Bonjour je vais oser décrire ma modeste méthodologie en ce domaine , soyez indulgents gentes dames et sieurs :
 
1° La production brute est présentée en réunion
 
2° La classe au doigt levé emet un avis sur l'oeuvre : FINI / PAS FINI
 
3° Les réactions du maître et de la classe sont notées sur une étiquette
 
4° L'oeuvre peut être améliorée grace a ces remarques de la classe / grace à des exemples culturels / grace à un apport technique ou elle peut être affichée et archivée si l'auteur la juge achevée
 
5° Si elle a été retravaillée elle est représentée en réunion puis affichée et archivée
 
6° Un complément culturel est présenté si il existe !
 
Voila c'est tout !
 
Stéphane Daubilly
 
CE1/CE2 école MARIE CURIE de BOBIGNY SUR MER


----Message d'origine----
De: "Christian et Marie" <[EMAIL PROTECTED]>
A: <3type@marelle.org>, <[EMAIL PROTECTED]>,
Sujet: Re: [3type] atelier arts plastiques
Date: Sat, 14 May 2005 00:50:05 +0200

bonjour,
 
le retour au groupe en deux temps par la présentation des travaux d'enfants et ensuite par l'affichage est largement suffisant pour faire émerger de nombreuses formes de créations, de nombreuses techniques qui n'auront jamais à être classées par genre, style, courant.
Il y aurait là un contresens pédagogique à vouloir proposer un travail qui irait dans un sens qui n'intéressent que les pédants et les conservateurs.
Comme si pour être un citoyen éclairé il fallait être savant de ce que proposent les manuels d'histoire de l'art.
Dans l'histoire de l'art contemporain la rupture est une réponse permanente à l'académisme qui se construit dans les esprits plein de l'air du temps.
Ce qu'on retient d'une oeuvre c'est l'émotion qu'elle nous procure et jamais son appartenance à un courant quelconque.
La contrainte ne peut être que celle qui est le résultat d'une _expression_ subjective propre à un groupe à un moment donné.
Dans les recherches il y a de la pragmatique.
Que de la pragmatique.
Quand une technique se dégage et que son succès entraîne une série de productions d'un même type, cela agit comme le fait un artiste.
Il me parait essentiel de se détacher de notre pensée muséal qui nous a laissé croire qu'il n'y avait que des artistes majeurs qui ne produisaient que des chefs d'oeuvres .
Dans les musées il n'y a rien, de ce qui serait l"_expression_ d'une démarche créatrice d'un artiste.
Un musée est un cirque où on ne présente que les meilleurs numéros.
A force de fréquenter les musées, on se construit une représentation d'un artiste mythologique.
L'écrivain E. Junger écrivait que les bibliothèques sont des ossuaires de l'esprit.
Il en est de même pour les musées : il n'y a que de la mémoire morte qui vient nécroser notre perception du monde.
Quand on visite des galeries, elles exposent des oeuvres en séries, recherches obsessionnelles d'un artiste à un moment donné.
Au point qu'on serait tenté de penser que ce qu'on voit c'est toujours pareil.
Work in progress.
Quand un enfant adopte une attitude singulière dans une création, pour peu qu'elle soit suffisamment dissonante (mais pas trop au risque d'être jugé pour ce qu'elle ne mérite pas d'être dans des propos à l'emporte pièce), ce sentiment d'originalité devient un champ d'expérimentation pertinent que tout le monde s'empressera d'explorer jusqu'à le rendre conventionnel en attendant la prochaine rupture.
J'ai fait cette expérience cette année en maternelle à travers les explorations permanentes et libres de ce que les enfants peuvent disposer dans la classe. 
Ma crainte était de voir un appauvrissement des pratiques et manipulations des matériels, au point de laisser place à l'ennui.
Et bien même le jeu d'assemblage le plus élémentaire fait l'objet d'explorations aux résultats encore inattendues.
 
