Salut Stéphan

Tu disais:


  Euh, Sébastien, tu oublies la pénurie de paramédics. Le manque de paramédic 
est trop important pour libérer les équipes pour les formations obligatoires, 
alors imagines les simples maintient de compétence. (ah ha! j''t'ai eu là, hein 
mon Serge!).  

    C'est donc le temps de prendre les grands moyens et de sortir dans les 
médias avec ça.  Imaginons les grands titres: Les paramédics pas assez formés.  
J'aimerais bien voir le ministre de la Santé répondre à ça en ne perdant pas la 
face...

    Mais avant tout, c'est la responsabilité du paramédic de se tenir au 
courant, surtout avec le nivellement par le bas qui sévit encore dans les 
formations au Québec. Tout pour ceux qui ne veulent pas nécessairement en faire 
plus, et rien pour ceux qui veulent aller plus loin.

  Sans contrerdire  mon excellent précédent courriel, il faut que les 
conférences soient disponibles. Elles sont relativement rares au Québec. Et les 
incitatifs pour y participer n'y sont pas. 
   
  Et pourquoi il faudrait attendre après le Québec?  Toronto n'est qu'à 6 
heures de Montréal (en train ça se fait très bien...) et je connais des 
paramédics qui se tapent de plus longs voyages pour aller à la chasse...
    Combien de paramédics traînent le Marieb (Anatomie et physiologie humaine) 
ou encore le Essentials of Paramedic Care ou bien l'excellent Pathophysiology 
for the Health Professions (de Gould), au lieu d'avoir "Auto-Hebdo" ou 
"Allô-Police" dans l'ambulance.  Entre deux appels, il est possible d'avoir le 
temps de lire un peu.  Pourquoi ne pas utiliser ce temps à lire des choses 
directement reliées à notre profession.

  T'sé, Sébastien, camp té pa kapab de lirre et ekrir, té pas mal intiminez par 
l'instruisence. Hunne fotto vo mil mau. Lire un Auto-Hebdo, c'est l'équivalent 
de lire quelques romans. Faudrait que tu cesses tes préjugés.  
  Oups.... c'est peut-être toi qui a un préjugé en pensant que j'en ai... 
sérieusement, je comprends ton point et je sais pertinement bien que certains 
confrères sur la route n'ont pas un niveau élevé de littéracie.  Cependant, ils 
sont tout de même extrêment efficaces comme paramédics, et apprennent beaucoup 
en posant des questions (et surtout en trouvant des réponses à leurs 
questions).  Je visais plutôt les gens qui ont la capacité d'aller plus loin, 
mais qui attendent que ça arrive au lieu d'aller au-devant de l'information.  
Et le seul préjugé que j'ai, c'est que tous les être humains ont le potentiel 
pour devenir meilleurs... s'ils le veulent bien.


    Rien dans ce système ne nous force à aller plus loin, si ce n'est notre 
volonté d'en savoir plus; inutile donc d'attendre après le système pour nous 
aider là-dedans.  

  En effet, et surtout au Québec, ça devrait être indicatif de gens qui sont 
plus motivés face à la profession que la moyenne. Mais comme le reste, lorsque 
ta tête ressort de la masse, elle se fait décapiter.  

    Raison de plus pour aller sortir la tête là où c'est plus reconnu et moins 
dangereux....

    La professionnalisaton des paramédics, ça commence par des petites actions 
de la part des paramédics.  Agissons en professionnels, et faisons-nous 
reconnaître comme tels par les autres professionnels de la santé avec qui nous 
travaillons.  Vous auriez dû voir la face de l'infirmière du triage quand je 
lui ai dit que les signes de Psoas, de McBurney et d'Aaron étaient négatifs 
chez la patiente avec la douleur abdominale que je lui amenais...

   Connais pas Aaron. Rovsing et Murphy's était positifs ou négatifs?  :-) Pour 
l'histoire: tous étaient négatifs...

