Y a des trucs qui me plaisent bien dans ton fonctionnement Sylvain.
Et, comme, dans ma classe, nous avons lâché le Plan de Travail
et que nous avons déjà évoqué une sorte de pense-bête, je pense que je
vais introduire quelques uns de tes concepts dans ce pense-bête que je
leur présenterai vendredi. Pour l'instant, on en a juste parlé, certains
ont fait le leur, d'autres pensent le faire (le pense-bête) et d'autres
attendent que j'en fasse un.
Bref, je vais programmer un rendez-vous vendredi que j'appellerai
"Présentation du pense-bête".
Les concepts que je vais retenir :
les enfants me proposent en début de semaine ce
qu'ils comptent réaliser.
je me demande comment tu peux tous les voir en début de semaine ;
ça doit être un peu long. Je vais donc étaler ces "rencontres" puisque
l'unité "la semaine" n'a finalement pas grand d'intérêt ; c'est la
durée qui importe ici. Je vais conserver la durée à savoir 4 jours ;
chaque jour, je verrai donc 1/4 des enfants avec leur pense-bête. Soyons
clair, cette proposition est ni plus ni moins qu'un contrât à la
différence près qu'ils participent activement à son élaboration. Ce
pourrait-être la partie "contrât" du pense-bête.
JC : Que vas-tu faire avec les enfants qui
n'auront pas fait la somme de travail que tu juges nécessaire
?
Ph : Je ne juge pas d'une certaine somme de
travail.
L'idée est que l'enfant planifie plusieurs
travaux et que je l'aide à prendre confiance en lui ; beaucoup d'enfants
pensent ne pas pouvoir comprendre tel truc ou passer tel brevet. Ce sera
l'occasion d'en parler.
JC : Si ta classe est composée d'ateliers
permanents, pourquoi planifier ?
Ph : Tu fais la même remarque qu'Hélène. Vous
avez raison. C'est pour ça que je lui ai répondu qu'au final, ce pense-bête devra être un véritable
pense-bête où l'on ne planifie pas à l'avance
JC : Le fait qu'un enfant est en activité
ne suffit-il pas ?
Ph : Peut-être pas ! pour éviter "effet
zapping"/"terminer ce sur quoi on s'est engagé"
En fonction de qui ils sont, de ce qu'ils
proposent, j'accepte ou demande une nouvelle proposition.
idée de personnalisation
JC : Il y a un vrai problème d'à priori à la
fois par rapport à l'enfant mais aussi par rapport à l'activité proposée
.
Ph : Exact, je vais m'en méfier et vais
commencer en douceur. Je vais accepter dans un premier temps toutes les
propositions. Je verrai ensuite comment je ferai pour quelques CE1 qui
délaissent un peu trop la lecture !
- Lorsqu'un travail est achevé, il est mis dans
la boîte "courrier à corriger." Quand j'ai un moment, je donne mon avis
et le dépose dans la boîte "courrier corrigé" qu'un facteur de classe
vide et répartit régulièrement.
Je fais déjà ça à la différence que les enfants ont dit récemment
qu'il n'y a pas besoin de "métier" puisque tout le monde peut
distribuer.
- Quand un enfant a besoin de mon aide et si je
suis occupé avec un autre, il dépose près de moi son "passeport" (un
bout de carton avec son prénom) et retourne poursuivre ses
travaux.
Ils utilisaient leur passeport mais depuis que j'ai viré mon
bureau (pdt vacances de Noël), on l'a oublié ! Je vais le réintroduire
car c'est vahcement pratique.
En fin de semaine, c'est le bilan.
Ce sera donc étalé pour nous.
JC : Le bilan d'une activité c'est la présentation
de la production à la classe et c'est ça qui crée l'émulation. A quoi
sert un bilan sinon à contrôler, ne perds-tu pas
du temps avec ça ?
L'essentiel c'est ce qui se passe et va se passer.
Ph : Pour moi, le bilan
servira uniquement à savoir si l'enfant passe en autonomie,
enaccompagnement ou sous la tutelle de ... Il correpondra donc à la
prise de connaissance pour moi de sa nouvelle proposition de travail du
nouveau pense-bête.
Bref, on verra ensemble -
l'enfant et moi - s'il a terminé ce sur quoi il s'est engagé ; j'en ai
un peu marre de devoir "surveiller" si les tâches sur lesquelles
certains enfants s'engagent - notamment celles devant le groupe - sont
réalisées.
JC : Si ces tâches se concrêtisent par un
brevet, il n'y a plus besoin de surveiller.
Ph : Répondre à un fax ou
s'engager pour un truc pour le journal ne se concrétise pas par un
brevet.
Si le plan de travail n'est pas réalisé, ils
sont en accompagnement et ne peuvent s'inscrire aux ateliers sans avoir
fait ce qui est prioritaire et s'il arrive encore que ce n'est toujours
pas effectué, ils passent "sous tutelle" d'un enfant ou de moi qui guide
l'enchaînement des activités.
Je vais prendre ce concept "En autonomie "En accompagnement" et
"sous tutelle" déterminé en fonction du "contrât"
Les concepts dont je me méfie et que je ne vais pas retenir
:
- Il doit y avoir au moins 1 texte libre, 1
création maths et 2 travaux de lecture.
