Le 2013-03-14 10:59, Netmaxd a écrit :
Là ou j'ai un mauvais présentiment c'est au niveau la gratuité de la distribution Ubuntu. Étant une compagnie, leur distribution deviendras t'elle payante à un moment ou l'autre ?

Pour autant que je sache, et j'apprécierais qu'on me corrige si je me trompe, la totalité du code source de la distribution Ubuntu est ouvert (= accessible) et même libre (= on peut en faire l'usage qu'on veut, en respectant les auteurs).

Donc, si cette distribution devenait payante, que se passerait-il ? Il faudrait déjà se poser le question de comment cela pourrait-il devenir payant tout en gardant le code libre. Un code libre veut dire par essence qu'on est libre de l'exécuter, le copier, l'étudier, le modifier, l'améliorer et le redistribuer. L'exécuter impliquant la possibilité d'utiliser le logiciel.

Donc comment cela pourrait-il devenir payant ? Si Canonical décidait par exemple d'ajouter du code qui vérifierait que l'utilisateur a bien payé une licence d'utilisation avant de pouvoir utiliser Ubuntu, nous pourrions modifier ce code pour que ce test ne soit plus fait, puisque du code libre nous en donne le droit !

De mon point de vue, la seule façon de pouvoir rendre Ubuntu payante, serait de réduire la liberté du code. C'est à dire, par exemple, d'utiliser une licence ouverte mais pas libre, qui autoriserait à la rigueur de lire le code mais pas de le modifier. À partir de là une modification de notre part pour supprimer le test de licence deviendrait illégale et serait passible de poursuite en justice.

Si on devait en arriver là, je verrais 2 réaction classiques possibles :
- la communauté (ou une grande partie) s'opposerait à cette décision et créerait une dérive (fork) à partir de la dernière version libre qu'elle devrait alors maintenir entièrement elle-même avec des moyens autres que ceux de Canonical ; c'est ce qu'on a pu voir par exemple avec LibreOffice qui s'est fondée avec le départ d'une partie des développeurs de OpenOffice qui ne supportaient plus les choix de Sun puis de Oracle ; - la communauté (ou une grande partie) abandonnerait totalement l'idée de continuer avec Ubuntu et se retournerait vers autre chose, typiquement ici Debian (cf plus bas).

Le ''gratuit'' est un atout majeur au yeux des consommateurs.
Je dis cela car récemment j'ai un ami à qui j'ai fait connaitre Ubuntu, et après quelque jours d'utilisation sur son pc, sa première remarque fut de me dire ''..quel bonheur de ne pas être obliger de payer pour avoir quelque chose..''. Et ce n'est pas la première fois que j'ai cette remarque.

À ces utilisateurs il faudrait expliquer que rien n'est réellement gratuit… mais qu'en revanche le coût n'est pas toujours (directement) financier !

Ces utilisateurs qui apprécient la gratuité des logiciels libres, et j'en fais partie, devraient aussi comprendre que leur participation est ce qui permettra de la maintenir. Il faut bien noter qu'il n'est pas nécessaire d'être développeur ni même d'avoir des affinités pour la technique pour participer. Le simple fait de rapporter un problème logiciel, ou de proposer une correction dans une documentation, ou encore de participer à une traduction, sont aussi des façons de participer hautement appréciées.

Mais bon, comme plusieurs diront, si ce moment arrive ont pourras changer de distribution.

Il y a une chose intéressante à remarquer sur le cas précis de Ubuntu.

Mark Shuttleworth a eu l'idée géniale de monter Ubuntu à partir de Debian, en travaillant sur l'amélioration de la partie visible de l'iceberg : l'interface utilisateur. Et cette idée a été lancé dans un contexte ou le système GNU/Linux commençait à être sérieusement stable et où l'offre en logiciels libres était déjà assez sérieuse pour pouvoir même remettre en question le choix d'un système privatif (et payant de surcroît) !

Mais, contrairement a ce qui se passe avec beaucoup d'autres distributions, il a aussi organisé les choses pour que le travail fait sur Ubuntu soit redonné à Debian en retour, cf https://wiki.ubuntu.com/Ubuntu/ForDebianDevelopers

Autrement dit : Ubuntu profite de Debian, mais Debian en profite aussi en retour ! C'est ici un bel exemple de participation, qui n'est certainement pas gratuite sur le fond, mais qui au final est au bénéfice total des utilisateurs et même du logiciel libre en général.

Alors, oui, on pourra dire du mal de Canonical, n'empêche qu'il me semble que c'est grâce à cette compagnie que le logiciel libre commence à être sérieusement connu du grand public, grâce à elle qu'on en parle de plus en plus dans les médias, et je connais même un cas, pour l'avoir vécu et m'y être impliqué, où c'est grâce à elle qu'un pays (le Việt Nam) a pris la décision de passer au logiciels libres au niveau de toutes ses universités et ses administrations !

Si maintenant Canonical veut s'orienter vers les téléphones, la télévisions, et je ne sais quoi d'autre encore, personnellement je dirais « pourquoi pas. » Et si ce n'est pas 100% libre dès le début, je dirais que vouloir atteindre l'utopie commence par accepter de faire des concessions raisonnables… Une TV sous Ubuntu + truc proprios de Canonical sera toujours beaucoup plus libre qu'une TV actuelle => c'est un premier pas dans la bonne direction, comme celui que nous faisons en commençant par habituer nos utilisateurs aux logiciels libres sous Windows pour finalement les basculer totalement sous GNU/Linux ensuite !

J.C.

--
Jean Christophe ANDRÉ  —  Coordonnateur des infrastructures techniques
Agence universitaire de la Francophonie (AUF)  —   http://www.auf.org/
✉ : AUF, Case postale du Musée, C.P. 49714, Montréal, (Québec) H3T 2A5
℡ : +1 514 343 6630 #1568  ✦  ℻ : +1 514 343 2107
⎧Note personnelle: merci d'éviter de m'envoyer des fichiers Microsoft⎫
⎩Office, cf http://www.gnu.org/philosophy/no-word-attachments
-- 
Ubuntu-quebec mailing list
Ubuntu-quebec@lists.ubuntu.com
https://lists.ubuntu.com/mailman/listinfo/ubuntu-quebec

Répondre à