[3type] RE: [3type] L'école du 3ème type

2005-06-23 Par sujet Emmanuelle Hersant



Je ne sais toujours pas très 
bien où je me situe par rapport à vos démarches, mais ces derniers échanges me 
donnent envie de parler de la 'directions pédagogique' qui m'intéresse, que je 
ne puis hélas argumenter faute d'expérience...
Cependant, ce qui intuitivement 
me distingue des différents points de vue qui apparaîssent sur la liste est 
l'accent mis sur le développement individuel.
Je m'explique : Le 
développement personnel de l'enfant est la priorité, la mienne et la votre. Ce 
qui me semble différer, c'est le moyen d'y parvenir.
J'ai envie, pour mes élèves, 
non pas de les conduire sur leurs projets personnels, mais sur les projets du 
groupe ou groupe classe. C'est à dire de leur proposer des axes de travail qui 
aboutisent collectivement à la réalisation de quelque chose. Si j'avais des CM, 
par exemple, je leur proposerais la réalisation d'une exposition ou d'une revue 
documentaire sur les mathématiques, qui aborde les notions, les concepts, et 
l'histoire de la discipline d'une part, et mette en jeu des comportements 
'professionnels' pour la réalisation de l'expo ou du documentaire (mise en page, 
présentation, diffusion à l'extérieur...).
J'assume entièrement l'idée 
d'avoir envie de quelque chose pour eux, ainsi que celle de leur proposer 
quelque chose, car je sais que ce qui m'importe est qu'eux avancent dans 
leur vie. Je suis entièrement à leur service et accueillerais avec enthousiasme 
leur idées. Je cherche surtout à les faire s'épanouir d'une part dans le travail 
partagé avec les autres, et d'autre part dans l'offrande que leurs réalisations 
peuvent faire à la société.
Il me semble possible - et très 
enrichissant - de trouver sa place dans un projet qui n'est pas nécessairement 
le sien, de se l'approprier, quitte à y participer de manière moins polyvalente 
(par exemple en se  spécialisant dans l'écriture des textes, ou la mise en 
page pour ceux que les mathématiques rebuteraient trop).
J'ai envie d'une école qui 
s'ouvre vers l'extérieur en faisant circuler ses productions à l'extérieur, en 
ouvrant à la visite publique son jardin botanique (projet passionnant à mener 
pour une classe ce cycle ! ). Bref, que les enfants ne soient pas seulement 
consommateurs des savoirs qui leur viennent du monde, mais producteur aussi, 
pendant qu'ils le peuvent, c'est à dire avant de songer à aller gagner leur 
croûte en fabriquant des robots ménagers.
Je n'ai pas la moindre idée de 
la manière dont cette perspective pédagogique peut prendre forme au quotidien 
dans une classe. Beaucoup  de vos pratiques peuvent y être intégrées. Ma 
recherche est proche de la pédagogie de projet mais je tiens vraiment à ce que 
les projets dépassent le cadre de l'école et le public familial. Par ailleurs, 
il y a une partie des apprentissages qui ne peut passer seulement par le 
projet... Et surtout, là où je m'en écrate vraiment, c'est dans la finalité : 
dans la pédagogie de projet (pour ce que j'ai cru comprendre), le projet est un 
'alibi' pour autre chose : la formation des enfants. De mon point de vue, le 
projet a pour finalité de participer à la vie sociale et culturelle, d'apporter 
sa contribution à l'enrichissement du monde. Cet enrichissement passe 
nécessairement par la maîtrise des contenus autour duquel tourne le projet -tant 
mieux pour une instit ! sinon je changerais de métier !
Je ne veux pas me lancer dans 
un grand acte d'humanisme qui soutiendrait que les enfants ont 'aussi' des 
choses à apporter. Car les fait sont là : les enfants, les adultes, les 
vieillards ont des choses à apporter. Il me semble qu'il n'y a, de ce point de 
vue, rien à défendre. Ce que j'ai envie de faire passer à mes élèves, c'est que 
chacun de leur projet fait avancer le monde et que le choix du sujet donne la 
direction dans laquelle ils veulent le faire avancer.
Bon comme je deviens de plus en 
plus idéaliste en écrivant, je vais m'arrêter là, sinon demain j'y serais 
encore...et vous aussi peut-être !
 
