[3type] RE: [3type] L'école du 3ème type
Je ne sais toujours pas très bien où je me situe par rapport à vos démarches, mais ces derniers échanges me donnent envie de parler de la 'directions pédagogique' qui m'intéresse, que je ne puis hélas argumenter faute d'expérience... Cependant, ce qui intuitivement me distingue des différents points de vue qui apparaîssent sur la liste est l'accent mis sur le développement individuel. Je m'explique : Le développement personnel de l'enfant est la priorité, la mienne et la votre. Ce qui me semble différer, c'est le moyen d'y parvenir. J'ai envie, pour mes élèves, non pas de les conduire sur leurs projets personnels, mais sur les projets du groupe ou groupe classe. C'est à dire de leur proposer des axes de travail qui aboutisent collectivement à la réalisation de quelque chose. Si j'avais des CM, par exemple, je leur proposerais la réalisation d'une exposition ou d'une revue documentaire sur les mathématiques, qui aborde les notions, les concepts, et l'histoire de la discipline d'une part, et mette en jeu des comportements 'professionnels' pour la réalisation de l'expo ou du documentaire (mise en page, présentation, diffusion à l'extérieur...). J'assume entièrement l'idée d'avoir envie de quelque chose pour eux, ainsi que celle de leur proposer quelque chose, car je sais que ce qui m'importe est qu'eux avancent dans leur vie. Je suis entièrement à leur service et accueillerais avec enthousiasme leur idées. Je cherche surtout à les faire s'épanouir d'une part dans le travail partagé avec les autres, et d'autre part dans l'offrande que leurs réalisations peuvent faire à la société. Il me semble possible - et très enrichissant - de trouver sa place dans un projet qui n'est pas nécessairement le sien, de se l'approprier, quitte à y participer de manière moins polyvalente (par exemple en se spécialisant dans l'écriture des textes, ou la mise en page pour ceux que les mathématiques rebuteraient trop). J'ai envie d'une école qui s'ouvre vers l'extérieur en faisant circuler ses productions à l'extérieur, en ouvrant à la visite publique son jardin botanique (projet passionnant à mener pour une classe ce cycle ! ). Bref, que les enfants ne soient pas seulement consommateurs des savoirs qui leur viennent du monde, mais producteur aussi, pendant qu'ils le peuvent, c'est à dire avant de songer à aller gagner leur croûte en fabriquant des robots ménagers. Je n'ai pas la moindre idée de la manière dont cette perspective pédagogique peut prendre forme au quotidien dans une classe. Beaucoup de vos pratiques peuvent y être intégrées. Ma recherche est proche de la pédagogie de projet mais je tiens vraiment à ce que les projets dépassent le cadre de l'école et le public familial. Par ailleurs, il y a une partie des apprentissages qui ne peut passer seulement par le projet... Et surtout, là où je m'en écrate vraiment, c'est dans la finalité : dans la pédagogie de projet (pour ce que j'ai cru comprendre), le projet est un 'alibi' pour autre chose : la formation des enfants. De mon point de vue, le projet a pour finalité de participer à la vie sociale et culturelle, d'apporter sa contribution à l'enrichissement du monde. Cet enrichissement passe nécessairement par la maîtrise des contenus autour duquel tourne le projet -tant mieux pour une instit ! sinon je changerais de métier ! Je ne veux pas me lancer dans un grand acte d'humanisme qui soutiendrait que les enfants ont 'aussi' des choses à apporter. Car les fait sont là : les enfants, les adultes, les vieillards ont des choses à apporter. Il me semble qu'il n'y a, de ce point de vue, rien à défendre. Ce que j'ai envie de faire passer à mes élèves, c'est que chacun de leur projet fait avancer le monde et que le choix du sujet donne la direction dans laquelle ils veulent le faire avancer. Bon comme je deviens de plus en plus idéaliste en écrivant, je vais m'arrêter là, sinon demain j'y serais encore...et vous aussi peut-être ! Deux choses encore : - Sur l'homme et le projet, lire absolument 'Anthropologie du Projet, de Jean-Pierre Boutinet, ed PUF. A mon avis, le livre qu'il faut avoir lu dans sa vie pour une très bonne connaissance de l'homme et de la civilisation dans sa relation au temps et à son devenir. Dimension abordées : philosophique, sociale et pratique (à travers l'exemple de l'architecture). Se lit bien, contrairement à ce que peuvent laisser penser les mots savants des titres des paragraphes. - Sur les remarques autour de l'école troisième type : je ne me sens pas capable d'avoir un avis, d'où mon silence et par ailleurs, je n'arrive pas à comprendre ce que c'est, une école 3ème type (ce qui montre au moins que la présentation qui en est faite ne me permet pas d'y voir clair). et si je n'ai rien dit juste là, c'est que je ne comprends pas ce que j ne comprends pas, donc je ne sais pas quoi demander ! J'attends, tranquillement de voir émerger des directions, des info qui me mettront sur la piste d
