J'ajoute aussi que nombre de résidents n'ont même pas conscience que les lieux qu'ils viennent habiter ont un nom. Les rendre visible leur permet de se les réapproprier, et même de les afficher eux-mêmes sur leurs propriétés, avec le bénéfice que ces noms sont déjà officialisés donc déjà présents sur certaines cartes (le cadastre en est une, il est très consulté mais pas facile à utiliser sauf par les professionnels). Ils vont améliorer leur propre adressage sur des routes peu ou mal balisées, ils peuvent se situer facilement. Le voisinage connait les noms et peut aussi aider au repérage.
Que les noms ne soient pas ou plus affichés et souvent par manque de moyens ou d'intérêts des communes, la poste ayant déjà abandonné l'idée de livrer toutes les adresses et militant pour le regroupement des boites à lettre, elle a en fait beaucoup moins besoin des numéros dans le milieu rural. La poste aussi a du mal à recruter des saisonniers, les services de livraison peinent à trouver les adresses alors qu'un nom sur une carte sera facile pour eux à repérer (les pseudos-numéros qu'on trouve par endroit 5000 et supérieur ne sont pas si pratiques que ça et en fait même pas pratiques pour les résidents, alors qu'un nom officiel est facile à indiquer sur une adresse et la densité des toponymes de lieux-dits est largemetnt suffisante la plupart du temps à 50 mètres près (insuffisant en milieu urbain). Ils seront tout autant intéressés si en plus on balise les obstacles, haies, petits bois, clotures solides, et petit le patrimoine local (dont les croix, puits, anciens corps de ferme, fossés, ruisseaux: tout ça se voit et facilite le repérage du lieu-dit une fois sur place, et signale souvent des dangers d'approche ou une modification de la vitesse pour tenir compte des virages sur les petites routes avec la visibilité réelle; dans nombre d'endroits on troujve encore des routes tracées en ligne droite alors qu'il y a des séries de petits virage et des chemins d'exploitation). Les promeneurs y trouvent un intérêt aussi pour ne pas traverser les champs de culture mais savoir qu'un chemin aboutit quelque part dans un lieu intéressant : petits bois, ruisseaux... Les chasseurs aussi s'y intéressent, comme ceux qui veillent sur les espèces sauvages et cherchent des microhabitats. Cartographier ce détail permet ensuite à une asso locale d'identifier des circuits de promenade et les valoriser (restauration de chemins, dégagement des ruisseaux, dépollution, pancartes, restauration de la roulabilité pour les cyclistes...) Ces lieux-dits les trouve couramment dans les décisions municipales, publiées dans les bulletins municipaux quand une mairie invite les habitants concernés dans certaines zones d'aménagement à venir s'informer et commenter les enquêtes publiques. Des assos se mettent à les utiliser, vont mieux pouvoir détailler leurs propres cartes, situer plus efficacement les événements ruraux qu'ils organisent, grace à une carte libre et facilement accessible à tous. Les archives regorgent de déciusions passées difficiles à comprendre si on a perdu la toponymie. Même la présence d'un ancien bâtiment démoli peut indiquer une possible zone de pollution qui pourrait expliquer plus tard la pollution de l'eau des sources. Les communes recherchent partout (et de plus en plus) des sources d'eau propre car le traitement coûte cher : les vieux puits sont aussi intéressants, ils permettent de mieux évaluer la ressource globale en eau et son évolution avec le temps et les usages. Les toponymes sont aussi une richesse commune pour plein d'activités artisanales qui peuvent se nommer de façon riche au lieu de se contenter des "brands" de franchises ou des noms changeants de propriétaires. Les communes qui redécouvrent leur toponymie vont les ranimer pour nommer des rues, des routes de façon plus appropriée et bien plus simple que "chemin rural numéro 6 de la voie communale 2 au lieu-dit XYZ". Et les résidents sauront aussi qu'un nom qu'ils voudraient donner à leur résidence n'existe pas déjà ailleurs sur la commune ou dans une commune proche : souvent ils n'ont même pas besoin d'inventer un nom "bâteau". En fait on n'a pas trop de lieux-dits, il en manque encore beaucoup même pour le cadastre (qui ne contient que ceux qui ont fait objet de décisions municipales depuis en gros les années 1950. Il reste des noms datant d'avant mais la tradition était orale et très imprécise car on n'avait pas les outils d'aujourd'hui (mais aussi la densité de population ou d'occupation du terrain était souvent très différente d'aujourd'hui). Le remembrement agricole des années 1960-1970 est fini, on revient en arrière dans plein d'endroit car on s'est rendu compte des dégâts liés à la disparition des haies et au lessivage des sols (de plus on sait maintenant faire de l'agriculture efficace sans nécessairement recourir aux épandages massifs sur des grandes surfaces, l'agriculture comemnce aussi à se redévelopper dans les villes elles-mêmes) : le modèle agricole intensif n'est plus aussi rentable et engendre des coûts non maîtrisés et accumule des risques aux conséquences plus sérieuses à plus grande échelle. On redécouvre le bénéfice des zones humides même pour la protection des zones urbaines. Le monde rural est un trésor, mais il n'appartient plus aux seuls paysans ni même aux seuls résidents locaux, son intérêt s'est élargi à des zones plus grandes incluant les villes proches. Mais la transmission orale s'est perdue : aujourd'hui même dans les compagnes on utilise la communication électronique, et les moyens de transport publics se sont aussi développés et densifiés (et on en aura de plus en plus puisque les villes se mettent à mettre fin à l'ère de la voiture : il y a plus de place pour les piétons, les cyclistes, et sinon pour les services de livraison et services à domicile qui eux demandent une base d'adresse bien plus riche que les communes ne peuvent s'offrir et équiper en conséquence : l'outil c'est moins les panneaux visibles que les cartes numérisées d'autant plus que le GPS s'est aussi généralisé pour se situer automatiquement sur une carte, mais on doit aller au delà pour permettre de mailler le territoire jusqu'au dernier kilomètre, même par les petites routes et les chemins ruraux ; c'est aussi une préoccupation maintenant en terme de sécurité publique de savoir qu'aucune zone n'est inaccessible mais qu'on n'est pas obligé non plus de construire de nouvelles routes d'asphalte et cela sert en cas de crues, de tempêtes de chutes d'arbres, de glissements de terrains et effondrements rocheux, avalanches... Cela sert aussi au monde agricole lui-même pour le cheminement du bétail ou pour créer des bassins de retenue là où existait avant un ruisseau imprudemment comblé par un drainage excessif vers des fossés insuffisants) Après cela on peut aussi faire des arbitrages et des concertations locales mieux comprises : les municipalités ne décident plus seules, les assos sont nombreuses. Il y a un vrai regain aujourd'hui pour l'intérêt du monde rural qui n'a jamais été aussi près des villes et leurs habitants et les activités sont aujourd'hui bien plus diverses que la seule paysannerie (même les paysans ont maintenant plusieurs activités). Le mar. 28 août 2018 à 22:33, Gwenaël Jouvin <gwenael.jou...@laposte.net> a écrit : > Je rejoins les derniers messages de mes camarades et, pour illustrer leurs > réflexions, vous invite à regarder la carte de la commune de la > Chaise-Baudouin : > https://www.openstreetmap.org/relation/1014724 > >
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