Philippe a écrit :
 
oui, comme si c'était logique (du moins normal dans le fonctionnement de la classe) et non pas comme si cela était voulu par toi. Et il ne faut pas, à mon avis, que l'enfant pense que c'est pour nous, parce qu'on le lui as demandé..
 
c'est moi qui le lui ait demandé , proposé plutôt... mais il le fait pour en laisser une trace dans le classeur de sciences, pour le mettre dans le journal...... Dans la suite, à ceux qui seront lancés dans l'écriture, je ne proposerai plus. Aux autres, je proposerai encore pour les lancer, des textes sur les expériences ou d'autres choses. A terme, l'environnement doit pouvoir agir de plus en plus sans qu'on intervienne, ou permettre qu'on intervienne de moins en moins. Ces trucs (outils) : le journal, le classeur-mémoire, ce sont des sortes de médiateurs entre l'enfant et son appropriation des langages. Ce sont des outils qui donnent du sens à l'écrit : j'écris pour laisser une trace de ce que j'ai fait (trace dans l'histoire du groupe) ou pour le communiquer à d'autres. En laissant une trace, en communiquant (si je peux le faire, c'est à dire si j'en suis à un stade de maîtrise du langage écrit qui me permet de le faire), d'une certaine manière, je prouve que j'existe (et si je n'en suis pas tout à fait à ce stade de maîtrise, p'têt que le maître peut m'aider, juste pour me montrer que le pas à faire vers ce plus de maîtrise n'est pas si grand que ça et du coup, la prochaine fois, p'têt que je vais me lancer tout seul, p'têt même que je me lancerai tout seul une autre fois pour faire autre chose...)
Je n'ai pas "sommé" de faire, j'ai proposé.. Quand je propose, je ne suis pas sûr que ce sera suivi d'effet, ce qui permet que ça marche, c'est que l'écrit n'est pas proposé comme un exercice scolaire, il est proposé dans une situation vraie : une situation pour laquelle il est fait ( ce qui aide aussi à marcher, c'est la confiance en soi, aux autres, savoir qu'on pourra être aidé... c'est aussi que je vais proposer à celui que je pense capable de faire, ou presque de faire, pour certains c'est trop difficile, donc ce n'est pas la peine de leur proposer )... 
 
 
 
----- Original Message -----
Sent: Thursday, November 18, 2004 7:50 PM
Subject: Re: [3type] journal

Extrait du dernier message de Christian :
Je demande de faire comme si c'était le prolongement normal du travail....
 
oui, comme si c'était logique (du moins normal dans le fonctionnement de la classe) et non pas comme si cela était voulu par toi. Et il ne faut pas, à mon avis, que l'enfant pense que c'est pour nous, parce qu'on le lui as demandé, car, dans ce cas, il ne pourra pas "mettre en route la puissance de ses structures mentales" et ne sera alors pas en réelle situation d'apprentissage comme il peut l'être lorsqu'il est en activité naturelle à la maison (on prend souvent l'exemple de l'apprentissage de la marche avant 1 an mais il suffit d'observer nos propres enfants pour en trouver d'autres).
 
Du coup, ça nous oblige lorsque l'enfant nous teste pour vérifier qu'on n'attend rien nous-même (car il a perçu l'effet scolastique du système), de le laisser ne pas faire.
Evidemment, ça nous arrive de craquer et de lui exiger de faire tel truc (du moins, ça m'arrive encore). A nous alors dans ce cas de réfléchir au pourquoi/comment pour agir sur le fonctionnement de la classe afin d'éviter "d'agir" directement sur l'enfant.
 
Si c'est le fonctionnement de la classe qui impose quelque chose, ça marche - surtout évidement lorsqu'il est établi avec les enfants mais c'est valable aussi si c'est l'instit qui l'amène à condition que la réunion a le pouvoir de le modifier. Par exemple, si dans le fonctionnement de la classe de Christian, de manière explicite ou mieux implicite, un compte rendu "doit" être rédigé après chaque expérience, ça marche - ça ne va pas empêcher un plein engagement de l'enfant (réelle mise en route de ses structures mentales). Idem mais sans doute moins bien (plus fréquent pour l'instant dans ma classe), le fonctionnement de la classe imposant un séquencement des activités : les enfants arrivent le matin, écrivent puis par équipe de 2, font un exo orthographe ou conjugaison en fonction d'une difficulté que j'ai repéré dans l'un des écrits du matin d'un enfant puis se dictent leurs mots.
 
Ca leur permet de prendre des habitudes/reflex.
 
Après, que certains le fassent rapidement ou pas (ils passent ensuite en réel travail personnel), si on ne montre pas qu'on est affecté par le temps et l'energie qu'ils ont déployé, on agit, me semble-t-il,  à la fois sur ces habitudes sans perturber leur plein engagement de leurs structures mentales, bref sans mettre le pied dans "la scolastique" qui nuit aux enfants en recherche inconsciente de sens.
 
Philippe Ruelen

C.R.E.P.S.C. (Centres de Recherches des Petites Structures et de la Communication)

 

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