[3type] Re: [3type] L'école du 3ème type
- Original Message - From: Philippe Ruelen To: 3type@marelle.org Sent: Wednesday, June 22, 2005 12:06 PM Subject: [3type] L'école du 3ème type PR :Bref, après avoir pris un nombre important de chemins détournés, rencontré des culs de sac, je suis arrivé en cette fin d'année à avoir des idées beaucoup plus claires. Je ne sais pas si ça peut aider mais voilà où j'en suis : Les enfants déclenchent des projets : ça veut dire qu'on ne fait rien tant qu'ils n'ont rien fait ;-) Très vite, ils font quelque chose. Je m'informe des projets et les note. Le pense-bête est affiché et réactualisé chaque jour. En face du projet, l'activité ou les activités à conduire pour mener à terme le projet sont inscrites. Mon rôle va consister à suivre chaque projet de sorte que l'enfant le mène à son terme - du moins les projets dont j'ai connaissance, cad ceux que je note sur le pense-bête. C'est l'enfant qui enclenche le projet (du moins la première activité du projet) mais je veille à ce qu'il le mène à son terme. Par ailleurs, je l'aide à associer à son projet des activités afin de maîtriser son projet : ces activités (type et nombre) dépendront du niveau de l'enfant (mais aussi de l'état psychologique du moment) et des progrès - que je pense - qu'il pourrait faire via ce projet. Par exemple : un enfant se lance dans l'écriture d'un documentaire. Lors de la correction, je me rends compte qu'il ne parvient pas à choisir correctement entre 'é' et 'er'. Je lui dis de faire un exercice d'orthographe associé pour essayer de comprendre comment ça marche. Cette activité s'inscrit alors dans son projet. Dans ce cas, j'ai très rarement besoin d'expliquer comment ça marche (du moins en fin d'année) car l'entraide est alors largement suffisant. Bref, cette activité décrochée d'orthographe associé à un projet d'écriture ressemble fortement à ce qui est préconisé par l'IUFM et les méthodes actives. RL: Je me retrouve tout à fait dans ce que tu décris. J'ai moi aussi souvent fonctionné à partir des projets des élèves (ou ceux que je leur insufflais) et j'essayais de leur programmer des exercices d'entrainement sur tel ou tel difficultés rencontrées. Mais ce que je ne réussissais pas : - comment suivre tous les apprentissages effectués ? L'année prochaine je compte utiliser Bingo et le temps de brevet pour imposer ? de passer le brevet dans les difficultés mis au plan de travail ; - la répartition des activités (type et nombre) - J'ai eu trop souvent tendance à donner les réponses sans imposer le travail nécessaire d'entrainement-mémorisation -qui je pense- reste indispensable pour rendre efficaces (efficients) les apprentissages. - comment ne pas - la gestion des temps de projets au milieu des temps d'apprentissages de l'emploi du temps du maître, la diversité des niveaux, le programme... La différence, essentielle pour moi et pour quelques collègues avec qui on a écrit le texte "les 3types" (et pour lequel il n'y a eu toujours aucune réaction sur la liste, sniff :-( ), c'est que le projet est déclenché par l'enfant. L'enfant s'engage, et l'instit l'aide à aller au plus loin et surtout à mener à terme son projet. Bref, c'est comme à la maison lorsque les enfants sont nombreux et lorsque nous prenons le temps d'être avec eux : - si on leur demande de faire une activité (y compris un jeu), ils ne veulent pas ; ça ne marche donc pas. - si on leur demande de faire une activité avec nous, ça marche pour qelques uns mais pas pour tout le monde - si on s'intéresse à ce que chacun fait, et qu'on les aide à aller plus loin, ça marche. Ca marche si bien d'ailleurs que les uns profitent des activités des autres, et que l'entraide devient naturelle. RL : Bien d'accord. Ce que je me fixe comme objectifs ou lignes directrices : - laisser une plus grande place aux projets (ind et collectif) et un meilleur accompagnement : outils, suivi, ... - poursuivre la pratique des ateliers/marché de connaissance, pour l'entraide, piloter avec Bingo pour le suivi et la valorisation. C'est pourquoi l'école est bel et bien une maison éducative : environnement riche et présence de l'adulte pour les aider. Il me semble que plus l'environnement est riche et plus l'hétérogénéité des enfants est grande, moins la présence de l'adulte est nécessaire car les tâches décrites ci-dessus faîtes par l'instit sont faîtes par les enfants eux-mêmes. Le rôle pédagogique de l'instit va constituer à proposer des activités diverses et variées à partir du projet de l'enfant de sorte qu'il puisse développer tous les langages et entreprendre donc des activités dans des domaines que l'enfant aurait tendance à écarter. Si l'enfant voit un intérêt à s'y confronter via son projet, il entreprendra l'activité e
