Très intéressant le processus qui aboutit à :" Les ateliers n’interviennent plus comme des supports à activités décontextualisées mais comme des sources d’outils aidant à la réalisation de projets personnels :..." .
Mais j'ai envie de te  titiller (c'est une infirmité chez moi !) : qu'est-ce que tu mets (ou qu'est-ce que vous mettez) derrière le terme "apprentissages" ? Ce n'est pas une question piège, même si elle est devenue évidente quand il a été question : "Par exemple pour l’apprentissage de la grammaire ou de la conjugaison,...". Il me semble qu'en tournant autour de cela ("apprenrissage") cela pourrait s'éclairer encore plus. Surtout que les autres larrons et larronnes de la liste doivent bien aussi de temps en temps se servir de ce mot ou s'interroger à sopn propos, ou s'inquiéter à son propos... les parents aussi l'utilisent et s'en inquiètent, mais moins sous sa forme de substantif que sous sa forme verbale (apprendre). Ce n'est bien sûr pas que de la syntaxe !
----- Original Message -----
To: 3type
Sent: Wednesday, December 14, 2005 3:12 PM
Subject: [3type] Ateliers permanents

Bonjour à tous,
 
Comme ça doit être le froid qui anesthésie la liste et comme à Montpellier il fait toujours chaud, je vous envoie un compte-rendu de la réunion d'hier soir sur les ateliers permanents. Cette discussion s'est menée dans le cadre de la rencontre mensuelle du groupe de l'ICEM34.
 
Coopérativement
 
Sylvain
 
Les ateliers permanents
 

Le principe d’ateliers permanents est de réserver un emplacement de la classe pour une activité précise, autour d’un matériel spécifique.

 

            Plusieurs difficultés sont rencontrées dans la mise en place de ces ateliers permanents :

            Certains enfants naviguent d’ateliers en ateliers sans approfondir ou terminer leur activité : c’est ce qu’on peut appeler l’effet zapping.

Qu’apprennent les enfants en répétant des activités sans souci d’évolution ?

Les enfants restent dans une béatitude (C’est super ce que tu fais), sans renchérissement sur le produit réalisé. Ils pataugent dans la zone proximale de sous-développement. Les ateliers permanents ne sont-ils pas des niches pour ceux qui veulent en faire le moins?

On ne mesure pas ce qui se passe dans leur tête, on ne contrôle pratiquement rien..

Les enfants qui viennent à l’école peuvent-ils le faire tous seuls ?

 

Il semble y avoir confusion entre atelier et travail individualisé : les ateliers permanents correspondent plus à une forme d’activité qu’à une modalité d’organisation du travail. Bien que la participation à un atelier ne puisse s’envisager de manière collective, tout ce qui est du ressort du travail individualisé ne se traduit pas nécessairement au sein d’un atelier.

 

L’organisation d’ateliers permanents dans une classe, bien que dépassant la seule intention occupationnelle, s’appuie sur une conception particulière de l’acte d’apprendre : apprendre ne se définit plus seulement sur la médiation de l’adulte mais dépend également des connexions qui se créent ou s’intensifient lorsque l’enfant en activité fait fonctionner son intellect.

Les ateliers permanents ne peuvent pas être un créneau dans la journée, d’une part parce que cela réduirait le caractère de permanence de ces ateliers, d’autre part parce que cela engendre une rupture trop nette dans la dynamique de travail des enfants : les poursuites et suivis des projets deviennent plus difficiles, ce qui pourrait entraîner les phénomènes de zapping dont nous parlions avant.

Ce qui a pu permettre un fonctionnement en ateliers permanents différent des plages horaires prévues à cet effet est le caractère prioritaire de la prise en compte de l’information entrant dans la classe. Les ateliers n’interviennent plus comme des supports à activités décontextualisées mais comme des sources d’outils aidant à la réalisation de projets personnels : on ne se rend plus en atelier parce que c’est le moment mais plutôt parce que s’y trouve un outil qui va m’aider à écrire mon texte, décorer mon affiche, compléter mes recherches …

Il a été observé que ce sont souvent les enfants que l’on « pousse » le moins qui réussissent le plus et à contrario ceux que l’on contraint le plus qui ne mobilisent qu’une part très restreinte de leurs capacités. Cette idée rappelle quelque peu le témoignage de Neill avec des enfants qui n’ayant pas mis le pied dans la salle de classe sur plusieurs années se mettent un beau jour à rattraper leur retard avec fulgurance. Il est à noter que le temps d’apprentissages dont disposaient ces enfants et leurs responsables adultes est souvent bien plus conséquent que celui que l’on nous permet.

Néanmoins, cette observation confère bien aux ateliers permanents dans une classe une place forte quant aux apprentissages qu’ils vont susciter. La nature de ces apprentissages dépendra bien évidemment de la nature des outils mis à disposition et entretenus par l’enseignant.

Si ce que l’on recherche est donc l’activité de l’enfant, il apparaît pédagogiquement opportun de tenter d’adopter la stratégie de s’intéresser en priorité aux enfants qui sont en activité, quitte à donner moins de temps à ceux qui ne le sont pas encore. Outre le caractère de médiatisation des efforts fournis par certains, cela dynamise les projets en cours de réalisation parce que cette aide contribue à débloquer les résistances et à orienter les recherches vers davantage de richesse.

Par exemple pour l’apprentissage de la grammaire ou de la conjugaison, cette stratégie peut s’illustrer par une information de mise à disposition de l’enseignant pendant une période définie, ce qui diffère profondément d’une coercition faite à des enfants qui rechignent à s’entraîner dans ces domaines.

 

Terminons ce CR par la phrase de Pierre : « On travaille souvent dans le coup de pied au cul », pas celui de l’enseignant mais celui que l’on se donne pour réussir les défis que l’on s’est donnés ou respecter les contraintes qui nous sont extérieures.

 


 
 
Sylvain CONNAC
Ecole coopérative Antoine BALARD
123, rue de Salamanque
34 080 MONTPELLIER
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