Dans le meilleur des cas, vous verriez quand le passage en production de LISP 
sur Internet ?
5 ans ? 10 ans ? 20 ans ?

Le 13 juin 2014 à 12:24, Stefano Secci <stefano.se...@lip6.fr> a écrit :

> Bonjour,
> 
> je rebondis sur ce message d’Arnaud pour vous dire que le coeur de la 
> plate-forme LISP-Lab est désormais opérationnel avec tous les elements du 
> système de mapping strictement en logiciel (MS/MRs, racine DDT, PxTR). La 
> version de développement de OpenLISP avec toutes les fonctionnalités 
> nécessaires est ici: https://github.com/lip6-lisp
> 
> Le site du projet est d’ailleurs en mirror sur un serveur LISP: 
> http://eid.lisp-lab.org
> 
> En accord avec le plan de ce projet ANR, la plate-forme sera bientôt ouverte 
> à tous ceux qui voudrons tester LISP avant de le deployer dans leur infra. 
> Merci à ceux qui seraient intéressés de se manifester !
> 
> Cdlt,
> Stefano
> 
> Le 28 avr. 2014 à 09:57, Arnaud Fenioux <afeni...@gmail.com> a écrit :
> 
>> Salut Stéphane,
>> 
>> Merci pour ton article, il y a en effet un projet d'implémentation
>> open-source www.openlisp.org
>> un consortium francais s'est monté avec des acteur publics tels que le
>> LIP6, ParisTech et RENATER ainsi que des acteurs privés :
>> lisplab.openlisp.org
>> Du coté de rezopole on commence tout juste le déploiement et les tests donc
>> je ne peux pas encore te faire de retour d'expérience, mais ca pourrait
>> faire l'objet d'une présentation lors d'un prochain FRnOG!
>> 
>> Arnaud
>> 
>> 
>> 2014-04-23 9:10 GMT+02:00 Stephane Bortzmeyer <bortzme...@nic.fr>:
>> 
>>> Bon, qui ici, a déployé LISP et a une expérience à comparer aux
>>> conseils du RFC ? [Pas moi]
>>> 
>>> RFC 7215 : LISP Network Element Deployment Considerations
>>> 
>>> http://www.bortzmeyer.org/7215.html
>>> 
>>> ----------------------------
>>> 
>>> Auteur(s) du RFC: L. Jakab (Cisco
>>> Systems), A. Cabellos-Aparicio, F. Coras, J. Domingo-Pascual
>>> (Technical University of Catalonia), D. Lewis (Cisco
>>> Systems)
>>> 
>>> ----------------------------
>>> 
>>> 
>>> Le protocole réseau LISP a été normalisé il y a plus d'un an et
>>> plusieurs déploiements de taille significative ont déjà eu lieu. La
>>> norme LISP n'impose pas un modèle unique de déploiement et laisse bien
>>> des choix à la discrétion de l'administrateur réseaux sur le terrain,
>>> notamment pour le placement des différents éléments qui composent un
>>> réseau LISP. Ce nouveau RFC fait le point sur les différents modèles de
>>> déploiement possibles. Il est donc orienté vers les opérationnels, ceux
>>> (et celles) qui vont déployer LISP en production.
>>> 
>>> Petit rappel, LISP vise à résoudre le problème de la croissance de la
>>> table de routage globale de l'Internet (problème décrit dans le RFC
>>> 4984), par le moyen d'une séparation entre *identificateurs*, les EID
>>> ("Endpoint IDentifiers") et les *localisateurs*, les RLOC ("Routing
>>> LOCators"). LISP est normalisé dans le RFC 6830. À l'heure actuelle,
>>> les RFC sur LISP ont le statut « expérimental » (y compris ce RFC
>>> 7215), reflétant le caractère assez disruptif de ce protocole. Il n'y a
>>> notamment aucune solution aux différents problèmes de sécurité étudiés
>>> dans la section 15 du RFC 6830.