  Mais à part un VRAI court d'évaluation (appréciation) physique, c'est pas 
vrai que les gens vont savoir de quoi on parle.  
  Je ne retournerai pas dans le débat de l'évaluation vs appréciation sinon je 
vais encore me fâcher... trop tard.... 
  Là encore, c'est la formation initiale qui est défficiente, et ce n'est ni la 
faute des profs dans les AEC, ni celle des étudiants et futurs candidats à 
l'exercice de la profession paramédicale.  Une AEC de 940 heures, avec tous les 
nouveaux outils qui sont apparus dans la profession dans les 10 dernières 
années, ce n'est plus suffisant.  Mais, là encore, on paie pour des décisions 
qui ont été prises par des fonctionnaires bien assis dans leur bureau, qui ne 
connaissent rien à la réalité, et qui se disent que pour enrayer la pénurie de 
main-d'oeuvre, aussi bien ouvrir les vannes pour plus d'AEC que de trouver des 
moyens de retenir les paramédics déjà en place, avec des salaires décents.... 
par exemple....

  J'ai découvert la puissance du savoir quand j'étais préposé dans un CH 
maintenant universitaire. Les docs nous (moi et un excellent amis à moi) 
montraient toutes sortes de choses parce qu'on mangeait du médical. On était 
même pas encore paramédic. Et ça c'est seulement améliorer depuis!!! Bon, 
certains diront que je suis devenu un narcissique fendant, mais comme j'aime 
partager mes connaissances avec les autres, j'imagine que ça compense un peu. 
  Tiens, j'ai moi aussi commencé dans un hôpital universitaire, et j'ai 
rencontré d'excellents médecins qui n'hésitaient pas à répondre à mes questions 
et même à aller plus loin... mais j'en ai aussi rencontrés qui pensaient que MD 
voulait dire Mon Dieu, et qui étaient très avares de leurs connaissances (des 
TduC, finalement) .  Heureusement que ce n'était pas la majorité...

  Et j'aime aussi partager mes connaissances (c'est ce qui m'a poussé vers 
l'enseignement, j'imagine.....), pour le narcissisme par contre.... c'est 
sûrement déjà arrivé, mais bon je n'ai pas de temps à perdre avec ça.  J'ai 
toujours pris le temps qu'il fallait pour répondre aux questions, et je crois 
que c'était apprécié... au moins je l'espère.... Et si j'ai quitté le préhosp 
québécois, c'est parce que je gagnais une immense qualité de vie en allant 
enseigner à temps plein (manger à l'heure, en congé les fins-de-semaine, pas 
sur la 20 à 2h00 du matin en janvier...) pas parce que je ne crois pas que le 
système québécois peut finir par s'améliorer...

  Après me faire pogner les culottes à terre (au figuré) par la faute des 
autres, l'affaire qui m'insulte le plus c'est d'avoir à répondre "je ne l'sais 
pas". 
  C'est Socrate (ou Platon, pas certain et je n'étais pas là) qui disait que la 
base de la connaissance est de savoir ce qu'on ne sait pas.  En sachant quelles 
connaissances me manquent, je suis en mesure d'aller les chercher.  Autrement 
dit, je sais ce que je sais, mais je sais aussi ce que je ne sais pas.  Et je 
ne m'aventurerai pas dans une zone où je sais que mes connaissances sont 
inadéquates.  Par contre, je peux prendre les moyens pour augmenter ces 
connaissances... il n'en tient qu'à moi, juste à moi.

  Chaque appel sur la route a le potentiel de nous apprendre quelque chose 
(nouvelle pathologie, nouveau médicament, nouvelle façon de sortir un patient 
par la fenêtre du sous-sol, etc...) mais encore faut-il garder les yeux ouverts 
pour ne pas laisser passer cette opportunité.

  Paramédicalement vôtre

  Sébastien Gagnon, AEMCA
  qui a toujours le coeur au Québec... mais qui voit aussi ce qui se fait 
ailleurs...

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