Monsieur le Président, je vous fais une lettre ouverte...

Vous connaissez la suite et pensez déjà : "Encore un qui va me soûler
avec un plagiat de Vian...".Pas sûr. Vous préférez Voltaire à Vian. Moi
aussi, mais je ne suis qu'un auditeur alors voilà.

Je viens de lire sur la page internet 
http://www.radiofrance.fr/services/aide/newlive.php du site de
Radio-France .
Je cite :
"Du nouveau pour la diffusion en direct
Dès le 5 décembre, Radio France simplifie et uniformise l'écoute en
direct de ses radios : fin des pop up intermédiaires et des cas
particuliers... un clic de souris suffira à entendre le direct de la
station choisie dans le même format quelque soit cette station...

Nous avons choisi le format Windows Media, désormais performant, fiable
et disponible sur les systèmes d'exploitation Windows et Apple
Macintosh. Il est également disponible pour certains systèmes Unix. Si
vous avez une version de windows récente (Windows 98 / Windows 2000 /
Windows XP), Windows Media Player est sans doute déja installé sur votre
système. Pour plus d'informations ainsi que pour télécharger la version
du logiciel adaptée à votre système, visitez
www.microsoft.fr. 

Monsieur le Président je ne peux pas le faire ...
Sa page ne s'ouvre pas à mon navigateur
parce qu'il n'est sans doute pas Internet Exploreur...

Trêve de plaisanterie.

 Il y quelques mois...
Monsieur Cavada, je vous ai entendu avec bonheur dénoncer la tentative
de rançonnage sur la diffusion de l'information sportive et agir pour
garantir l'accès à celle-ci comme il sied à un service public bien
entendu, mais surtout comme il sied à un journaliste au regard de sa
déontologie.

 Aujourd'hui...
Ça n'est plus une partie de l'information qui est en cause mais le droit
à l'information elle-même.
Internet doit comme les autres média doit être potentiellement
accessible à tous. Potentiellement car il est nécessaire en effet de
s'équiper du matériel adéquat de la même manière que, pour écouter la
radio, il faut au minimum un transistor.
Or, Monsieur, si désirant écouter la radio j'achète un transistor, je le
choisirai de la marque et du modèle qui me convient car tout transistor
me permettra d'écouter Radio-France pour peu que ce soit techniquement
possible. Et tout "émetteur" peut utiliser les ondes radios dans le
respect de la loi, définie par les représentants du peuple dont je suis.

Aux faits! me direz-vous, j'y viens.

Vous êtes sans doute, en tant que responsable d'une grande entreprise,
assez éloigné des "détails" techniques. Aujourd'hui la mesure prise par
Radio-France est grave car sous l'apparence d'une facilité technique et
utilitaire (l'utilisation d'un seul format de fichier audio pour la
diffusion du direct) elle engendre une impossibilité totale à écouter
vos chaînes sous un système d'exploitation libre (GNU/Linux
en l'occurrence) et sous tout système dont les auteurs n'auraient pas
passé d'accord avec Microsoft, payé leur cotisation en somme, à l'image
de ce que vous dénonciez concernant l'information sportive.

Monsieur le Président ceci outrepasse grandement la question technique
et va même plus loin que la "taxation" de l'information sportive car
elle interdit tout simplement la liberté d'accès à l'information en y
imposant un mode d'accès propriétaire et hégémonique.
Imaginons que pour écouter son transistor il faille utiliser un codage
particulier, que ce codage soit la propriété de "Machin" et que "Machin"
en interdise l'accès à toute ou partie de la population sous prétexte
que celle-ci n'utilise pas ses outils. C'est l'information elle-même qui
devient de facto la propriété de Machin.
C'est "Machin" qui fait la loi par le truchement d'arguties techniques
ou commerciales, plus les représentants du peuple.

Monsieur le Président, c'est ce qui se passe (un peu) par
l'intermédiaire de votre entreprise sur le médium internet, excusez-moi
du peu.

On pourrait considérer que ça n'est "pas bien grave", que le nombre
d'auditeurs par internet est faible, et, bien "moins grave encore", que
le nombre de ceux utilisant un système d'exploitation libre est encore
plus restreint.

Vous avez évidemment compris que nous sommes ici bien au-delà du factuel
ou du technique, qu'il s'agit de la domination de ce que d'aucun
considère (officiellement) comme un simple marché, les mêmes sachant
pertinemment qu'il s'agit de bien plus : du droit à l'information, à la
connaissance, bref d'un des droits fondamentaux et imprescriptibles de
l'homme.

Bien sûr ça n'est qu'une brèche dans ces principes, mais, Monsieur Le
Président, vous savez mieux que moi combien de brèches se sont
transformées en gouffres et combien la démocratie y sombre parfois.

Monsieur le Président, je n'ai jamais écrit à d'aussi haut responsable
que vous, car ceci me semblait trop souvent vain ou mal venu.
J'ai donc l'honneur (et ça n'est pas une formule) de vous demander de
revenir sur cette mesure.

Pour terminer, Monsieur Le président, oserai-je un conseil en forme de
post-scriptum : méfiez-vous de la technique et des techniciens, celle-là
doit en toute circonstance rester soumise aux choix politiques, elle ne
saurait les définir par défaut.

-- 
André Salaün.

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