>>> 
>>> Un principe essentiel de LISP est la distinction faite entre les
>>> réseaux de bordure, qui ne travaillent qu'avec des EID, et le cœur de
>>> l'Internet qui ne travaille qu'avec des RLOC. Mais où placer la
>>> frontière, frontière d'autant plus importante que c'est là où vont
>>> devoir se situer les routeurs LISP (les routeurs de bordure et du cœur
>>> sont, eux, des routeurs IP non modifiés) ? L'idée initiale était que la
>>> frontière était aux limites des AS « feuille », ceux qui n'ont pas de
>>> trafic de transit. Mais, en fait, LISP permet plusieurs choix. Un
>>> « site LISP » peut être un AS feuille mais peut aussi être un simple
>>> réseau local.
>>> 
>>> LISP tunnele les paquets d'un site LISP à l'autre, à travers le cœur.
>>> Le routeur LISP, connecté à la fois à la bordure et au cœur se nomme un
>>> ITR ("Ingress Tunnel Router") à l'entrée (encapsulation des paquets) et
>>> un ETR ("Egress Tunnel Router") à la sortie (décapsulation des
>>> paquets). Quand on veut parler des deux types en même temps, on dit
>>> juste « un xTR ».
>>> 
>>> Passons maintenant aux scénarios, section 2.1. Premier scénario
>>> possible de déploiement, le « "Customer Edge" ». Le routeur LISP est
>>> dans les locaux du client, contrôlé par lui, et sur la frontière entre
>>> réseau du client et réseau de l'opérateur. Ce sera a priori le cas le
>>> plus fréquent chez les LISPiens et c'est la solution recommandée par
>>> notre RFC. A priori, si on déploie LISP, c'est qu'on a un réseau de
>>> grande taille, "multi-homé", et qu'on souhaite faire de la gestion de
>>> trafic (faire entrer le trafic Internet préferentiellement par un des
>>> opérateurs, par exemple). Dans le scénario "Customer Edge", le client a
>>> le complet contrôle des xTR et peut déployer les politiques qu'il veut
>>> sans rien demander à personne. L'information de joignabilité des ETR,
>>> si importante en LISP, peut être maintenue correctement, tous les
>>> routeurs LISP étant sous le contrôle de la même organisation. Les
>>> "Locator Status Bits" mis par l'ITR sont également toujours conformes à
>>> la réalité.
>>> 
>>> Autre avantage, le réseau interne, son plan d'adressage, son protocole
>>> de routage et ses régles de filtrage ne changent pas.
>>> 
>>> Comme toutes les techniques utilisant des tunnels, LISP est très
>>> sensible aux problèmes de MTU (RFC 4459), le tunnel consommant quelques
>>> octets qui vont diminuer la MTU du lien. Si la connexion entre le
>>> client et son opérateur a une MTU supérieure aux traditionnels 1 500
>>> octets d'Ethernet, il n'y a pas de problème. Sinon, ce scénario peut
>>> entraîner des problèmes de MTU.
>>> 
>>> Second scénario possible, le « "Provider Edge" ». Cette fois, on met
>>> les xTR chez l'opérateur, sous son contrôle. Le client n'a pas à mettre
>>> à jour ses routeurs, ou à les configurer. Et, avec un seul xTR,
>>> l'opérateur peut servir plusieurs clients LISP.
>>> 
>>> Par contre, cela fait perdre à LISP une de ses principales qualités, la
>>> possibilité de contrôler la répartition du trafic entrant ("ingress
>>> traffic engineering"). En effet, les xTR ne sont plus sous le contrôle
>>> du client. Et si le client est "multi-homé", c'est encore pire, les xTR
>>> étant chez des opérateurs concurrents.
>>> 
>>> Les xTR qui servent un site LISP n'étant plus coordonnés, ils ne vont
>>> pas forcément avoir de l'information correcte et à jour sur la
>>> joignabilité, et ne pourront donc pas servir cette information.
>>> 
>>> Par contre, ce scénario peut limiter les risques d'un problème de MTU,
>>> les xTR étant directement dans le réseau de l'opérateur, où la MTU
>>> disponible est souvent plus grande.
>>> 
>>> Mais on peut commettre des perversions bien pires avec LISP. Par
>>> exemple, on peut mettre les xTR derrière des routeurs NAT, par exemple
>>> si on n'a pas assez d'adresses IPv4. Dans ce troisième scénario, l'ITR
>>> encapsule les paquets qui sont ensuite NATés. Attention, les paquets
>>> LISP "Map Requests" n'auront alors pas le même en-tête IP que les "Map
>>> Reply" correspondants, qui seront alors jetés par le routeur NAT. Il
>>> faudra une configuration explicite (par exemple diriger tous les
>>> paquets UDP de port source 4342 vers l'ITR) pour éviter cela.