Deux choses encore : 

- Sur l'homme et le projet, 
lire absolument 'Anthropologie du Projet, de Jean-Pierre 
Boutinet, ed PUF. A mon avis, le livre qu'il faut avoir lu dans sa vie 
pour une très bonne connaissance de l'homme et de la civilisation dans sa 
relation au temps et à son devenir. Dimension abordées : philosophique, sociale 
et pratique (à travers l'exemple de l'architecture). Se lit bien, contrairement 
à ce que peuvent laisser penser les mots savants des titres des 
paragraphes.
- Sur les remarques autour de 
l'école troisième type : je ne me sens pas capable d'avoir un avis, d'où mon 
silence et par ailleurs, je n'arrive pas à comprendre ce que c'est, une école 
3ème type (ce qui montre au moins que la présentation qui en est faite ne me 
permet pas d'y voir clair). et si je n'ai rien dit juste là, c'est que je ne 
comprends pas ce que j ne comprends pas, donc je ne sais pas quoi demander ! 
J'attends, tranquillement de voir émerger des directions, des info qui me 
mettront sur la piste d

[3type] Re: [3type] L'école du 3ème type

2005-06-22 Par sujet R LIOGER



 

  - Original Message - 
  From: 
  Philippe Ruelen 
  To: 3type@marelle.org 
  Sent: Wednesday, June 22, 2005 12:06 
  PM
  Subject: [3type] L'école du 3ème 
  type
  
  PR :Bref, après avoir pris un nombre important de chemins 
  détournés, rencontré des culs de sac, je suis arrivé en cette fin d'année à 
  avoir des idées beaucoup plus claires. Je ne sais pas si ça peut aider 
  mais voilà où j'en suis :
   
  Les enfants déclenchent des projets : ça veut dire qu'on ne 
  fait rien tant qu'ils n'ont rien fait ;-) Très vite, ils font quelque chose. 
  Je m'informe des projets et les note. Le pense-bête est affiché et 
  réactualisé chaque jour. En face du projet, l'activité ou les 
  activités à conduire pour mener à terme le projet sont inscrites. Mon rôle va 
  consister à suivre chaque projet de sorte que l'enfant le mène à son terme - 
  du moins les projets dont j'ai connaissance, cad ceux que je note sur le 
  pense-bête. C'est l'enfant qui enclenche le projet (du moins la 
  première activité du projet) mais je veille à ce qu'il le mène à son terme. 
  Par ailleurs, je l'aide à associer à son projet des activités afin de 
  maîtriser son projet : ces activités (type et nombre) dépendront du 
  niveau de l'enfant (mais aussi de l'état psychologique du moment)  et des 
  progrès - que je pense - qu'il pourrait faire via ce projet. Par exemple : un 
  enfant se lance dans l'écriture d'un documentaire. Lors de la correction, je 
  me rends compte qu'il ne parvient pas à choisir correctement entre 'é' et 
  'er'. Je lui dis de faire un exercice d'orthographe associé pour essayer de 
  comprendre comment ça marche. Cette activité s'inscrit alors dans son projet. 
  Dans ce cas, j'ai très rarement besoin d'expliquer comment ça marche (du moins 
  en fin d'année) car l'entraide est alors largement suffisant. Bref, cette 
  activité décrochée d'orthographe associé à un projet d'écriture ressemble 
  fortement à ce qui est préconisé par l'IUFM et les méthodes actives. 
  
