Bonjour à tous,

Avec la raréfaction des ressources IPv4, on commence à être un paquet à
lorgner sur des /16 ERX qui n'ont jamais été annoncés de mémoire de RIS.

Il parait qu'il y a des cas de figure ou l'on peut légitimement réserver
un bloc sans le router, hors des blocs réservés (RFC 990, 1700, 1918,
2544, 3068, 3927, 5737, 5771, 6333, 6598 et 6890). On m'a cité, en vrac :

- Pour des VPN [non publics]

- Pour des réseaux privés susceptibles de s'interconnecter à d'autres
réseaux [non publics]

- Pour éviter d'avoir à renuméroter quand tout le monde est en 1918 et
doit s'interconnecter

Bref, que des cas de réseaux non connectés à Internet (par définition,
puisque les adresses ne sont pas routées). Mais pourquoi donc utiliser
des blocs enregistrés auprès de l'IANA ou d'un RIR ?

Le problème de base est celui de l'unicité de l'adresse. Le registre
global d'Internet est bien géré et permet de garantir qu'un bloc n'est
pas assigné deux fois. Autant utiliser un registre existant, non ? Mais
ça, c'était avant. Là, il y a pénurie.

Un réseau d'entreprise, d'administration ou de recherche, n'a pas
forcement vocation à _faire partie_ d'Internet. Mais on va bien
volontiers s'y interconnecter pour bénéficier de quelques services
présents sur ce dernier. Deux possibilités :

- NAT : dans ce cas le masquage d'adresses publiques par des adresses du
réseau privé est un problème bien réel dans certains réseaux qui ont
numéroté au pif sans respecter les RFC.

- Passerelles applicatives : les proxy sont parfaits pour lier le web,
le mail, la voix et bien d'autres services dès lors qu'ils sont nommés
au moyen d'un espace sans collision, c'est à dire par DNS et non par
adresses littérales. Alors, si le resolver interne ne connait pas la
zone, il répond l'adresse d'un proxy qui lui résout via la racine
correspondante.

J'y vois d'ailleurs un autre avantage : ça permet d'avoir une chaine de
confiance intégrale dans l'ensemble du réseau, puisqu'on peut déployer
RPKI+ROA et DNSSEC, voir systématiser SSL quitte à recourir aux proxy,
de bout en bout dans un environnement contrôlé bien plus facilement
qu'on ne le ferait sur Internet.

Il est donc techniquement facile d'interconnecter les services de deux
réseaux, mais pas possible simplement d'interconnecter les réseaux eux-même.

C'est presque heureux puisqu'on va souvent, dans le cas de
l'interconnexion de deux réseaux, vouloir contrôler un peu ce qui passe
de l'un à l'autre (log des proxy). C'est d'autant plus heureux qu'un
réseau bien conçu, avec adressage et nommage donc, sera facile à
renuméroter. Il y a d'ailleurs même au moins un protocole basé sur le
concept de séparation de l'adresse logique et physique : LISP (RFC 6830).

Du coup, la fusion de deux réseaux dont les adressages peuvent être en
collision passe logiquement par une étape préalable (voir qui aurait du
avoir lieu bien avant) : virer les adresses en dur, tout nommer sur le
DNS. C'est d'ailleurs une recommandation forte, à défaut d'être
considéré comme obligatoire, pour le déploiement d'IPv6 en entreprise.

De la même façon, la tenue d'un registre des allocations, du genre avec
génération dynamique des zones DNS, s'impose rapidement. Le tableau
excel montre trop vite ses limites. C'est une bonne pratique pour tout
administrateur réseau, privé ou public, non ? (un appeau à commercial
efficient-IP est caché dans ce paragraphe, saurez vous le trouver ?)

Reste le cas de l'historique : Avant, il n'y avait pas de NAT. Avant,
les proxy étaient chers. Avant, il y avait plein d'adresses. Mais ça...

On ne change pas quelque chose qui marche. C'est d'ailleurs bien une des
raisons pour lesquelles IPv6 peine à arriver sur le LAN.

Depuis ces allocations, on peut légitimement se demander si tout le
reste du réseau n'a pas été refait de fond en combles, et que seul
l'adressage reste un vestige d'une époque bénie.

Après tout, des machines qui ne supportent pas CIDR, ni le NAT, ni le
nommage DNS, ni IPv6, c'est tellement vieux que c'est même plus sous
contrat de maintenance, donc qu'on ne peut plus les utiliser dans une
entreprise sérieuse, non ?


Du coup, quand on me dit qu'il est normal d'adresser un LAN _non
connecté à Internet_ avec des IP publiques, que dois-je en déduire ?

Bref, ces ERX et autres reliquats, on vote tous pour leur destruction à
la prochaine AG du RIPE ?

@+

-- 
Jérôme Nicolle
06 19 31 27 14


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