>>> 
>>> Ce RFC ne s'arrête pas à ces trois scénarios possibles. Il décrit aussi
>>> comment les fonctions LISP peuvent être réparties dans divers
>>> équipements. Par exemple, les fonctions d'ITR et d'ETR ne sont pas
>>> forcément présentes dans le même boîtier. On a le droit de les placer
>>> dans deux routeurs différents, par exemple pour mettre les ITR très
>>> près des machines terminales, afin d'encapsuler le plus tôt possible.
>>> 
>>> Comme toutes les solutions de séparation de l'identificateur et du
>>> localisateur, LISP dépend énormément des mécanismes de correspondance
>>> (RFC 6833), permettant de trouver un localisateur (RLOC) lorsqu'on
>>> connait l'identificateur (EID). Pour résoudre le problème de
>>> "bootstrap", les serveurs de correspondance doivent être désignés par
>>> des RLOC uniquement. Le système de correspondance a deux composants,
>>> les "Map Servers" et les "Map Resolvers". Voyons d'abord les premiers
>>> (section 3.1).
>>> 
>>> Les "Map Servers" apprennent la correspondance EID->RLOC de leurs ETR
>>> (message "Map Register") et publient ensuite cette information, par
>>> exemple via le protocole ALT (RFC 6836) ou via le protocole DDT. ALT
>>> s'inspire plutôt de BGP, DDT plutôt du DNS. Les gérants des "Map
>>> Servers" se nomment les MSP ("Mapping Service Provider"). Ils peuvent
>>> être opérateurs réseaux ou bien des organisations spécialisées dans le
>>> service de correspondance, se faisant payer pour publier un préfixe EID
>>> (section 5.2). A priori, les bonnes pratiques existantes pour la
>>> gestion de BGP s'appliquent à ALT, et celles pour le DNS à DDT. Mais
>>> notre RFC ne va pas plus loin : il est encore trop tôt pour graver dans
>>> le marbre de strictes politiques pour les gérants de "Map Servers".
>>> 
>>> DDT est arborescent et repose donc sur une racine
>>> <http://ddt-root.org/>. Cette racine est actuellement gérée par
>>> plusieurs organisations volontaires. Comme pour la racine du DNS, elle
>>> est servie par plusieurs serveurs, chacun géré par une organisation
>>> différente, et désignés par une lettre de l'alphabet grec. Au moins un
>>> de ces serveurs est "anycasté". La racine doit normalement vérifier que
>>> les organisations qui enregistrent un EID sont autorisés à le faire,
>>> via un RIR qui leur a attribué le préfixe en question.
>>> 
>>> Et les "Map Resolvers" (section 3.2) ? Leur travail (RFC 6833) est de
>>> recevoir des requêtes "Map Request", typiquement envoyées par un ITR,
>>> de trouver une correspondance EID->RLOC dans la base de données
>>> distribuée, et de la renvoyer au demandeur. (Les habitués du DNS
>>> peuvent se dire qu'un "Map Server" est un « serveur faisant autorité »
>>> et un "Map Resolver" un « résolveur » ou « serveur récursif ».) Vu
>>> leurs « clients », les "Map Resolvers" ont tout intérêt à être situés
>>> près des ITR qu'ils servent.
>>> 
>>> Les ITR vont devoir être configurés avec les adresses de leurs "Map
>>> Resolvers". Un préfixe "anycast" (RFC 4786) commun faciliterait cette
>>> tâche, l'ITR trouvant ainsi automatiquement le résolveur le plus proche
>>> et donc en général le plus rapide.
>>> 
>>> Comme toute technologie nouvelle sur le réseau, LISP doit faire face au
>>> problème de la coexistence avec les anciens systèmes. Aujourd'hui, il y
>>> a peu de sites LISP. Ceux-ci doivent donc se poser la question de la
>>> coexistence avec les sites non-LISP. Plusieurs techniques sont
>>> envisagées pour cela, comme les P-ITR, "Proxy ITR" du RFC 6832. Un site
>>> LISP qui veut envoyer des paquets à un site non-LISP peut le faire
>>> simplement en n'utilisant pas l'encapsulation LISP. Par contre, pour en
>>> recevoir, il *doit* déployer une technique comme le P-ITR.