- l'idée du minimum
J'ai déjà essayé, et ça m'a donné des trucs du genre :-( :
"j'ai fait mon écrit de la semaine !" ou "je ne vais pas faire tel
écrit, répondre à tel message ou autre, car j'ai déjà un écrit !"
Mon objectif dans le "contrât" est davantage qu'il s'engage dans
des activités qu'il aurait tendance à négliger que répondre à une
attente explicite. Le "contrât" doit davantage faire l'objet d'une
recherche sur ce qu'il est, ce sur quoi il doit progresser etc. Il me
semble qu'il n'y pas intérêt à imposer un travail de lecture si l'élève
est bon en lecture ou inversement qu'il y a autant d'intérêt à
imposer un travail en Arts Plastiques pour d'autres. Donc, rien pour moi
de systématique mais à voir cas par cas.
JC : L'idée du minimum plombe
les enfants qui ont du mal à le réaliser car ça ferme la porte des
ateliers.
Ph : Tout à fait d'accord. Ce
n'est pas la réalisation du minimum qui m'intéresse mais la capacité à
s'organiser en prenant en compte des perturbations quotidiennes
source d'apprentissage et des engagements pris.
Aujourd'hui, moi-même, j'ai
bien envie de faire certaines choses, mais je dois m'organiser pour
prendre en compte mes engagements.
Tu évoques dans un autre message
Au sujet des enfants qui ne font pas ce qu’ils ont
choisi (les messages Marelle par exemple), c’est une question qu’on se
pose actuellement. On vient d’essayer d’inscrire ces projets dans les
plans de travail mais on n’a pas d’effets à ce jour.
Ces projets doivent me semblent-ils être au coeur de leur
préoccupations. C'est plus important que l'enfant fasse ce sur quoi il
s'est engagé devant le groupe qu'une activité du "contrât". Cet
engagement devant le groupe devrait même être prioritaire par rapport au
"contrât". Du coup se pose le pb de la durée. La durée ne devrait-elle
pas alors pouvoir être extensible ?
Tiens, ça me fait penser à un truc du genre :
- un tableau général consigné dans le cahier de la classe (sur
lequel on notait au début les comptes rendus des réunions et sur lequel
on note maintenant les choses à faire, bref le pense-bête de la classe)
avec la date d'échéance des pense-bêtes de chaque enfant.
Bref, bref, bref, si les autres tâches vont au fur et à mesure de
la vie de la classe se greffer au "contrât" sur leur pense-bête, le
terme "contrât" n'a plus raison d'être et le concept "En autonomie" "En
accompagnement" et "sous tutelle" ne doit pas être déterminé en fonction
de ce qui est prévu au départ.
Bon, je simplifie donc en ne faisant qu'une seule partie dans ce
pense-bête, et résume :
- lorsque l'enfant reçoit un nouveau pense-bête, il commence par
définir une série de tâches à faire qu'il me présente et que j'accepte
ou non
JC : Perte de spontanéité et de liberté. On ne
jouie de la liberté que si on la connait.
Ph : Exact. La série de tâches n'étant pas à
faire en premier, les enfants connaissent la liberté et peuvent "jouir"
des ateliers permanents. Par ailleurs, si l'enfant a un projet personnel
en arrivant dans la classe, il pourra bien sûr le réaliser. Il le
rajoutera sur son pense-bête et demandera en réunion du temps
supplémentaire pour son pense-bête car il a ajouté un
projet.
- Au fur et à mesure l'enfant ajoute des tâches sur ce
pense-bête ; ce peut être d'autres projets personnels qu'il n'avait
pas prévu au départ ou des tâches qu'il s'est engagé de faire devant le
groupe. Dans ce cas, il peut demander avoir un jour de plus pour
terminer son plan de travail (ça peut être marrant et stratégique!).
Ceci se passe lors de la réunion.
JC : Imagine un gamin qui n'a
pas fini son P.T., il passe devant un atelier où des gamins sont en
activité, ça l'intéresse et il y va.
Que fais-tu ?
Ph : Si je le vois ;-) et
s'il est sous ma tutelle, c'est moi qui jugerait en fonction de
l'atelier (complètement subjectif).
S'il est en accompagnement,
je fais semblant d'avoir oublié qu'il est en accompagnement. Son risque
est que s'il n'a pas terminé ce sur quoi il s'est engagé au bout de 4
jours, il risque de passer sous la tutelle.
S'il est en autonomie, je ne
fais rien bien sûr.
On démarre le pense-bête
demain pour 6 enfants, 6 autres mardi, 6 jeudi et 6 vendredi. Ils
commenceront bien sûr tous dans le "mode" ;-) EN AUTONOMIE.
JC Le pense-bête est un
subterfuge pour toujours avoir un oeil sur les gamins.
Ph : Je ne pense pas mais je
peux me tromper. Toujours est-il qu'avec un même outil, on peut faire
tout et son contraire. Il faut donc que je sois vigilent et te remercie
pour cet échange. Le pense-bête est un moyen me semble-t-il pour mener à
terme des projets, d'accompagner/encourager l'enfant et de l'aider
à s'organiser entre ses envies du jour et ses envies de la veille qui
sont devenus des contraintes du jour !
JC : OK
expérimente.