Plop,

Bon, je vais préciser et contextualiser un peu.

Mi décembre, Benjamin et moi avons exprimé nos candidatures pour les
nominations au collège de l'ARCEP.

Benjamin n'est allé qu'au Sénat, moi aux deux (Sénat et Élysée). La
nomination du Sénat ayant été prononcée, Benjamin est visiblement
hors-course. Mais je n'ai pas encore renoncé.

Du coup, comme ils ont préféré nommer un économiste qui, d'après ce
qu'on m'en a dit, est plutôt plus du genre brillant que du simple
serial-squatteur de fonction publique, j'attends de le rencontrer pour
prononcer le moindre avis.

Hier a eu lieu la cérémonie des vœux de l'ARCEP, et ce fût pour moi une
soirée très riche en feedbacks et apprentissage.

D'une part, de nombreux agents de l'ARCEP semblent enthousiastes à une
nomination non politique, susceptible d’insuffler un peu plus de
compétence et dynamisme au collège. Sortir de la consanguinité
institutionnelle leur ouvre de nouvelles perspectives, le
poli-culturalisme étant toujours enrichissant.

De l'autre, nombreux sont ceux qui n'avaient même pas envisagé qu'un non
X/Mines puise s'intéresser au poste. Genre, "mais c'est qui cet
arriviste ? Il peut pas sérieusement envisager d'avoir une chance, donc
il est forcément là pour nous faire chier".

Tout ça pour dire qu'"on" (les mecs qui font marcher les réseaux) sommes
tellement méprisés qu'on pourrait se prendre pour des "Gilets Jaunes"
des télécoms. Et donc qu'il est temps de casser les codes structurants
de certaines institutions. Pas pour bouleverser, juste pour enfin
pouvoir leur amener intelligence, pragmatisme et vision, dont ils
manquent cruellement à l'heure actuelle.

Alors, c'est pas comme si j'avais eu la moindre chance dès le départ.
J'ai plutôt géré cette campagne comme un tour de chauffe pour préparer
celle de dans deux ans (pour la présidence de l'ARCEP), mais à défaut
d'être efficace, ça aura au moins été instructif.

Ce qu'on peut en retenir par contre, c'est qu'on a un vrai problème de
déconnexion du régulateur avec le monde réel. Ses membres et agents sont
rares à être capables de comprendre ce qu'il est en train de se passer.

L’exemple le plus criant est celui du Bitstream FTTH. On a prévenu
Soriano dès son arrivée que le projet KOSC était une connerie, qu'il
n'aurait pas du se compromettre dans du favoritisme aussi manifeste, car
ça pourrait probablement le faire foutre en taule, et le marché nous a
donné raison trois ans plus tard. Mais ce n'est qu'un exemple parmi
d'autres.

Là on est dans une autre phase. Il y a moult opportunités à saisir sur
l'élargissement de l’assiette du CPCE, mais le régulateur sera-t-il en
ordre de marche et suffisamment volontaire pour en profiter ? Être
formaté au "diplomatiquement correct" et bousculer un secteur semblent
antinomiques.

J'ai le sentiment que non, et c'est pour ça que je me suis lancé dans
cette campagne : pour défendre les intérêts des citoyens, et dans une
moindre mesure ceux des opérateurs alternatifs, seuls à bien bosser pour
l’aménagement numérique du territoire.

La vraie question aujourd'hui dépasse les intrigues de notre secteur. Il
s'agit de savoir si le pouvoir politique est réellement ouvert à la
société civile, ou si ce n'était qu'une pirouette électorale.

J'interpellerai donc le Président de la République sur ce point, pour
qu'il envisage enfin sérieusement l'ouverture des AAI à la société
civile, ce qui ne serait qu'un prolongement de ses promesses de campagne.

Et s'il s'y refuse, alors on finira tous par être des "Gilets Jaunes".

Commentaires bienvenus.

@+

-- 
Jérôme Nicolle
+33 6 19 31 27 14


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