   
  RL: Je me retrouve tout à fait 
  dans ce que tu décris. J'ai moi aussi souvent fonctionné à partir des projets 
  des élèves (ou ceux que je leur insufflais) et j'essayais de leur programmer 
  des exercices d'entrainement sur tel ou tel difficultés rencontrées. Mais ce 
  que je ne réussissais pas :
  - comment suivre tous les 
  apprentissages effectués ? L'année prochaine je compte utiliser Bingo et le 
  temps de brevet pour imposer ? de passer le brevet dans les difficultés mis au 
  plan de travail ;
  - la répartition des activités 
  (type et nombre)
  - J'ai eu trop souvent 
  tendance à donner les réponses sans imposer le travail nécessaire 
  d'entrainement-mémorisation -qui je pense- reste indispensable pour rendre 
  efficaces (efficients) les apprentissages.
  - comment ne pas 
  - la gestion des temps de 
  projets au milieu des temps d'apprentissages de l'emploi du temps du maître, 
  la diversité des niveaux, le programme...
   
  La différence, essentielle pour moi et pour quelques 
  collègues avec qui on a écrit le texte "les 3types" (et pour lequel il n'y a 
  eu toujours aucune réaction sur la liste, sniff :-(  ), c'est que le 
  projet est déclenché par l'enfant. L'enfant s'engage, et l'instit l'aide à 
  aller au plus loin et surtout à mener à terme son projet. Bref, c'est comme à 
  la maison lorsque les enfants sont nombreux et lorsque nous prenons le temps 
  d'être avec eux :
  - si on leur demande de faire une activité (y compris 
  un jeu), ils ne veulent pas ; ça ne marche donc pas.
  - si on leur demande de faire une activité avec nous, ça 
  marche pour qelques uns mais pas pour tout le monde
  - si on s'intéresse à ce que chacun fait, et qu'on les aide 
  à aller plus loin, ça marche. Ca marche si bien d'ailleurs que les uns 
  profitent des activités des autres, et que l'entraide devient naturelle. 
  
  RL : 
  Bien d'accord. 
  Ce que je me fixe comme 
  objectifs ou lignes directrices :
  - laisser une plus grande 
  place aux projets (ind et collectif) et un meilleur accompagnement : outils, 
  suivi, ...
  - poursuivre la pratique des 
  ateliers/marché de connaissance, pour l'entraide, piloter avec Bingo pour 
  le suivi et la valorisation.
   
  C'est pourquoi l'école est bel et bien une maison éducative 
  : environnement riche et présence de l'adulte pour les 
aider.
  Il me semble que plus l'environnement est riche et plus 
  l'hétérogénéité des enfants est grande, moins la présence de l'adulte est 
  nécessaire car les tâches décrites ci-dessus faîtes par l'instit sont faîtes 
  par les enfants eux-mêmes.
   
  Le rôle pédagogique de l'instit va constituer à 
  proposer des activités diverses et variées à partir du projet de l'enfant de 
  sorte qu'il puisse développer tous les langages et entreprendre donc des 
  activités dans des domaines que l'enfant aurait tendance à écarter. Si 
  l'enfant voit un intérêt à s'y confronter via son projet, il entreprendra 
  l'activité e

[3type] Re: [3type] L'école du 3ème type

2005-06-22 Par sujet Bernard Collot



- Original Message - 

  From: 
  Philippe Ruelen 
  To: 3type@marelle.org 
  Sent: Wednesday, June 22, 2005 12:06 
  PM
  Subject: [3type] L'école du 3ème 
  type
  Remarque : Dans l'Ain, y a une seule école à étiquette : il 
  s'agit d'une école Montessori vers Belley. Quelques collègues l'ont visité et 
  il semblerait que leur fonctionnement ressemble beaucoup à l'école du 3ème 
  type. Vous avez des infos sur les écoles Montessori ?
BC : apparemment l'école de Belley (Champagne en 
Valromey) est répertoriée par l'association des écoles Montessori. 

