http://www.ledevoir.com/2009/04/15/245815.html
Les ambulanciers sont débordés Lisa-Marie Gervais Édition du mercredi 15 avril 2009 Les personnes qui appellent doivent attendre de plus en plus longtemps l'arrivée de l'ambulance. Selon les ambulanciers, il arrive même qu'aucun véhicule ne soit disponible sur le territoire pour répondre à un appel classé parmi les plus urgents. Les ambulanciers paramédicaux s'essoufflent et les temps de réponse à une urgence en souffrent. Selon le compte rendu des horaires des paramédics de Montréal et Laval, le taux de comblement -- c'est-à-dire le nombre d'ambulances disponibles par rapport au nombre de véhicules nécessaires pour répondre aux appels en temps requis -- est au plus bas, même si ce n'est pas encore la haute saison de l'été. Alors que l'objectif est de 92 %, le taux de comblement était à peine de 84 % en février dernier, contre 89 % un an auparavant. Les fins de semaine, ce taux baissait à 60 %. Dans le milieu des paramédics, on s'inquiète. «Mieux vaut ne pas être malade ou avoir un accident la fin de semaine», a ironisé un ambulancier paramédic qui a vu la situation s'aggraver au cours de ses cinq dernières années de pratique. Il constate que les personnes qui appellent doivent attendre de plus en plus longtemps l'arrivée de l'ambulance. Il arrive qu'aucun véhicule ne soit disponible sur le territoire pour répondre à des priorités 1, soit les appels les plus urgents. «Tout récemment, j'ai reçu un appel de Verdun pour aller à Sainte-Rose-de-Laval. Il n'y avait aucune autre équipe disponible», a déploré l'ambulancier qui préfère garder l'anonymat. Une attente d'une heure ou deux pour un appel non prioritaire, est-ce normal? «Parfois, c'est plus que ça.» Le président du Syndicat du préhospitalier pour Montréal-Laval, Réjean Leclerc, fait partie des équipes de nuit, en plein centre-ville de Montréal. «C'est une charge incroyable de travail, on peut recevoir 200 appels par nuit», a-t-il avancé. «Le maximum d'ambulances qu'on peut avoir en service est 33. Mais j'ai déjà vu des nuits où il y en avait 24.» Les délais d'attente pour les victimes, quelle que soit la priorité, est inacceptable, croit-il. «Dans les faits, il y a 56 % de chances qu'on arrive en deçà du délai acceptable de 8,59 minutes pour une priorité 1. La cible est de 90 %», a-t-il souligné en citant le rapport annuel d'Urgence-Santé. Selon lui, les données sont souvent faussées par les interventions des pompiers, habilités depuis 2007 à fournir des services de premiers répondants comme les premiers soins et l'oxygène. «Ça contribue à réduire le temps d'attente, mais il n'y a pas de réelle plus-value», a indiqué M. Leclerc. «L'idée, c'est de faire plus que de mettre un masque d'oxygène au patient. Il faut l'amener à l'hôpital, là où on pourra vraiment faire quelque chose pour lui», a-t-il ajouté. L'échec d'un comité Le Syndicat du préhospitalier pour Montréal-Laval plaide pour un investissement massif dans les ressources humaines, qu'il croit délaissées au profit de l'équipement des véhicules. De semaine en semaine, le secteur ambulancier perd des joueurs. Le taux d'absentéisme est élevé et peu d'employés sont intéressés à effectuer des heures supplémentaires. Certaines équipes ne peuvent pas prendre de pause-repas durant des quarts de travail de 10 ou 12 heures et elles finissent rarement à l'heure, fait remarquer M. Leclerc. C'est sans compter les cas de détresse psychologique. Il y a un an, en mars 2008, un comité formé de quatre membres des parties patronale et syndicale devait être mis sur pied pour revoir l'organisation du travail et trouver des solutions au problème de pénurie dans le secteur, à la demande du gouvernement qui reconnaissait les problèmes occasionnés par la pénurie. Selon M. Leclerc, le ministère de la Santé avait même réservé une enveloppe de 500 000 $ pour financer une initiative qui n'excluait pas le recours aux incitatifs pour les ambulanciers. Or, une dizaine de réunions plus tard, ce comité, dont les travaux arrivent à échéance à la fin du mois, se dirige tout droit vers un échec. Les deux parties ne sont pas parvenues à s'entendre sur la façon de dépenser cet argent. À ce sujet, Urgence-Santé et le ministère de la Santé ont indiqué ne pas être en mesure de fournir plus d'informations pour le moment. «Urgence-Santé a fait obstruction. On n'a jamais travaillé ensemble. Elle n'a pas été intéressée à bonifier quoi que ce soit», a dit M. Leclerc. Il s'en prend également au ministère de la Santé qui s'était engagé à fournir des fonds pour développer une proposition. «Les montants prévus n'ont pas été dépensés. Techniquement, le ministre est en faute», a-t-il insisté. Les ambulanciers paramédicaux appréhendent l'été qui s'en vient. «Ça va être le plus dur. Imaginez en plein mois de juillet, avec tous les festivals. On va avoir 100 000 personnes dans les rues et les paramédics vont être en vacances. Je m'inquiète», a conclu Réjean Leclerc. --- SMU-L Si vous avez plusieurs adresses email, vous pouvez les envoyer aux moderateurs a l'adresse moderateurs-...@urgences.ca. 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