Sébastien, Le 30/09/2017 à 11:49, Sébastien 65 a écrit : > J’ai cru comprendre que l’ARCEP avait Orange dans le collimateur du fait que > le réseau n’était pas encore ouvert aux opérateurs alternatifs en offre de > gros.
L'ARCEP n'a pas Orange dans le collimateur. Orange fait ce que l'ARCEP demande, parfois un peu lentement... D'autre part, le réseau FTTH (en fait BLOM) est ouvert, mais uniquement en collecte passive, conformément aux décisions de l'ARCEP. Le problème, c'est que l'ARCEP n'a visiblement rien compris au marché des opérateurs alternatifs, genre le fait qu'il ne puisse pas être rentable de venir sur un PMZ300 à moins de 10-15% de parts de marché. Du coup, l'ARCEP a _volontairement_ (même si par ignorance) contraint le marché à un oligopole. C'est pas un accident, c'est précisément le but recherché. Il faut ajouter quelques précisions toutefois : * L'offre de collecte active sur BLOM existe, OBS s'en sert. Seulement Orange n'a pas de contrainte à commercialiser cette offre de façon équitable à tous les opérateurs. * Sur FTTE et FTTH, des opérateurs alternatifs peuvent se positionner. D'ailleurs, Orange a repoussé le lancement de son offre FTTE pour "laisser un espace économique à KOSC". Trop mignon. Bon, en vrai ils vont probablement aligner CEE/CELAN sur les prix prévus pour le FTTE quelques mois plus tard, mais l'intention est louable. * Le seuil de rentabilité pour l'accès passif est complexe à calculer. Il prend en compte le nombre de prises adressable par PM, le coût de collecte individuel de chaque PM (en LFO ou en LGC) et la vitesse d'atteinte du volume adressable. Sur le cuivre c'était simple : sachant combien d'abonné on a en collecte active par NRA, on sait que 100% de ces abonnés peuvent être migrés en quelques semaines, donc que l'opération de dégroupage est rentable dès le départ. Sur la fibre, faute d'offre activée, un opérateur ne peut pas "tester" son marché avant de venir, sauf à avoir un parc xDSL conséquent à y migrer. Hors ce parc doit être pré-existant : on ne peut pas vendre du xDSL sur une zone ou le FTTH est disponible. Donc l'investissement est trop risqué pour la plupart des opérateurs alternatifs existants ou à naître, et un opérateur naissant ne peut plus survivre sur le bas de marché sans avoir les reins assez solides pour encaisser le risque et déployer sa BLOD (pour du racco direct et collecter la BLOM). Et encore, ça ne peut marcher que sur des centres urbains et des ZACs, donc ça crée un déséquilibre entre les territoires, au détriment des zones rurales, comme d'hab. Avec cette régulation, l'ARCEP a gagné 3 "achievement unlocked" : - Débarrasser le marché des petits opérateurs qui n'ont pas un bout d'infrastructure - Interdire la création de nouveaux opérateurs - Favoriser ceux avec lesquels ils ont l'habitude de causer On est bien obligés d'y voir un certain talent, non ? @+ -- Jérôme Nicolle +33 (0)6 19 31 27 14 --------------------------- Liste de diffusion du FRnOG http://www.frnog.org/