Je n'ai jamais entendu dire, contrairement à des écoles se 
référant à Steiner, qu'une école se déclarant Montessori soit liée à une secte. 
Je n'ai jamais entendu parler d'un instit de l'enseignement public se référer à 
Montessori (alors qu'il y a des instits publics qui se réfèrent à Steiner... et 
ils est apparu qu'un certain nombre avaient justemnt des liens prêtant à 
interrogation avec des mouvements prêtant à confusion). Il me semble que la 
plupart des écoles s'affichant "Montessori" sont des écoles privées non 
confessionnelles (sous contrat). Les éducateurs doivent avoir un diplome 
"association montessiori international" (AMI). Le matériel utilisé doit être 
agréé par l'AMI ("- Aucun autre matériel ne sera mélangé avec le matériel 
Montessori"). Bon, mais Maria était Suisse !
J'avais à une époque et je ne me souviens plus pour quel 
événement contacté la directrice de AMI France. Il ne me semble pas l'avoir 
trouvé très ouverte, AMI me semblant assez replié sur elle-même, mais c'était il 
y a longtemps et je n'avais pas insisté plus que ça.


[3type] Re: [3type] L'école du 3ème type

2005-06-22 Par sujet Bernard Collot



- Original Message - 

  From: 
  Philippe Ruelen 
  To: 3type@marelle.org 
  Sent: Wednesday, June 22, 2005 12:06 
  PM
  Subject: [3type] L'école du 3ème 
  type
  
  A quelques jours de la fin de cette année scolaire, je me 
  dis, qu'au final, l'école du 3ème type, c'est quelque chose de simple 
  finalement même si, on passe par des détours un peu compliqué parfois pour 
  faire simple.
(...) c'est que le projet est déclenché par l'enfant 
(...)
BC : Je ne dirai pas qu'il est déclenché mais 
qu'il émane. Ce qui est déclenché c'est la réalisation du projet. Ce n'est que 
du vocabulaire mais il y a souvent distinction entre émanation du 
projet (qui peut être le maître ou fortement induit par le maître) 
et décision de réaliser le projet.  
Tout tourne bien autour de cette clef du projet. 
Il y a un relatif accord général, mais cette clef ne me semble pas encore 
totalement éclaircie, tant sur la nature du projet permis (projets corrects et 
projets incorrects), ce qui en favorise l'émergence, la façon dont n'importe 
quel projet va produire des langages (et leur construction), l'inclusion des 
projets individuels dans un collectif, l'influence des projets sur 
l'auto-organisation, en particulier quand ils se transforment en activité 
(réalisation du projet), ce qui permet de mener à bien les projets (en 
particulier lorsqu'ils sont incorrects !), etc. etc. (voir même sur la nature 
philosophique même de ce qu'est un projet (en dehors de celui de respirer !)... 
l'homme n'est peut-être fait que de projets et non de langages !). Faire 
l'imbécile est un projet suivi de son exécution immédiate ! Il y a donc aussi le 
problème du décalage du temps entre projet et réalisation, le problème du 
décalage entre nombre de projets (continu et illimité !) et les réalisations 
(limitées en nombre, différentes en temps, investissement...) etc.
A la lecture de l'ensemble des messages 
produits, c'est ce qui me semble poser quasiment le seul problème ou tout au 
moins que tous les autres problèmes en dépendent. C'est aussi sur ce point que 
l'école du 3ème type heurte, voire agresse (et elle agresse effectivement les 
représentations). La difficulté est-elle le problème de représentation (problème 
théorique) ou de mise en oeuvre (problème pratique) ?
Il me semble que dans la recherche, ce thème 
devrait être constamment en premier ou arrière plan, quoiqu'il en résulte, son 
investigation ne peut qu'aboutir à une amélioration de la cohérence et de la 
clarté des pratiques (quel que soit alors le sens des pratiques). Et puis je ne 
peux m'empêcher de suggérer que son investigation débouche aussi sur d'autres 
perspectives comme la démocratie !
Et au passage je voulais dire que j'ai jubilé en 
lisant le message de Corinne : elle est en train de faire une remarquable 
démonstration de "comment démarrer" ! C'est magnifique : "taisez-vous 15 
minutes" ! Quoi de plus simple à proposer à tout le monde (en rajoutant "et 
écoutez") ! Et il y a déjà une cascade de conséquences ! Finalement la pédagogie 
c'est pas compliqué !