit en fait de réduire les droits du citoyen au droit contractuel
c'est à dire à un accord commercial dénonçable par l'une ou l'autre des
parties à tout moment (sous condition du respect de délai mentionné dans
le dit-contrat). Les seuls recours des con-sommateurs étant les
tribunaux ad-hoc. Je ne reprendrai pas ici les arguments qu'on a vus
maintes fois circuler sur la quasi impossibilité réelle (même si elle
existe théoriquement) pour un particulier de gagner un procès contre une
société voire même de l'obtenir.

        L'informatique (comme la culture,la science l'éducation...)en temps que
moyen de communication et support de savoir donc de libre arbitre et de
liberté ne peut, ne doit être régi que sous la notion des droits
imprescriptibles de l'homme, en aucun cas par celle de commerce.
Si pour des raisons organisationnelles ou économiques la distribution de
l'accès à ces droist doit passer par des entreprises privées (qui c'est
bien normal ont comme souci la rentabilité et le profit), si nous devons
faire un bout de chemin ensemble car l'entreprise (ou ceux qui la
dirigent) peut avoir aussi des considérations plus "humanistes" que la
simple rentabilité, il va sans dire que ça ne peut-être sa considération
ultime. En cas de difficulté c'est la loi du marché et du marketting qui
primera, c'est inévitable à moins de se saborder, de mettre l'idéal
avant le réalisme, ce qui n'est certe pas un concept libéral ni dans
l'air du temps.

        Il est primordial d'éviter qu'une partie grandissante de nos droits
bascule vers le contrat contrairement au credo libéral : ça ne serait
qu'une liberté de façade où la puissance économique, financière ou
médiatique, la "nécessité d'adaptation" remplacent la responsabilité et
le devoir établis par la loi dans une société démocratique.

        Cette position est donc bien une position réaliste dans la mesure ou
l'on ne peut croire à la "bonté" à la "générosité" gratuite des
relations marchandes. C'est au nom de ce réalisme qu'il nous faut "autre
chose", cette chose fut-elle mouvante et impalpable.

C'est là que j'inscris le mouvement pour le logiciel libre.


        Pour revenir à Mandrake (certaines plaintes se font déjà entendre
concernant le téléchargement de SO6 par les "users" -et le Français dans
tout ça?- selon les niveaux de contribution : american way of live and
façon de penser quand tu nous tiens! ) il est clair que le virage est
pris. 
Ces pratiques commerciales sont en contradiction avec les principes
fondamentaux du logiciel libre car il s'agit en fait bel et bien
"d'enfermer le consommateur dans une stratégie commerciale de
fidélisation"(c'est le principe de l'accoutumance) concept totalement
opposé à celui "d'utilisateur libre et critique".
L'argument massue de certains est qu'on confond libre et gratuit ce que
je ne fais certainement pas. Mais à l'inverse je refuse qu'on amalgame
payant et captif, stratégie marketting aujourd'hui fort développée.

        J'ai souvent défendu la distribution Mandrake car j'estime que
Gnu/Linux à sa place sur le bureau, qu'il est déjà mûr pour s'y trouver.
Je persiste et je signe donc.
Mais qu'on nous fasse le coup de l'abonné, gast! non! comme disait ma
grand mère.Ce coup là même les dealers l'utilisent : on accoutume
gratuit ou pas cher et puis, quand on a éliminé la concurrence, on fait
payer ... (regardez Yahoo aux E.U ils vont réussir à faire payer un
service de mail tout en vendant du fichier client).

        Alors Monsieur Mandrake que vous m'entouriez tout ceci d'une
dégoulinade de bons sentiments comme dans les pires narnards
étatsuniens, que vous arriviez à culpabiliser (avec l'aide de quelques
abonnés) ceux qui téléchargent ou se recopient entre eux la version Gpl
de votre distribution afin qu'ils s'inscrivent au Club, que vos
arguments deviennennt essentiellement économiques au détriment des
autres, je vais te dire Monsieur Mandrake, car depuis le temps qu'on se
connaît, depuis les galères que tu m'as fait vivre et les joies que tu
m'a procurées je vais me permettre de te tutoyer Mandrake, eh! bien
permets moi de te le dire comme à un viel ami qui se mettrai à déconner
:

ça me troue le cul!

        Mon ami Mandrake, vend tes distributions en pack pro, en pack tout ce
que tu veux, en téléchargement sécurisé payant, en n'importe quoi...

        On veut bien le payer le beau boulot que tu fais! On veut même bien
acheter un pack pro de temps en temps (pas tous les six mois non plus ça
me rapellerai quelqu'un hein;-) mais surtout, s'il te plaît pas le...

DÎNER DE CON 

On a déjà trop donné.

Mais peut-être le moment est-il arrivé ou les chemins communs que
j'évoquais plus haut se séparent.
Mandrake! un dernier conseil en forme de référence littéraire : d'Homère
à Tolkien en passant par le mythe arthurien, Dante, Hugo (puisque c'est
la mode;)ou Ben Jelloun le chemin qui aboutit n'est pas toujours celui
qui semble le plus facile ou le plus rectiligne.

Après ma grossièreté excuse mon lyrisme;-)


-- 
André Salaün 

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