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«Tempête dans un verre d'eau» autour d'un fax

swissinfo
10 janvier 2006 11:15
        
L'une des paraboles du système suisse d'écoute satellite Onyx qui a intercepté le fax égyptien. (Keystone)
        
Un expert britannique estime que les politiciens suisses s'agitent inutilement après la publication d'informations secrètes sur l'existence de prisons de la CIA.

Pour Timothy Garden, membre de l'Institut international d'études stratégiques, la révélation du contenu d'un fax confidentiel dans la presse ne discrédite pas les services de renseignement suisses.

Après la publication dans la presse dominicale alémanique d'un fax confidentiel sur l'existence de prisons secrètes de la CIA en Europe, les politiciens suisses ont exprimé, presque d'une seule voix, leur inquiétude et leur incompréhension lundi.

Les parlementaires craignent que la diffusion de ce fax - adressé par le ministère égyptien des Affaires étrangères à son ambassade à Londres et intercepté par les services secrets helvétiques – ne porte atteinte à la crédibilité des renseignements suisses.

Mardi, la commission de politique extérieure du Conseil des Etats (chambre haute) estime que cette affaire pourrait avoir des «conséquences négatives affectant la crédibilité internationale de la Suisse».

Craignant le pire, elle invite le gouvernement à intervenir sur le plan diplomatique «afin de prévenir d'éventuelles atteintes aux intérêts suisses».

Sur le plan intérieur, une enquête pénale militaire a été ouverte lundi contre le rédacteur en chef et deux collaborateurs du «SonntagsBlick». Ils sont soupçonnés d'avoir publié des secrets militaires.

L'expert britannique en stratégie politique Timothy Garden porte un regard extérieur sur cette affaire qui suscite le débat en Suisse.

swissinfo: Quelle a été votre réaction en apprenant cette fuite? Etes-vous surpris?

Timothy Garden: Non, je crois qu'il y a un réel intérêt actuellement pour ce sujet.

Par le passé, la Suisse a peut-être toujours pu contrôler la diffusion de ses informations, mais elle découvre maintenant qu'elle est confrontée au même problème que d'autres pays démocratiques.

En Grande-Bretagne, nous sommes tout à fait habitués à ce genre de fuite. Elles font de plus en plus partie du jeu.

swissinfo: Bon nombre de politiciens suisses craignent que de telles fuites ne portent atteinte à la crédibilité des services secrets nationaux. Quel est votre avis?

T.G.: Cette réaction est compréhensible. Mais il faut bien accepter qu'aujourd'hui le système de communication est devenu tellement transparent et accessible qu'il est très difficile – et j'en suis ravi – de faire des choses illégales sans que cela n'apparaisse au grand jour.

Les politiciens se préoccuperont toujours de voir des informations confidentielles diffusées. En Grande-Bretagne, nous avons toutefois observé qu'il était devenu difficile de poursuivre les auteurs de telles fuites. En effet, lorsque les prévenus invoquent un intérêt public prépondérant, les jurés se montrent généralement cléments.

swissinfo: Après cette fuite, y a-t-il des risques, selon vous, que les services secrets d'autres pays soient moins enclins à collaborer avec leurs homologues suisses?

T.G.: C'est une éventualité à envisager. D'autres services secrets en ont fait l'expérience. Mais, encore une fois, cela fait partie du jeu et je ne pense pas que le cas d'une seule fuite va porter à conséquences.

swissinfo: Pas de préjudice extraordinaire pour les renseignements suisses donc?

T.G.: Je ne pense pas. A l'étranger, tout le monde est sans doute surpris de voir que la Suisse s'agite autant face à un problème somme toute peu important comparé à ce que d'autres services secrets ont dû affronter ces derniers mois.

swissinfo: Jusqu'ici, quelle était la réputation des services secrets helvétiques à l'étranger?

T.G.: Pour être franc, les services de renseignement suisses n'avaient pas particulièrement attiré mon attention jusqu'à cette interview...

Cela peut vouloir dire deux choses, soit qu'ils ne sont pas très actifs, soit qu'ils sont particulièrement doués pour garder le secret... sur eux-mêmes.

Interview swissinfo: Ramsey Zarifeh
(Traduction et adaptation de l'anglais: Alexandra Richard)

Faits marquants
- Sir Timothy Garden a travaillé pour le ministère britannique de la défense. Il a été directeur du Royal College of Defence Studies. - Il a également mené des projets pour le gouvernement britannique, le ministère de la défense américain et l'OTAN. - Timothy Garden est membre de l'Institut international d'études stratégiques.

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