>>> 
>>> Et puisqu'on parle de coexistence avec les sites non-LISP, il faut
>>> aussi envisager le processus de migration provisoire depuis l'état
>>> actuel vers LISP (section 5 et annexe A). Le RFC est ambitieux, partant
>>> de l'état initial (peu de sites LISP) en allant vers un état
>>> intermédiaire où il y aurait une majorité de sites LISP, pour terminer
>>> par un Internet complètement LISPisé.
>>> 
>>> Au début, un site LISP n'a pas le choix. Sauf à ne communiquer qu'avec
>>> les autres sites LISP, il a intérêt à annoncer ses préfixes dans le
>>> "Map system" LISP mais aussi en BGP, pour que les sites non-LISP
>>> sachent où le trouver. On notera donc que, dans cette situation, LISP
>>> ne contribue guère à la réduction de la table de routage globale,
>>> puisque tous les réseaux doivent toujours être publiés dans BGP.
>>> Heureusement, au fur et à mesure que le nombre de sites LISP augmente,
>>> il y aura de moins en moins besoin d'utiliser les techniques de
>>> "traffic engineering" pour contrôler les flux de données. Comme ces
>>> techniques (par exemple la désagrégation des préfixes) sont largement
>>> responsables de la croissance de la table de routage globale, LISP aura
>>> donc déjà un intérêt concret à ce stade (encore lointain).
>>> 
>>> On l'a vu, l'inconvénient de cette méthode (annoncer les préfixes en
>>> BGP) est qu'on ne diminue pas la taille de la DFZ. Pire, si on est un
>>> nouveau réseau sans infrastructure BGP existante, on augmente cette
>>> taille. Pour ces réseaux neufs, notre RFC recommande donc plutôt de ne
>>> pas déployer BGP du tout et d'utiliser les P-ITR. C'est alors le
>>> titulaire d'un préfixe englobant qui annonce le préfixe et le route
>>> vers les ETR du client. Ainsi, il n'y a pas de désagrégation des
>>> préfixes. Par contre, l'opérateur qui fournit ce service doit router
>>> tout le trafic non-LISP du client, ce qui n'est pas forcément
>>> raisonnable si c'est un gros client (comparez cela aux tunnels IPv6 que
>>> fournissent gratuitement des opérateurs comme Hurricane Electric : cela
>>> n'est réaliste que si le trafic est faible). Le problème disparaitra
>>> petit à petit si LISP se développe, lorsqu'il n'y aura plus que des
>>> reliquats non-LISP (on en est très loin).
>>> 
>>> L'annexe A du RFC décrit un plan de migration concret pour les
>>> responsables opérationnels, sous forme d'une liste d'étapes, avec des
>>> points à vérifier à chaque étape :
>>> * Faire un état des lieux quantitatif du réseau, pour avoir combien de
>>> paquets par seconde et de bits par seconde il faudra acheminer.
>>> * Vérifier les capacités LISP des routeurs existants : peuvent-ils être
>>> utilisés ou bien va t-il falloir en acheter d'autres ?
>>> * Faire bien attention aux questions de MTU, LISP utilisant des
>>> tunnels. Si tous les liens externes peuvent accepter une MTU de 1 556
>>> octets, parfait. Dans tous les cas, testez que cela passe et qu'il n'y
>>> a pas un pare-feu trop zélé qui bloque les messages ICMP indispensables
>>> à la découverte de la MTU du chemin.
>>> * Vérifiez que vos préfixes IP sont utilisables pour LISP. Si c'est du
>>> PI, pas de problème.
>>> * Configurez les routeurs LISP.
>>> * Testez la joignabilité des ETR (par exemple avec ping) et
>>> l'enregistrement des préfixes avec lig (RFC 6835).
>>> * etc (la liste est longue...)
>>> 
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>>> http://www.frnog.org/
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> Stefano Secci
> Associate Professor
> Univ. Pierre and Marie Curie
> LIP6 - Bureau 25-26/318, BC 169
> 4 place Jussieu, 75005 Paris, France
> Tel:  +33 (0) 1 4427 3678
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