DESSINS LIBRES
autre témoignage :
lors du Congrès de Renne de l'ICEM en 2000, j'avais fait la connaissance de Paul Lebohec (grand artiste de la libre _expression_ pédagogique) qui présentait dans une salle le résultat de l'expérience du dessins libres menée par une collègue. Étaient présentés des porte-vues qui rassemblaient chronologiquement  des productions d'enfant (un porte-vue par enfant)
Je fus stupéfait de constater que toutes les productions tendaient vers une _expression_ que j'avais pu observer dans les expositions d'art brut.
D'expressions quelquefois très convenues au départ, toutes les séries se métamorphosaient en objet singulier.
Autrement dit, la conclusion que j'en tirais était qu'il semblait y avoir une sorte d'universalité dans l'_expression_, comme s'il existait une _expression_ naturelle commune à tous et que l'expérience systématique menait vers un même type de création.
Cette _expression_ était d'une richesse infinie par toutes les combinatoires qu'elle supposait puisque portée par l'expérience unique de chaque individu.
Il y avait autant d'oeuvres originales que d'individu.
Conclusion :
L'éternité nous appartient.
L'exercice du dessin libre libère le geste jusqu'à mener vers une forme complètement aboutie, jusqu'à se manifester par des formes semblables en apparence d'un individu à l'autre.
Ce que Picasso fit toute sa vie.
Ce n'est pas en s'obligeant à se libérer, en adoptant une posture d'artiste maudit, qu'il devint libre, mais en produisant énormément par des séries très importantes et répétitives qu'aucun musée ne nous a jamais montré.
Ce qui fit de Picasso un grand artiste, ce fut sa production incessante de "dessins libres".
Il n'a jamais su à l'avance ce que la répétition de son geste allait faire naître.
Il a également énormément observé et rencontré ses contemporains.
Regardez ses dernières oeuvres et vous verrez ce que vos enfants dans vos classes produisent de plus aboutis à l'issue de leur recherches répétées et libres.
Conchiez les "à la manière de".
C'est la mort de l'_expression_ libre.
Pire, c'est sa négation.
Mais attention, dans cette liberté revendiquée, il y le partage dont il ne faut pas faire l'économie.
Ce que j'aime, je le montre, je le partage.
Et si les momes s'en tapent, ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas murs, ou pas assez éduqués/cultivés,
c'est parce qu'ils ne sont pas disponibles.
Tant pis pour ma gueule.
 
    
Christian ROUSSEAU
MS-GS La Chapelle-Saint-Luc (Aube 10)
[EMAIL PROTECTED]
GEMA (Groupe de l'Ecole Moderne Aubois)
tout savoir sur la pédagogie Freinet : www.icem-freinet.info
----- Original Message -----
Sent: Friday, May 13, 2005 9:57 PM
Subject: Re: [3type] atelier arts plastiques

Tout à fait Jean Claude ! D'ailleurs quelqu'un comme Picasso parait il copiait lui même beaucoup, respectait et observait en tout cas énormément ... les dessins des enfants ! Il a dit qu'il lui a fallu une vie entière pour apprendre à dessiner comme eux, notamment en cherchant à peindre ce qui est ressenti et pas forcément ce qui est vu...comme font souvent et "naturellement" (comme dit Chirac, vous avez remarqué?) les enfants. Donc, "les deux", au moins. Et puis, ce qui est pas évident dans ta question Remi, c'est la diversité des comportements que peuvent avoir les enfants. Je rejoins JC à propos de mettre à disposition, de permettre, de donner du temps, de pas trop forcer trop vite... Je repensais aussi aux espèces de paravent de chez Patrick à Moussac : vraiment l'idéal pour afficher et faire une petite séparation ! ... Avez vous d'autres idées d'aménagement pour cet atelier (et les autres, d'ailleurs) ? ( Heu sinon, on dit "arts visuels" je crois maintenant dans le nouveau bouqin : )) 

LaurentB




> Message du 13/05/05 21:13
> De : "jcmura" <[EMAIL PROTECTED]>
> A : 3type@marelle.org
> Copie à :
> Objet : Re: [3type] atelier arts plastiques
>
> 
Bonjour
il me semble que la réponse est dans la question
tu penses que cet atelier ne fonctionne pas parce que
tu en attends quelque chose de précis alors qu'en réalité
il marche bien puisque les enfants de ta classe prennent plaisir
à réaliser des peintures libres
tu as des enfants de cycle 3 qui n'ont peut-être pas fait de peinture
depuis la maternelle et donc ils sont tout simplement heureux de peindre
je pense qu'il faut leur laisser des modèles et des pistes à disposition
et leur laisser le temps
cependant quel est le but recherché en arts plastiques
copier quelque chose ou créer ? les deux ?
 
dis donc Rémi t'as pris le TGV pour le 3ème type !!!
 
jc
 
----- Original Message -----
Sent: Friday, May 13, 2005 7:13 PM
Subject: [3type] atelier arts plastiques

>

> bonjour,

> suite au stage dans l'aube, j'avais l'attention de mettre en place plusieurs ateliers libres dont les arts plastiques. le texte de philippe ruelen m'a inspiré. j'ai mis à leur disposition une trentaine de carte postale d'artistes. cependant, au bout d'une semaine, c'est le seul atelier qui "ne marche pas bien" ou plutôt qui ne répond pas réellement aux effets attendus. les premières réactions des enfants ont été négatives car selon trop difficile : un enfant m'a répondu tout net qu'il était incapable de faire pareil. moi j'ai essayé de convaincre lui et les autres de "s'inspirer" et de ne pas essayer d'imiter. j'ai essayé plusieurs approches, toujours en refusant de leur imposer, en les encourageant, en essayant de montrer les différentes techniques, en peignant avec eux... rien n'y a fait. pour l'instant, ils prennent plaisir simplement à réaliser des peintures libres. depuis, je n'interviens plus réellement et je me pose beaucoup de questions. ai-je été trop vite ? ai-je sauté des étapes ? dois-je leur imposer une peinture dont ils doivent s'inspirer pendant un certain temps ? ou simplement le plaisir de peindre librement est-il une étape obligé avant que les enfants ressentent le besoin d'aller voir ailleurs ?

> merci d'avance de vos apports

> rémi

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