[3type] Re: [3type] L'école du 3ème type
- Original Message - From: Philippe Ruelen To: 3type@marelle.org Sent: Wednesday, June 22, 2005 12:06 PM Subject: [3type] L'école du 3ème type Remarque : Dans l'Ain, y a une seule école à étiquette : il s'agit d'une école Montessori vers Belley. Quelques collègues l'ont visité et il semblerait que leur fonctionnement ressemble beaucoup à l'école du 3ème type. Vous avez des infos sur les écoles Montessori ? BC : apparemment l'école de Belley (Champagne en Valromey) est répertoriée par l'association des écoles Montessori. Je n'ai jamais entendu dire, contrairement à des écoles se référant à Steiner, qu'une école se déclarant Montessori soit liée à une secte. Je n'ai jamais entendu parler d'un instit de l'enseignement public se référer à Montessori (alors qu'il y a des instits publics qui se réfèrent à Steiner... et ils est apparu qu'un certain nombre avaient justemnt des liens prêtant à interrogation avec des mouvements prêtant à confusion). Il me semble que la plupart des écoles s'affichant "Montessori" sont des écoles privées non confessionnelles (sous contrat). Les éducateurs doivent avoir un diplome "association montessiori international" (AMI). Le matériel utilisé doit être agréé par l'AMI ("- Aucun autre matériel ne sera mélangé avec le matériel Montessori"). Bon, mais Maria était Suisse ! J'avais à une époque et je ne me souviens plus pour quel événement contacté la directrice de AMI France. Il ne me semble pas l'avoir trouvé très ouverte, AMI me semblant assez replié sur elle-même, mais c'était il y a longtemps et je n'avais pas insisté plus que ça.
[3type] Re: [3type] L'école du 3ème type
- Original Message - From: Philippe Ruelen To: 3type@marelle.org Sent: Wednesday, June 22, 2005 12:06 PM Subject: [3type] L'école du 3ème type A quelques jours de la fin de cette année scolaire, je me dis, qu'au final, l'école du 3ème type, c'est quelque chose de simple finalement même si, on passe par des détours un peu compliqué parfois pour faire simple. (...) c'est que le projet est déclenché par l'enfant (...) BC : Je ne dirai pas qu'il est déclenché mais qu'il émane. Ce qui est déclenché c'est la réalisation du projet. Ce n'est que du vocabulaire mais il y a souvent distinction entre émanation du projet (qui peut être le maître ou fortement induit par le maître) et décision de réaliser le projet. Tout tourne bien autour de cette clef du projet. Il y a un relatif accord général, mais cette clef ne me semble pas encore totalement éclaircie, tant sur la nature du projet permis (projets corrects et projets incorrects), ce qui en favorise l'émergence, la façon dont n'importe quel projet va produire des langages (et leur construction), l'inclusion des projets individuels dans un collectif, l'influence des projets sur l'auto-organisation, en particulier quand ils se transforment en activité (réalisation du projet), ce qui permet de mener à bien les projets (en particulier lorsqu'ils sont incorrects !), etc. etc. (voir même sur la nature philosophique même de ce qu'est un projet (en dehors de celui de respirer !)... l'homme n'est peut-être fait que de projets et non de langages !). Faire l'imbécile est un projet suivi de son exécution immédiate ! Il y a donc aussi le problème du décalage du temps entre projet et réalisation, le problème du décalage entre nombre de projets (continu et illimité !) et les réalisations (limitées en nombre, différentes en temps, investissement...) etc. A la lecture de l'ensemble des messages produits, c'est ce qui me semble poser quasiment le seul problème ou tout au moins que tous les autres problèmes en dépendent. C'est aussi sur ce point que l'école du 3ème type heurte, voire agresse (et elle agresse effectivement les représentations). La difficulté est-elle le problème de représentation (problème théorique) ou de mise en oeuvre (problème pratique) ? Il me semble que dans la recherche, ce thème devrait être constamment en premier ou arrière plan, quoiqu'il en résulte, son investigation ne peut qu'aboutir à une amélioration de la cohérence et de la clarté des pratiques (quel que soit alors le sens des pratiques). Et puis je ne peux m'empêcher de suggérer que son investigation débouche aussi sur d'autres perspectives comme la démocratie ! Et au passage je voulais dire que j'ai jubilé en lisant le message de Corinne : elle est en train de faire une remarquable démonstration de "comment démarrer" ! C'est magnifique : "taisez-vous 15 minutes" ! Quoi de plus simple à proposer à tout le monde (en rajoutant "et écoutez") ! Et il y a déjà une cascade de conséquences ! Finalement la pédagogie c'est pas compliqué !