Le 07/12/2023 à 17:58, Toussaint OTTAVI a écrit :
Le 07/12/2023 à 11:26, David Ponzone a écrit :
Y avait-il dans le cahier des charges du délégant la moindre allusion à
la redondance du raccordement du RIP au backbone du délégataire ?
M'ouais... C'est un peu comme si, lorsqu'on achète une voiture, on
devait se demander si elle freine bien devant *et* derrière ;-)
Aujourd'hui, pour remporter un appel d'offres, il faut être moins cher.
Et pour être moins cher, il n'y a pas de secret, il faut faire de la
m***, pardon, il faut rogner partout où on peut ! Tout le réseau public
Français, de la "fibre" à la 4G "New Deal" est construit suivant ce
postulat. Donc, exit la résilience, la robustesse, la tolérance aux
pannes ! Tant pis pour les réseaux maillés, qu'on est censés enseigner
en première année d'école télécom, et tant pis pour Arpanet ! Le réseau
télécom Français, c'est effectivement de l'Internet jusqu'à Paris, ou
exceptionnellement jusqu'à quelques grandes métropoles où certains très
gros ont des infras. Tout le reste, c'est un réseau pyramidal fermé où
chacun fait un peu ce qu'il veut dans la plus totale opacité. Ce qui est
d'autant plus facile que personne n'y comprend grand chose, et donc que
pas grand monde ne semble savoir poser les bonnes contraintes dans ses
cahiers des charges. "Internet" et "le Cloud", c'est bien connu, çà
marche tout seul, et on n'a plus besoin de se soucier de
l'infrastructure :-D
Le résultat est qu'assez régulièrement, pour des causes aussi diverses
que variées (sabotages, tempêtes, doubles pannes, défaut d'énergie,
niveau de compétences...) çà pète à grande échelle. Et encore, à part la
météo qui, ces dernières années, nous ménage de moins en moins, nous ne
sommes pas en guerre contre une puissance étrangère, ni même n'avons été
victimes d'actes de terrorisme sérieux visant les infrastructures
numériques. Jusqu'à quand ?
Et on feint d'être surpris ? Que de telles coupures produisent au beau
milieu de la montagne sur une île perdue, à défaut de l'accepter, je
pourrais encore le comprendre. Il y a une seule fibre, en aérien, sur
20km, au milieu du maquis, et un seul câble EDF... Mais que cela se
produise dans des grandes régions de métropole est quelque chose qui
m'échappe totalement. Si l'on fait le cumul de tous les opérateurs, les
infrastructures physiques (les fibres) y sont, et apparemment, en grand
nombre ! On en revient, encore et toujours, à la notion de
décentralisation du réseau, qui n'est absolument pas mise en oeuvre en
France. Et on se demande bien pourquoi ! Tout remonte sur Paris par des
moyens divers et variés.
Personnellement, je ne peux pas m'empêcher d'imaginer des
plaques/POP/GIX à Lille, Rouen, Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse,
Perpignan, Marseille, Nice, Lyon, Strasbourg (sans oublier Ajaccio et
Bastia), tout çà en full-BGP, avec tous les liens de tous les opérateurs
existants. Le pire, c'est que tout cela est possible quasiment sans
faire une seule tranchée !
Le corollaire est que, contrairement à une voiture, si on achète un lien
télécom aujourd'hui, on n'est absolument pas certain qu'il va freiner
quand on appuiera sur la pédale. Le service public, c'est bel et bien
terminé ! Si l'on veut avoir un minimum de garanties, il faut acheter et
construire soi-même sa résilience : des liens différents chez plusieurs
opérateurs différents, avec des cheminements différents (quand on les
connaît). Avec un seul lien chez un seul opérateur, peu importe la GTR
ou les SLA, un jour ou l'autre, çà explosera. Et malheureusement, les
exemples sont nfréquents ici où même deux liens différents chez deux
opérateurs différents ne suffisent pas.
La semaine dernière, on fustigeait Orange pour avoir remis au catalogue
des offres satellite. A la base, je pense que c'était surtout pour
essayer de s'affranchir en douce de l'obligation de fourniture du
service universel en FTTH dans les endroits les plus reculés du pays.
Ceci étant, moi, je suis bien content d'avoir les satellites, car au
niveau de la résilience, çà fait le job que ne font plus les opérateurs
"filaires" !
En plus du mobile qui rentre dans la dénomination du "très haut débit".
(image en bas à droite sur
https://www.gouvernement.fr/action/le-plan-france-tres-haut-debit)
En fait, tu peux prendre ça sous l'angle Européen à savoir la
sacro-sainte concurrence: le service étant mauvais, il y a donc une
place pour un autre opérateur pour proposer un meilleur service.
A moins que la concurrence ne soit faussée pour cause de territoire
économiquement non rentable et que la solution de la DSP
d'infrastructure n'est sans doute pas la bonne solution.
C'est aussi l'occasion pour ces opérateurs d'être plus transparent sur
leurs moyens et leurs infrastructures internes plutôt que de nous vanter
le seul nombre de prise ouverte.
Jérôme
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Jérôme Marteaux
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