Démocratie "cmjdenne"
Les militaires nous ont trompé !
Yedaly Fall
Le journal du jeudi N°127 du 03 aout 2006

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Avec le dépôt des listes candidates à l'élection municipale de novembre prochain, les partis politiques, mais aussi les indépendants, entrent dans une nouvelle phase qui constitue l'un des derniers virages avant l'aboutissement d'un processus démocratiques qui aura tenu en haleine toute l'opinion publique nationale.
La Majorité des Mauritaniens s'était focalisés, au lendemain du 3 août 2005, sur le renversement d'Ould Taya. Il est vrai que c'était là un événement inattendu et devenu presque inespéré après l'échec de deux ou trois tentatives mais personne ne devait pourtant oublier l'essentiel : ceux qui ont fomenté le coup, le colonel Ely Ould Mohamed Vall en tête faisait partie du Système et ne s'en cachaient pas. Comment pouvait-on imaginer, un instant, que tout allait subitement changer comme par le fait d'une baguette magique. Personne, que ce soit au sein de la classe politique avertie ou de la masse silencieuse, n'a prêté attention aux premiers gestes du nouveau pouvoir. Tout le monde était content que Ould Taya soit parti à tel point que le gouvernement de transition concocté par le CMJD à partir d'anciens du PRDS, à part le ministre de la Justice, Mahfoud Ould Bettah, n'a suscité que très peu de commentaires sur la nature des orientations, dans le sens de la continuité, que les militaires voulaient donner à leur transition. Même silence coupable également quand il a fallu pourvoir les postes administratifs qui étaient occupés par des cadres du PRDS remplacés au pied levé par d'autres cadres du même PRDS, à quelques exceptions près, là aussi. On racontait même que, suivant les vieilles méthodes érigées en système par Ould Taya, les militaires ont soigneusement respecté le dosage tribalo-régional, en y ajoutant une note de raffinement suspecte consistant à nommer des médiocrités partout pour pouvoir influer sur leurs faits et gestes de tous les jours. Vraie ou fausse, cette hypothèse est quand même confortée aujourd'hui par les mauvais résultats d'une administration qui est loin d'être meilleure que celle qu'elle a remplacée !
Le choix politique d'Ely Ould Mohamed Vall, qui a donné comme résultat aujourd'hui l'implosion du PRDR avec la sortie de ses cotes de plus de 300 listes indépendantes pour les élections municipales à venir, aurait été dicté par l'appréhension d'une réalité : les partis politiques mauritaniens, qu'ils soient de l'ancienne Majorité présidentielle ou de l'ex-Opposition à Ould Taya, s'étaient focalisés tous sur un seul objectif : le pouvoir. Pire, leurs chefs n'avaient d'yeux que pour le fauteuil présidentiel. La décision de travailler à l'affaiblissement de ces formations politiques sans raison d'être que celle de remplacer Ely Ould Mohamed Vall et le CMJD à la fin de la transition serait née dès cet instant. Du coup, le CMJD a lentement mais sûrement mis en marche la machine qui lui permettrait de gérer l'ensemble du processus à sa façon, chose devenue de plus en plus facile, d'autant que les partis politiques avaient oublié l'essentiel : veiller à l'application stricte des recommandations des Journées nationales de concertation, quitte à ne plus cautionner la démocratie " cmjdienne " qui avaient besoin du consentement de la classe politique pour convaincre l'extérieur, notamment la France et les USA.
Pourtant, des signes avant-coureurs de l'alignement du CMJD sur la ligne de conduite politique de Ould Taya aurait bien pu alerter les dirigeants des partis. Le colonel Ely Ould Mohamed Vall n'a-t-il pas, comme son ancien compagnon d'armes et ami, refusé la reconnaissance d'un parti islamiste ? N'a-t-il pas aussi entretenu la confusion sur la question des déportés et celle de l'esclavage qu'il reconnaît une fois, lors de la visite d'Akjoujt, et dont il nie l'existence une semaine plus tard à Rosso ? Ne s'est il pas énervé à plusieurs reprises lorsqu'il était contredit même au cours de ses meetings ? Combien de fois s'est il entêté   même lorsqu'il se savait mis en minorité ? A part la concertation, que d'ailleurs Ould Taya avait accepté sous une forme déguisée avec le forum du RDU, le colonel Ely Ould Mohamed Vall n'avait avalisé aucune des revendications de l'ex-opposition. Et pourtant celle-ci avait, elle, continué à applaudir un processus qui était pourtant parti pour finir comme un dangereux simulacre. Aujourd'hui on pourrait s'écrier : " les militaires nous ont trompés ! " sans que personne ne puisse nous démentir. Confiant en leur force, du fait, pensent-ils, que la fraude massive ne jouera plus en faveur du PRDR, les partis politiques de l'ex-Opposition ont rivalisé en applaudissement avec celui-ci réussissant même, de ce point de vue-là, à lui ravir la vedette. Même le refus du pouvoir de revenir sur sa décision d'autoriser les candidatures indépendantes, l'absence de transparence et de neutralité de l'administration lors du referendum constitutionnel de juin dernier n'ont fait changer d'attitude à des partis politiques déjà lancé dans la course pour le pouvoir. Le colonel Ely Ould Mohamed Vall avait compris alors qu'il pouvait tout se permettre sans que personne n'ose objecter des décisions prises dans le sens d'une mise à l'écart de tous les partis politiques.
 
Les raisons d'un tel retournement et le soutien aux indépendants
 
L'on pense aujourd'hui, pour expliquer le revirement du CMJD et son soutien à des candidatures indépendantes, que l'absence de perspective vraiment heureuse et réglementée, lors de la transition, pour les militaires putschistes du 03 août 2005 serait à l'origine de leur remise en cause du scénario initial qu'ils avaient envisagé. A un certain moment du processus, Ely et la junte de colonels, notamment Ould Abdel Aziz et Ould Ghazouany se seraient dit : " nous envisageons de partir après le 27 mars 2007 mais qu'est-ce que nous deviendrons ? L'idée de se saborder (se dissoudre) n'aurait été prise par le CMJD que pour pousser les partis politiques à penser, lors des journées nationales de concertation, à un statut particulier et avantageux pour les " héros " qui ont libéré le peuple de l'emprise de Ould Taya. Mais à la grande déception des militaires personne n'a eu l'idée de penser à eux, à part quelques rares voix qui ont entrevu la possibilité d'un système à la " turque ". Il est donc clair que c'est la peur d'un lendemain incertain qui a poussé les colonels du CMJD à assurer leurs arrières. Ely aurait répété, à maintes occasions, qu'il n'avait pas pris le pouvoir pour le laisser entre les mains de n'importe quel aventurier, dût-il être rompu à la politique à travers les différents régimes qui se sont succédés depuis l'indépendance à nos jours. C'est ce qui explique, peut-être, que, à l'image de " immigration choisie " de Sarkozy, le ministre français de l'Intérieur que le colonel Ely Ould Mohamed Vall a rencontré récemment, lors de son séjour en France, le CMJD veut lui aussi confié le pouvoir à un candidat " choisi " d'abord par lui et supporté par les indépendants qui aujourd'hui prennent l'allure d'un parti politique en gestation, à voir les coordinations nationales qu'ils suscitent.







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